Les Banques centrales ne peuvent pas tout

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La FED demeure attentiste, la BCE va encore baisser ses taux en juin, mais devrait faire une pause par la suite pour appréhender l’évolution de la situation, et la BOJ devrait, en toute logique, remonter encore ses taux, mais ne peut pas le faire dans le contexte actuel.

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La FED demeure attentiste, la BCE va encore baisser ses taux en juin, mais devrait faire une pause par la suite pour appréhender l’évolution de la situation, et la BOJ devrait, en toute logique, remonter encore ses taux, mais ne peut pas le faire dans le contexte actuel.

Des Banques centrales entravées

Le cas de la BOJ est peut-être encore plus symptomatique de ces Banques centrales qui voient leurs plans contrecarrés par l’incertitude économique dans lequel nous nous situons pour le moment.

Sa position est d’autant plus délicate que les attentes en matière d’inflation se situent entre 1,5 % et 2 %, soit le niveau le plus élevé depuis 30 ans, tout en restant en deçà de l’objectif de 2 %.

Mais, ce qui préoccupe son gouverneur, Kazuo Ueda, c’est la hausse du prix du riz qui pourrait entraîner une hausse de l’inflation globale.

Il s’est exprimé à ce sujet, lors d’une réunion qui regroupe plusieurs Banques centrales au Japon, en estimant que « notre point de vue de base est que les effets de l’inflation des prix des denrées alimentaires devraient s’atténuer. Toutefois, étant donné que l’inflation sous-jacente est plus proche de 2 % qu’il y a quelques années, nous devons être prudents quant à l’impact de l’inflation des prix des denrées alimentaires sur l’inflation sous-jacente ».

Toute la difficulté à ce stade est que la BOJ ne peut pas augmenter ses taux tant qu’elle n’y voit pas plus clair, et pour Ueda, « dans la mesure où les nouvelles données nous permettent d’avoir davantage confiance dans le scénario de base, à mesure que l’activité économique et les prix s’améliorent, nous ajusterons le degré d’assouplissement monétaire en fonction des besoins en augmentant les taux ».

La seule bonne nouvelle à ce stade est que le renforcement du yen par rapport au dollar diminue sensiblement l’inflation importée, mais la BOJ devra quand même  procéder à un nouveau resserrement monétaire à l’automne.

Mise en garde de la BRI

Lors de cette même conférence à Tokyo, Agustin Carstens, directeur général de la Banque des règlements internationaux, a mis en garde sur l’augmentation des dettes.

Selon lui, « l’époque des taux ultra-bas est révolue. Les autorités budgétaires disposent d’une fenêtre étroite pour mettre de l’ordre dans leurs affaires avant que la confiance du public dans leurs engagements ne commence à s’effriter ».

Et de poursuivre, « les marchés se rendent déjà compte que certaines trajectoires ne sont pas viables. C’est pourquoi l’assainissement budgétaire doit commencer dès maintenant dans de nombreuses économies. Il ne suffit pas d’avancer à tâtons ».

Le danger selon lui est que les défauts de paiement sur la dette publique peuvent déstabiliser le système financier mondial et menacer la stabilité monétaire, car les Banques centrales pourraient être obligées de financer la dette publique.

Avec comme conséquence selon lui, qu’« il en résulterait une hausse de l’inflation et de fortes dépréciations des taux de change ».

Ces propos résonnent d’autant plus que nous avons connu, ces derniers jours,  de fortes tensions sur les taux longs, aussi bien au Japon, qu’aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne sur fond d’aggravation des endettements.

Et concernant l’inflation, les Banques centrales ne peuvent pas faire des miracles et Carstens d’ajouter « ceci est particulièrement important car, comme l’ont montré les événements récents, l’inflation dépendra en partie de facteurs qui ne sont pas sous le contrôle des Banques centrales ».

Le coup de semonce

Des droits de douane de 50% plongeraient l’UE dans une grave récession, mais au lieu d’être tétanisée, l’UE doit rapidement se réinventer et mettre en place un véritable marché européen, qui assurerait sa croissance pour se substituer à celle assurée par les exportations jusqu’à présent.

Et la défiance par rapport au dollar est une opportunité que l’euro doit saisir, comme l’a souligné, hier, Christine Lagarde, pour qui l’euro pourrait devenir une alternative viable au dollar et rapporter d’immenses bénéfices à l’ensemble des 20 pays, si les gouvernements pouvaient seulement renforcer l’architecture financière et sécuritaire de l’Union.

Car si l’euro n’a pas réussi à tailler des croupières au dollar, c’est parce l’UE est inachevée et incomplète et surtout qu’elle n’a toujours pas une union des capitaux.

Comme l’a souligné Lagarde, « l’euro ne gagnera pas en influence par défaut, il devra la mériter ».

Et malheureusement, « le marché des capitaux de la zone euro est encore fragmenté, inefficace et ne dispose pas d’un actif sûr véritablement liquide et largement disponible vers lequel les investisseurs pourraient affluer » a encore précisé Lagarde.

Et cette Europe des capitaux passera inéluctablement par une mutualisation des dettes car « la logique économique nous dit que les biens publics doivent être financés conjointement. Et ce financement conjoint pourrait permettre à l’Europe d’augmenter progressivement son offre d’actifs sûrs ».

Mais on sait que cette idée demeure encore un sujet tabou pour certains membres de la zone euro, notamment l’Allemagne, et pourtant cela sera le passage obligé si l’UE veut assurer son avenir.

Trump nous confronte à nos propres faiblesses, mais nous avons le choix de ne pas nous laisser faire et au contraire de donner une nouvelle impulsion à l’Europe. Mais il faut aller vite, assouplir rapidement les règlementations qui entravent l’économie européenne, abandonner notre naïveté et avancer ensemble tout en préservant nos valeurs démocratiques et notre modèle social.

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