Le dollar s’est nettement renforcé après la publication des indices d’inflation aux Etats-Unis, indices qui indiquent clairement que la FED augmentera ses taux l’année prochaine et donc bien avant la BCE.
Le dollar surfe sur l’inflation
Le dollar s’est nettement renforcé après la publication des indices d’inflation aux Etats-Unis, indices qui indiquent clairement que la FED augmentera ses taux l’année prochaine et donc bien avant la BCE.
Hausse du dollar
Le dollar s’est renforcé par rapport à l’euro en passant en dessous des 1.15, mais il s’est renforcé par rapport à la majorité des devises comme le montre le graphique qui illustre son évolution par rapport à un panier de devises.
En cause donc, la plus forte hausse qu’attendu de l’inflation avec un CPI qui a progressé de 0.9% d’un mois à l’autre, soit un taux annuel de 6.2% contre 5.4% en septembre, soit le niveau le plus élevé depuis novembre 1990. Si l’on exclut les éléments volatiles, le Core CPI a progressé de 0.6% d’un mois à l’autre, soit un taux annuel qui est passé de 4% à 4.6%, soit son niveau le plus élevé depuis août 1991.
Si l’on analyse plus en détail les chiffres et comme l’illustre le graphique, trois postes représentant 46% de l’indice des prix expliquent 71% de l’inflation. Il s’agit de l’énergie, des véhicules neufs et d’occasion et du logement. Le dernier est probablement le poste qui a le plus de persistance car il est lié à l’évolution du prix, toujours à la hausse, de l’immobilier américain. Par contre, l’effet de la hausse de l’énergie devrait s’estomper l’année prochaine, et même s’il faudra du temps, quand la pénurie de semi-conducteurs sera terminée, le secteur automobile pourra reprendre un rythme de production normal.
Même donc si le chiffre d’inflation est historiquement élevé, il a certes entrainé une hausse des taux aux Etats-Unis, en particulier celui à deux ans repris sur le graphique, mais cette hausse est encore très limitée car la FED ne prendra pas le risque de remonter trop brutalement ses taux alors que certains facteurs sont temporaires. Par contre, comme le différentiel de taux entre les taux américains et allemands à 2 ans s’est renforcé comme le montre le graphique du bas, cela explique la hausse du dollar.
Ah oui, le dollar s’est aussi renforcé par rapport à la livre turque, tient donc quelle surprise !, comme le montre le graphique, sur des perspectives d’une nouvelle baisse de taux la semaine prochaine.
Hausse de taux
Par contre, la Banque centrale du Mexique a augmenté de 0.25% son taux directeur pour le porter à 5% compte tenu du niveau de 6.24% atteint pour l’inflation en octobre. Cette hausse de l’inflation est aussi considérée comme en partie transitoire par la Banque centrale mais l’horizon étant inconnu, elle préfère par précaution ajuster ses taux.
Elle rejoint en cela la Banque centrale du Brésil qui a déjà largement augmenté ses taux, et la Banque centrale du Pérou qui a aussi procédé à une hausse de son taux directeur en le faisant passer de 1.5% à 2%.
De la reprise à l’expansion
Tel est le titre des nouvelles prévisions de la Commission européenne, tout en rajoutant « malgré les turbulences ».
Malgré ces dernières, la Commission souligne que la reprise est plus rapide que prévu et compte tenu de cela, elle table sur une croissance de 5% pour l’UE et la zone euro en 2021, de 4.3% en 2022 pour les deux, et de 2.5% pour l’UE et de 2.4% pour la zone euro en 2023. En précisant cependant que « ces perspectives dépendent fortement de deux facteurs: l’évolution de la pandémie de COVID-19 et le rythme auquel l’offre s’adapte au redressement rapide de la demande après la réouverture de l’économie ».
A propos de l’évolution de la pandémie, les chiffres ne sont pas bons en Europe, c’est le moins que l’on puisse dire et nous les prenons comme un boomerang et sommes un peu sonnés en particulier en Allemagne et aux Pays-Bas. J’ai repris dans le graphique les taux de vaccination (deuxième dose) dans l’UE, qui montre les disparités d’un pays à l’autre.
Pour revenir aux prévisions de la Commission, elle a mis en avant la nette amélioration du marché de l’emploi, et le côté temporaire de la hausse de l’inflation, ce qui fait qu’elle table sur un taux d’inflation de 2.4% cette année en zone euro, de 2.2% en 2022 et de 1.4% en 2023.
Pour la Belgique, elle table sur une croissance de 6% cette année, de 2.6% en 2022 et de 1.9% en 2023, avec une inflation respectivement à 2.7%, 2.3% et 1.6%. Ces derniers chiffres sont cependant très différents de ceux donnés par le Bureau du Plan cette semaine, qui table sur un taux de 2.3% cette année et de 3.3% l’année prochaine.
En retard
Il est moins question de reprise rapide pour la Grande-Bretagne après la publication du chiffre du PIB au troisième trimestre. Ce dernier n’a progressé que de 1.3%, ce qui situe donc l’économie britannique à un niveau inférieur de 2,1% à ce qu’elle était à la fin de 2019, un déficit plus important que l’Allemagne, l’Italie ou la France.
Ces chiffres mettent en doute les prévisions du FMI qui tablait sur une croissance de 6.8% cette année et on serait plutôt enclin de suivre les prévisions de la Commission européenne qui table sur un taux de 4.8% pour cette année et de 1.7% en 2023.