Les Banques centrales se trouvent bien démunies, non pas qu’elles se soient montrées cigales, mais compte tenu du contexte d’incertitude extrêmement élevé qui obscurcit l’horizon.

Transitoire ou pas le rebond de l’inflation ?
Les Banques centrales se trouvent bien démunies, non pas qu’elles se soient montrées cigales, mais compte tenu du contexte d’incertitude extrêmement élevé qui obscurcit l’horizon.
Le statu quo a dominé
Comme attendu, seule la Banque Nationale Suisse a réduit son taux, de 0.25% pour le porter à 0.25%.
Objectif, empêcher le franc suisse de trop s’apprécier, ce qui est évidemment extrêmement compliqué dans le contexte géopolitique actuel, pour éviter que sa fermeté ne réduise les prix à l’importation et ne fasse descendre l’inflation en dessous de l’objectif cible de 0-2% de la Banque centrale.

C’est clairement, en substance, le message communiqué après la réunion par la BNS, « avec l’ajustement des taux d’intérêt d’aujourd’hui, la BNS s’assure que les conditions monétaires restent appropriées, compte tenu de la faible pression inflationniste et des risques baissiers accrus pour l’inflation ».
Comme prévu, la Banque centrale suédoise a laissé ses taux inchangés à 2.25% et devrait garder ce dernier inchangé à l’avenir compte tenu des risques de résurgence de l’inflation.
Même décision pour la Banque d’Angleterre, qui a laissé son taux à 4.5%, et qui a un peu refroidi les attentes d’une réduction automatique des taux lors de ses prochaines réunions.
Car « il y a beaucoup d’incertitude économique en ce moment », a déclaré le gouverneur Andrew Bailey , et que, même si les baisses de taux étaient toujours d’actualité, la BoE, examinerait « de très près l’évolution des économies mondiale et nationale lors de chacune de nos réunions de fixation des taux, qui ont lieu toutes les six semaines ».
La crainte du rebond de l’inflation
C’est clairement ce que craignent les Banques centrales et cela explique leur extrême prudence, même si la guerre commerciale aurait comme conséquence une baisse de la croissance qui pourrait justifier un ajustement des taux à la baisse.
C’est ce qu’a rappelé Christine Lagarde devant le Parlement européen hier, « à court terme, des mesures de rétorsion européennes et un euro affaibli par une demande américaine pour les produits européens plus faible, ajouteraient environ un demi-point de pourcentage à l’inflation. Cet impact s’estomperait à moyen terme, le recul de l’activité étouffant les pressions inflationnistes ».
Elle a salué, par ailleurs, les plans d’investissement massifs de l’Allemagne, tout en se montrant rassurante sur les dernières hausses des rendements obligataires, estimant que « cette hausse inclut-elle une légère progression des anticipations d’inflation ? Probablement, mais pas de manière significative selon nos calculs ».
Il ne s’agit pas d’un rebond, mais de la poursuite de la hausse, en parlant de l’inflation au Japon.
Si l’inflation de base est passée de 3.2% à 3% en février, par contre l’inflation qui exclut les aliments et les carburants est passée de 2.5% à 2.6%.

Ces chiffres, qui tombent deux jours après la réunion de la BOJ, renforcent le scénario d’une prochaine hausse des taux, probablement en juillet, compte tenu des incertitudes actuelles de l’impact d’une guerre commerciale.
La question qui taraude la majorité des Banques centrales est de savoir si l’inflation alimentée par les droits de douane s’avère “transitoire”, ou si elle entraînera une situation de “stagflation”.
Quand on observe les révisions de la FED, à la baisse pour la croissance, et à la hausse pour l’inflation, le scénario de stagflation ne peut pas être exclu, et c’est ce qui explique la nouvelle embardée des marchés boursiers hier.
Le gouverneur de la Banque centrale du Canada, Tiff Macklem, a fait part, lors d’une conférence, de son désarroi par rapport à ces questionnements, avec comme conséquence que « nous devons donc définir une politique qui minimise les risques. Cela signifie que nous devons être moins prospectifs que d’habitude jusqu’à ce que la situation soit plus claire ».
Avec évidemment les mêmes interrogations que les autres Banques centrales, de savoir dans quelle mesure les tarifs douaniers pèseront sur la demande et dans quelle mesure ils seront répercutés sur les prix à la consommation.
Et de conclure un rien fataliste, « l’économie canadienne a réussi un atterrissage en douceur. Malheureusement, nous n’allons pas rester longtemps sur le tarmac. Nous sommes maintenant confrontés à une nouvelle crise économique ».
Tenter d’éteindre l’incendie
La Banque centrale de Turquie a décidé de relever de 2% son taux de prêt au jour le jour à 46% en réaction à la très forte chute de la lire turque.

Elle a, dans le même temps, laissé son taux directeur inchangé à 42.5%, et devrait s’abstenir lors de sa prochaine réunion de poursuivre son ajustement monétaire à la baisse.
Elle a également déclaré que « des mesures de change et de liquidité de la lire ont été introduites pour limiter la volatilité du marché et des actions supplémentaires pourraient être prises pour maintenir le fonctionnement des marchés financiers si nécessaire ».
