Entre l’inflation en Grande-Bretagne, les minutes de la FED, et les propos de Schnabel, la question de l’inflation fait un retour en force dans un contexte plombé par l’incertitude.

Les Banques centrales ne savent pas grand chose mais craignent le retour de l’inflation
Entre l’inflation en Grande-Bretagne, les minutes de la FED, et les propos de Schnabel, la question de l’inflation fait un retour en force dans un contexte plombé par l’incertitude.
Inflation en Grande-Bretagne
L’inflation britannique s’est accélérée plus que prévu pour atteindre 3.0 % en janvier, son plus haut niveau depuis 10 mois.
Comme on pouvait le craindre, les prix des services ont fortement augmenté, passant de 4.4 % à 5.0 %, certes un peu moins que le taux de 5.2 % attendu.

Ces chiffres sont un véritable défi pour la BoE et remettent en cause le scénario d’une baisse rapide des taux, ce qui a légèrement renforcé le sterling par rapport à l’euro.

Suite aux mesures du nouveau gouvernement, la BoE s’attendait, certes, à une remontée temporaire de l’inflation puisqu’elle table sur un taux de 3.7% au troisième trimestre, mais pas à une hausse aussi rapide.
L’inflation de base, qui exclut les prix de l’énergie, de l’alimentation, de l’alcool et du tabac, est passée de 3.2 % en janvier à 3.7 %.
Propos de Schnabel
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle a pris tout le monde par surprise en déclarant « nous nous rapprochons du moment où nous devrons peut-être faire une pause ou arrêter nos réductions de taux. Je ne dis pas que nous y sommes déjà. Mais nous devons entamer la discussion ».
Pour justifier ses propos, elle est revenue sur la notion de taux neutre en soulignant que l’analyse des services de la BCE publiée récemment avait un message principal : nous savons que nous ne savons pas grand-chose.
Et que dès lors le concept théorique de R* est mal adapté pour déterminer l’orientation appropriée de la politique monétaire.
Avec en toile de fond, la question de savoir si le taux de dépôt à 2.75% est encore restrictif, car « les données montrent que le degré de restriction a diminué de manière significative, à un point tel que nous ne pouvons plus dire avec confiance que notre politique monétaire est encore restrictive » a déclaré Schnabel.
Elle a terminé ses propos en soulignant que « je considère que les risques qui pèsent sur nos perspectives d’inflation sont quelque peu orientés à la hausse. Je n’exclurais donc pas que l’inflation revienne à 2 % plus tard que ce que nous avions prévu ».
Les minutes de la FED
Ces dernières montrent que les participants à la dernière réunion de la FED « ont généralement souligné les risques à la hausse pour les perspectives d’inflation. En particulier, les participants ont cité les effets possibles de changements potentiels dans la politique commerciale et d’immigration, la possibilité que les développements géopolitiques perturbent les chaînes d’approvisionnement, ou des dépenses des ménages plus élevées que prévu ».
Il ressort aussi que les entreprises ont clairement indiqué qu’elles essaieraient de répercuter sur les consommateurs les coûts d’intrants plus élevés en cas de hausse des tarifs douaniers.
Le président de la FED d’Atlanta, Raphael Bostic, a embrayé après la publication de ces minutes en déclarant « je pensais que l’année 2025 se déroulerait à un niveau très positif. Nous aurions une croissance solide. Nous verrions l’inflation continuer à se rapprocher des 2 %, nous verrions les marchés du travail rester solides. Aujourd’hui, tous ces changements potentiels (…) signifient que les intervalles de confiance, la précision de cette estimation (…) se sont quelque peu réduits et nous devrons voir comment les choses se déroulent ».
Ces minutes ont encore un peu plus éloigné les perspectives d’une baisse des taux de la part de la FED, et autre point important, plusieurs décideurs politiques ont noté qu’il pourrait être approprié d’envisager de ralentir ou de mettre en pause la réduction continue du bilan de la FED vu les risques sur une augmentation de la dette.
Et dans la même veine
Au Japon, le risque inflationniste préoccupe aussi la Banque centrale, et Hajime Takata, membre de son conseil d’administration, a estimé qu’elle devait relever davantage ses taux d’intérêt, car leur maintien à leur niveau actuel pourrait entraîner une prise de risque excessive et une hausse trop importante de l’inflation.
Pour lui, « l’inflation se rapproche de l’objectif de 2 % de la BOJ et le comportement positif des entreprises a déjà été observé. Il est important de continuer à passer progressivement à la vitesse supérieure en matière de politique monétaire, même après la hausse des taux de janvier, car créer des attentes selon lesquelles les taux d’intérêt resteront bas pendant une période prolongée pourrait entraîner une surchauffe de l’activité financière ».
Pour autant, il n’a pas apporté de précision sur le timing des hausses de taux et s’est montré, lui aussi, sceptique sur le taux neutre, « il serait problématique, en termes de flexibilité politique, que la Banque centrale annonce un certain niveau de taux neutre, car cela pourrait être interprété par les marchés comme un engagement préalable à augmenter les taux d’intérêt jusqu’à un certain niveau ».
Les taux obligataires sont restés fermes après ces propos, avec comme conséquence que le yen s’est renforcé par rapport au dollar, ce qui a plombé le Nikkei ce matin.

