Attendre en espérant des jours meilleurs semble être la meilleure attitude possible pour les entreprises américaines, tout en subissant des hausses de prix et des problèmes d’approvisionnement.

Les industries dans l’expectative
Attendre en espérant des jours meilleurs semble être la meilleure attitude possible pour les entreprises américaines, tout en subissant des hausses de prix et des problèmes d’approvisionnement.
Indice ISM manufacturier
C’est clairement ce qui ressort de l’enquête ISM manufacturier, publiée hier aux Etats-Unis, avec un indice qui est resté en territoire négatif.
Il ressort de cette enquête que les fabricants d’équipements électriques, d’appareils et de composants ont estimé que « les tarifs douaniers de l’administration ont, à eux seuls, entraîné des perturbations de la chaîne d’approvisionnement qui rivalisent avec celles du COVID-19 ».
De leur côté, les fabricants de produits en papier ont averti que « l’absence d’accord commercial avec la Chine se traduira par des rayons vides chez les détaillants pour de nombreux articles de bricolage et produits professionnels ».
Il ressort aussi de cette enquête que, clairement, les fournisseurs répercutent les droits de douane sur leurs clients, hausse qui se retrouve dans le sous-indice des prix des intrants.
Autre leçon, le sous-indice des livraisons des fournisseurs est passé de 55,2 en avril à 56,1 en mai, soit son plus haut niveau depuis 2022. Un indice supérieur à 50 indique un ralentissement des livraisons.

Il s’agit en l’occurrence du résultat de goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement à cause des tarifs douaniers. Après une période où le commerce international s’est quasiment arrêté, la trêve du 8 mai dernier entre les Etats-Unis et la Chine a relancé le trafic, mais, avec comme conséquence, une augmentation brutale des demandes de conteneurs, ce qui a provoqué une flambée des prix de ces derniers.

Autre constat, la mesure des importations de l’ISM est tombée à 39,9, son niveau le plus bas depuis début 2009, contre 47,1 en avril. Cela s’explique par le fait que les entreprises, en prévision de la hausse des tarifs douaniers, avaient constitué des stocks et écoulent pour le moment ces derniers. Ce qui veut dire que la hausse des prix n’est encore que limitée et interviendra totalement à partir du moment où les fabricants devront se réapprovisionner à des prix beaucoup plus élevés.
Alors que l’on attend la publication, ce vendredi, des chiffres sur le marché de l’emploi, il ressort de cette enquête que les usines ont continué à supprimer des emplois.
Même constat pratiquement en Belgique
La BNB a publié, hier, les résultats d’une enquête intitulée « l’incertitude politique exceptionnelle pourrait légèrement freiner l’activité économique durant ce trimestre », qui souligne aussi l’attentisme des entreprises.
Dans le climat actuel, les entreprises se montrent extrêmement prudentes et le rapport de la BNB ne laisse pas beaucoup d’espoir d’une amélioration rapide.
Il souligne que « la plupart des répondants s’attendent à ce que ces conditions persistent jusqu’à la fin de l’année et n’entrevoient aucun revirement de situation. Pour bon nombre d’entre eux, le principal défi réside dans la planification à long terme, qui se révèle impossible dans un contexte mondial qui change rapidement et devient de plus en plus imprévisible ».
Autre constat, qui n’a rien à voir avec les droits de douane, et qui dès lors interpelle encore plus, les entreprises se plaignent des réglementations qui sont un véritable frein à l’investissement. Elles constatent que « les difficultés d’obtention de permis et les réglementations environnementales toujours plus strictes demeurent une préoccupation pour de nombreuses entreprises, tant en Belgique qu’au niveau européen. Il en va de même pour la fragmentation des politiques nationales et les distorsions perçues sur le marché unique de l’UE ».
Comme partout en Europe, la confiance dans le secteur manufacturier reste en berne, et la faiblesse de l’activité dans la construction persiste et les perspectives restent moroses.
Chiffres d’inflation
La BCE devrait encore réduire ses taux de 0,25% ce jeudi, et sans doute faire une pause pendant l’été.
Cette décision devrait être facilitée par la publication des chiffres d’inflation cet après-midi, avec une inflation globale qui devrait ralentir à 2% contre 2,2% en avril.
Et comme l’inflation sous-jacente est également attendue en recul à 2,5% contre 2,7% le mois passé, la BCE peut se permettre cet ajustement, ce qui amènerait le taux de dépôt à 2%, taux qui est considéré comme neutre.
Comme tout le monde, la BCE est suspendue à la suite des événements, ce qui pourrait amplement justifier qu’elle fasse une pause.
La suite des événements, c’est d’abord l’annonce faite par l’administration Trump, hier, qui souhaite que les pays fassent leur meilleure offre pour les négociations commerciales d’ici demain, afin d’accélérer les pourparlers avant la date du 9 juillet.
Et des discussions entre Trump et Xi Jinping sont attendues cette semaine, pour tenter de faire retomber la pression.
Il faut attendre non seulement cette date du 9 juillet, mais aussi les décisions de justice aux Etats-Unis qui pourraient venir rebattre complètement les cartes, mais aussi le fait que les indicateurs économiques sont complètement brouillés, et reflètent une image tronquée.
Dernier exemple en date, l’économie suisse a progressé de 0,8 % au cours du premier trimestre, grâce à un grand coup de pouce des exportations.
Comme par hasard, les exportations suisses vers les États-Unis ont augmenté de 17,4% au cours de ce trimestre, par rapport aux trois mois précédents, ce qui est beaucoup plus élevé que l’augmentation de 3,6% des exportations globales.
Pour rappel, le 2 avril, la Suisse s’était vue imposée un tarif douanier de 31%, réduit à 10% temporairement, jusqu’au 9 juillet.
