La fébrilité augmente

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Les chiffres du chômage aux Etats-Unis vont-ils réussir à faire baisser la tension sur les taux obligataires ? Rien n’est moins sûr, tout va dépendre des premières mesures de Trump et de l’attitude de la FED.

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Les chiffres du chômage aux Etats-Unis vont-ils réussir à faire baisser la tension sur les taux obligataires ? Rien n’est moins sûr, tout va dépendre des premières mesures de Trump et de l’attitude de la FED.

Chiffres du chômage

Il est certain que le marché du travail aux Etats-Unis a terminé l’année sur des bases solides, mais par contre la suite est très incertaine.

Selon les prévisions, les créations d’emploi devraient être de 160.000 en décembre, contre 227.000 en novembre, chiffre qui avait été gonflé par la fin de la grève chez Boeing et par la reprise du travail dans des régions affectées par des ouragans. Le taux de chômage est attendu stable à 4.2%.

Les salaires horaires moyens devraient augmenter de 0.3 % après avoir progressé de 0.4 % en novembre, soit un taux annuel inchangé à 4%.

Si les chiffres sont conformes aux prévisions, à priori ils ne devraient pas avoir beaucoup d’impact. Tout va dépendre de la suite, et la suite ce sont les mesures prises par Trump, qui pourraient, dans un premier temps, inciter les entreprises à la prudence. Mais c’est aussi l’attitude de la FED.

A ce propos, et après la publication des minutes de la dernière réunion, les dernières déclarations de certains membres de la FED montrent qu’ils sont prudents, et ne sont pas partisans d’une action rapide.

Ainsi, la présidente de la FED de Boston, Susan Collins, a déclaré « avec une économie qui se porte bien dans l’ensemble et une politique déjà plus proche d’une position plus neutre, je considère que la nature actuelle de l’incertitude appelle à une approche graduelle et patiente de la politique ».

Et d’ajouter « l’inflation a baissé de manière significative par rapport à son pic de 2022, et les données continuent d’indiquer une trajectoire graduelle, bien qu’inégale, vers l’objectif de 2 % de la FED ».

Mais elle a mis en garde « il est trop tôt pour dire comment les futurs changements de politique de la nouvelle administration et du Congrès pourraient influencer les trajectoires de l’inflation et de l’activité économique ».

Le président de la FED de Kansas City, Jeff Schmid, s’est montré plus ferme estimant que « nous sommes actuellement très proches de notre double mandat de stabilité des prix et de plein emploi » et, « avec une inflation proche de l’objectif et une croissance qui continue d’être dynamique, je pense que nous sommes proches du point où l’économie n’a besoin ni de restriction ni de soutien et que la politique devrait être neutre ».

Et d’ajouter «  je suis favorable à un ajustement progressif de la politique monétaire à l’avenir et uniquement en réponse à un changement durable de la tonalité des données, la force de l’économie nous permet d’être patients ».

« Je suis optimiste quant à l’emploi et à la vigueur de l’économie, même si le marché de l’emploi s’est assoupli, il reste sain ».

Rachel Reeves sous pression

Même si le rendement de l’obligation britannique à 10 ans s’est stabilisé, la pression sur Rachel Reeves, la ministre des Finances, s’est accentuée.

Preuve d’une certaine fébrilité, Darren Jones, ministre du Trésor et adjoint de Reeves, a déclaré au Parlement que les marchés obligataires britanniques « continuaient à fonctionner de manière ordonnée », et d’ajouter « il n’est pas nécessaire d’intervenir d’urgence ».

Même si une grande partie de la hausse des taux est imputable à l’effet Trump, les interrogations sont nombreuses sur les besoins de financement de la Grande-Bretagne. Cette dernière doit émettre près de 300 milliards de livres d’obligations d’État au cours de l’année.

Se pose également la question de savoir si le budget concocté par Reeves permettra d’atteindre son objectif d’équilibre entre dépenses et recettes. La question étant de savoir si la hausse des coûts des emprunts d’une part et la stagnation de l’économie depuis juillet d’autre part, ne remettent pas en cause cet équilibre fragile.

Elle pourrait devoir revoir à la hausse les réductions des dépenses, ce qui pourrait évidemment peser encore un peu plus sur la croissance.

Freiner la chute du yuan

Est-ce pour défendre la chute de sa monnaie, probablement, que la Banque centrale chinoise a annoncé, ce matin, qu’elle suspendait ses achats d’obligations, ce qui a provoqué une hausse des rendements.

Comme les rendements obligataires sont globalement orientés à la hausse, mais que dans le même temps les rendements en Chine continuaient de reculer, l’écart de rendement n’a fait que s’élargir (voir le graphique de l’écart avec le Treasury 10 ans), ce qui a accentué la pression à la baisse sur le yuan.

En agissant de la sorte, elle siffle la fin de la récréation en rappelant qu’elle ne voulait pas voir le yuan s’affaiblir davantage.

Sauf que cette annonce intervient seulement quelques mois après que la Banque centrale ait annoncé qu’elle allait acheter des obligations pour améliorer la gestion des liquidités.

Cette chute des rendements obligataires en Chine est évidemment le signal que les investisseurs se sont réfugiés dans les obligations, délaissant la bourse compte tenu des incertitudes économiques qui perdurent. Mais en mettant un coup d’arrêt à ses achats, la Banque centrale met en doute le scénario d’une poursuite de la baisse des taux directeurs qu’elle avait elle-même évoqué.

Record des faillites

Le dernier trimestre 2024 aura été marqué par des records de faillites depuis 2009, aussi bien en France qu’en Allemagne.

En France, selon l’observatoire de la BPCE, le quatrième trimestre a été marqué par 17.966 faillites, soit un total de 66.422 pour l’ensemble de l’année en hausse de 28% par rapport à 2019 et de 17% par rapport à 2023.

Cet observatoire constate que « la dégradation observée en 2023 et 2024 par rapport à 2019 met en évidence 6 secteurs dont l’exposition s’est nettement accrue : la construction et le commerce mais aussi l’immobilier, l’hébergement-restauration, les services aux entreprises et les services aux ménages ».

En Allemagne, selon l’Institut Halle pour la recherche économique, le quatrième trimestre a été marqué par 4.215 faillites et sur un an, elles ont augmenté de 36%.

Pour expliquer cet état de fait, il y a d’une part le fait que « des années de taux d’intérêts extrêmement bas ont permis de limiter les défaillances d’entreprises, tandis que les subventions accordées durant la pandémie ont évité un rebond des défaillances » constate l’Institut. Mais depuis  2022, la hausse des taux d’intérêts et la fin des programmes de soutien au secteur privé ont mené à des effets de rattrapage.

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