Sous les feux de la Bourse, l’économie brûle en silence

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Il y a trois jours, je titrais « petit rallye boursier avant les vacances ? », et je ne pouvais pas mieux dire avec les niveaux records atteints pour les indices américains hier soir.

Mode Lungo

Il y a trois jours, je titrais « petit rallye boursier avant les vacances ? », et je ne pouvais pas mieux dire avec les niveaux records atteints pour les indices américains hier soir.

Petit rallye

Ce dernier se confirme ce matin, avec un indice Nikkei qui repasse au-dessus des 40.000 points pour la première fois depuis cinq mois et des futures en Europe en hausse de 0,50%.

L’élément déclencheur a bien évidemment été le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël avec en toile de fond la chute du prix du baril.

Mais ce n’est pas la seule raison, cet optimisme s’explique aussi par le fait que Washington est parvenu à un accord avec Pékin sur la manière d’accélérer les expéditions de terres rares vers les États-Unis.

Et dernier élément, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré, hier, qu’il avait demandé aux républicains du Congrès de supprimer la proposition de taxe de rétorsion de la section 899 de leur projet de loi sur les impôts et les dépenses.

Petit rallye ne veut cependant pas dire euphorie excessive, et les écueils restent nombreux.

La tension entre Trump et Powell n’est pas retombée, et manifestement au sein de la FED on commence à observer une forme de schisme entre les partisans d’une baisse des taux en juillet, et ceux qui s’inquiètent des risques de hausse de l’inflation.

Parmi ceux-ci, le président de la FED de Richmond, Thomas Barkin, a déclaré « je pense que nous assisterons à une pression sur les prix », même si « à ce jour, ces augmentations (des droits de douane) n’ont eu que des effets modestes sur l’inflation mesurée, mais je m’attends à ce que la pression augmente ».

Et de conclure, « compte tenu de la vigueur de l’économie actuelle, nous avons le temps de suivre patiemment l’évolution de la situation et de permettre à la visibilité de s’améliorer ».

Parmi les indices à suivre, il sera, comme ses collègues, particulièrement attentif à la publication de l’indice Core PCE, indice phare de la FED pour l’inflation, attendu à 2,6% contre 2,5% en avril cet après-midi.

Même si les données ont été faussées par les anticipations de hausse des tarifs douaniers, les membres de la FED ont aussi pris connaissance de la révision négative des chiffres de croissance au premier trimestre.

En effet, le PIB a reculé, en taux annualisé, de 0,5% contre une première estimation de -0,2%, suite à une forte baisse des dépenses de consommation qui n’ont augmenté que de 0,5% au lieu de 1,2% estimées précédemment.

Ce recul du PIB est clairement lié à une explosion des importations au premier trimestre pour anticiper les hausses des tarifs douaniers, ce qui signifie qu’au deuxième trimestre elles se sont calmées.

Selon la FED d’Atlanta, le PIB devrait rebondir de 3,4% au deuxième trimestre, mais pour autant ce chiffre ne doit pas être interprété comme un rebond vigoureux de l’économie américaine, car totalement faussé par l’impact du recul des importations. Car les données sur les ventes au détail, le marché du logement et le marché du travail ont suggéré un ralentissement de l’activité économique.

Baisse de taux

La Banque centrale du Mexique a abaissé son taux de référence de 0,50%,  comme prévu, ce qui porte ce dernier à 8%, son plus bas niveau depuis août 2022.

Cette baisse intervient alors que l’inflation est restée, avec un taux de 4,51%, en dehors de la fourchette cible de la Banque centrale de 3 % plus ou moins un point de pourcentage.

Et même si elle a relevé ses prévisions pour cette année à 3,7 % contre 3,3 % précédemment, elle a maintenu son estimation d’un taux de 3 % au troisième trimestre de 2026.

Pour justifier sa décision, son communiqué souligne que la baisse des taux a été prise « en tenant compte du comportement du taux de change, de la faiblesse de l’activité économique et de l’impact possible des changements dans les politiques commerciales au niveau mondial ».

Elle pourrait encore baisser ses taux d’ici la fin de l’année, d’autant plus que le peso mexicain s’est renforcé par rapport au dollar, comme elle le souligne dans son communiqué.

Dépenses militaires

La décision des membres de l’OTAN d’augmenter les dépenses militaires à hauteur de 5% du PIB m’amène à formuler trois remarques.

D’abord se pose clairement la question de la capacité pour un certain nombre d’Etats à assurer ce financement compte tenu de l’état de leurs endettements. C’est le cas de la France, de l’Espagne qui s’est frontalement opposée à cette hausse, et de la Belgique évidemment. Je vous renvoie à l’article publié sur le site de la RTBF qui est une très bonne analyse des enjeux et pour lequel j’ai été interrogé.

Deuxième remarque, évidemment que Trump avait de quoi être satisfait, quand on observe d’où provient le matériel militaire acheté par les pays de l’UE, comme le montre le graphique.

Ce qui m’amène à ma troisième remarque, ces dépenses qui vont peser sur les déficits ne vont avoir que peu d’effet retour sur la croissance de l’économie européenne. Ce ne sont pas des dépenses d’investissements qui ont un effet démultiplicateur, et surtout elles vont prioritairement profiter à l’économie américaine. Cela aura bien un impact positif pour les entreprises européennes de la défense, mais avec un effet assez limité.

Et pour terminer, quatrième remarque, tout cela ne dispense pas l’UE d’une véritable Europe de la défense qui impliquera des achats groupés, des concentrations industrielles européennes, des achats privilégiant des acteurs européens et une véritable force armée européenne.

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