Le carnage continue sur les marchés boursiers et entraîne par effet de ricochet des débouclages de positions qui viennent encore un peu plus renforcer la correction.

Les 3 R
Le carnage continue sur les marchés boursiers et entraîne par effet de ricochet des débouclages de positions qui viennent encore un peu plus renforcer la correction.
Chute des bourses
Après une forte correction la semaine passée, les bourses sont de nouveau dans le rouge très vif en Asie, avec une chute de plus de 6% du Nikkei et de 10% à Hong Kong. Les futures en Europe affichent une nouvelle baisse de 4%, et ceux aux Etats-Unis une correction du même ordre.
En cause, le fait que la Maison Blanche ne donne pas le sentiment de vouloir revenir sur ses intentions, les mesures de rétorsion annoncées par la Chine et la prudence de Powell.
Powell n’a pu que constater ce que nous constatons tous, à savoir que personne ne sait à ce stade vers où nous allons.
Il a estimé que « nous sommes confrontés à des perspectives très incertaines avec des risques élevés de hausse du chômage et de l’inflation, ce qui compromettrait les deux mandats de la Fed, à savoir une inflation de 2 % et un emploi maximum ».
Et de rajouter, « il est très probable que les droits de douane provoquent une hausse au moins temporaire de l’inflation, mais il est également possible que les effets soient plus persistants ».
Dès lors « notre obligation est de maintenir les attentes d’inflation à long terme bien ancrées et de veiller à ce qu’une augmentation ponctuelle du niveau des prix ne devienne pas un problème d’inflation permanent ».
Et de conclure « l’incertitude est grande. Ce que nous avons appris, c’est que les droits de douane sont plus élevés que prévu, plus élevés que ce que presque tous les prévisionnistes avaient prédit ».
Toute la difficulté pour la FED est d’essayer d’y voir clair entre les données économiques qui restent encore solides, et les indicateurs de confiance qui marquent sérieusement le pas.
Les chiffres sur le marché de l’emploi de vendredi en sont un bon exemple. Certes, le taux de chômage a légèrement progressé en passant de 4.1% à 4.2%, mais les créations d’emploi ont été plus fortes que prévu de 228.000.
Ce qui a fait dire à Powell, « nous surveillons de près cette tension entre les données dures et les données molles. Au fur et à mesure que les nouvelles politiques et leurs effets économiques probables deviendront plus clairs, nous aurons une meilleure idée de leurs implications pour l’économie et la politique monétaire. Nous sommes bien placés pour attendre une plus grande clarté avant d’envisager tout ajustement de notre politique monétaire. Il est trop tôt pour dire quelle sera la voie appropriée pour la politique monétaire ».
Malgré cette prudence de la part de Powell, les taux obligataires aux Etats-Unis, aussi bien les courts que les longs termes, ont fortement chuté et le marché anticipe des baisses de taux de la part de la FED à au moins quatre reprises.

Rétorsion
La Chine a annoncé des droits de douane de 34 % sur tous les produits américains, et des restrictions sur l’exportation de minéraux essentiels à l’industrie technologique.
Ces droits de douane seront effectifs à partir du 10 avril et Pékin a annoncé un renforcement des contrôles sur les exportations de terres rares vers les États-Unis, à compter du 4 avril.
Mais les mesures ne s’arrêtent pas là, les autorités chinoises ont également annoncé, vendredi, que les douanes chinoises suspendaient avec effet immédiat l’importation de certains produits agricoles depuis les Etats-Unis.
Et bien décidé à ne pas se laisser faire, le gouvernement chinois a également ajouté 11 entités à sa liste des “entités non fiables”, sur laquelle il s’appuie pour prendre des mesures de rétorsion à l’encontre d’entreprises étrangères.
C’est clairement la deuxième raison pour laquelle la dégringolade des bourses se poursuit, les marchés craignant les mesures de rétorsion qui aggraveraient la guerre commerciale. Avec comme conséquences un risque de plus en plus élevé de récession mondiale et dès lors des risques de déséquilibres mondiaux. Ce que j’ai intitulé les 3 R.
La chute du prix du baril est tout aussi impressionnante que la chute des rendements obligataires ou que les bourses.

Ce plongeon du prix du baril est intervenu au moment où la Chine a annoncé la hausse de ses droits de douane, annonce qui a renforcé les craintes d’une récession.
Dans un contexte où l’OPEP+ venait d’annoncer une hausse plus importante que prévu de sa production, qui avait déjà entraîné une baisse des prix.
Et malgré un contexte géopolitique très tendu au Moyen-Orient, en Ukraine et entre les Etats-Unis et l’Iran.

Selon Reuters, près de 50 pays ont pris contact avec la Maison Blanche pour démarrer des négociations sur la question des droits de douane.
Dans ce contexte se profile la question suivante pour cette semaine: « buy the dip » ?