Grosse déception pour les chiffres du chômage aux Etats-Unis, qui ont démontré que le chemin sera long ….
Les distorsions du marché de l’emploi US
Grosse déception pour les chiffres du chômage aux Etats-Unis, qui ont démontré que le chemin sera long et que la FED a raison d’être prudente.
Déception
Ce n’est pas sans raison que le titre de mon billet de vendredi était « pourquoi faut-il être prudent avec les chiffres du chômage ? ». Car derrière un chiffre décevant ou pas se cache des distorsions qui faussent l’interprétation.
Le taux de chômage au lieu de baisser est passé de 6% à 6.1%, et les créations d’emploi n’ont été que de 266.000 et pire, le chiffre du mois précédent a été revu à la baisse à 770.000 contre 916.000.
Derrière ce chiffre, il faut pointer la chute des emplois temporaires, ce qui est en soi plutôt une bonne nouvelle, et une baisse de l’emploi dans l’industrie manufacturière et le commerce de détail, ce qui a déclenché un débat animé sur la générosité des allocations de chômage. Avec un supplément de 300 $, les allocations de chômage sont plus généreuses que les salaires minimum, ce qui n’incite pas les gens à chercher du travail.
A côté de cela, il faut rajouter les facteurs que j’évoquais vendredi qui ont été un sérieux frein à postuler pour certains.
Dans le détail, le plus gros des emplois a été créé dans les loisirs et l’hôtellerie avec 331.000 créations, alors que l’industrie en a détruit dont 27.000 rien que chez les constructeurs automobiles à cause des pénuries de semi-conducteurs.
La route vers le plein emploi sera donc longue et la FED ne va pas changer de politique pendant un moment, ce qui a provoqué dans un premier temps une baisse des taux longs aux Etats-Unis, mais temporaire, et surtout un recul du dollar (voir graphique par rapport à un panier de devises).
Par contre la perspective de voir la FED maintenir sa politique monétaire ultra accommodante a entrainé une hausse de la bourse américaine et en particulier les valeurs technologiques.
Cyberattaque
Décidemment aucun secteur n’est à l’abri comme le prouve la cyberattaque qui a contraint le plus grand opérateur américain de pipelines de carburant à fermer un réseau alimentant les États de l’Est, attaque par ransomware.
La situation pourrait paraitre anecdotique si elle ne révélait pas la fragilité du système d’approvisionnement et n’avait pas provoqué une hausse du prix du baril et une hausse de 2% du prix de l’essence aux Etats-Unis.
Et si cette situation devait perdurer, elle entrainerait une flambée du prix à la pompe juste avant la saison estivale ce qui pourrait évidemment peser sur la consommation des ménages américains.
Forte reprise de la consommation
La conjonction de la levée des mesures de restriction et des mesures de soutien du gouvernement en faveur de l’emploi a entrainé une forte hausse du chiffre d’affaires des détaillants en Australie.
Par ailleurs, l’indice NAB de la National Australia Bank sur la conjoncture économique a bondi de 8 points pour atteindre le niveau record de +32 en avril. « Les résultats de l’enquête d’avril sont tout simplement stupéfiants, de nombreuses variables atteignant des sommets », a déclaré Alan Oster, économiste en chef de la NAB.
Autre signe de cette forte reprise, l’utilisation des capacités industrielles a atteint le niveau de 85,3 % en avril, contre 82,5 % en mars, taux proche de la surchauffe.
Mais pour revenir à la hausse du chiffre d’affaires des détaillants, c’est surtout celui des restaurants et cafés qui a fortement progressé, et il semblerait que les consommateurs aient déplacé leurs dépenses des biens vers les services, ce qui pourrait marquer finalement une hausse de la consommation moins importante que prévu.
Cela pose la question qui interpelle, comment la levée des mesures de confinement va-t-elle être vécue par le consommateur ? Va-t-il privilégier les services et délaisser les biens ou augmenter la consommation des deux ? Comme l’Australie est en avance par rapport aux autres pays, il est intéressant d’observer ce qui s’y passe.