Des devises sous pression

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Le report de la baisse des taux de la part de la FED, par rapport aux anticipations, qui a entrainé une hausse du dollar, met une sérieuse pression sur certaines devises, et oblige les Banques centrales à réagir.

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Le report de la baisse des taux de la part de la FED, par rapport aux anticipations, qui a entrainé une hausse du dollar, met une sérieuse pression sur certaines devises, et oblige les Banques centrales à réagir.

Devises sous pression

On pense évidemment tout de suite au yen, qui se trouve à son niveau le plus bas depuis 34 ans et qui se situe clairement dans une zone d’intervention potentielle de la part des autorités monétaires.

Comme le gouverneur de la BOJ a exclu une politique monétaire agressive, le différentiel de taux joue pleinement en faveur du dollar, et la moindre de ses remarques en ce sens ne fait que fragiliser le yen.

Après la réunion, ce matin, de la BOJ qui a, sans surprise, laissé ses taux inchangés, son gouverneur devra éviter, lors de la conférence de presse, d’encore fragiliser le yen en plaidant pour un statu quo monétaire.

Jusqu’à présent, les autorités se sont contentées de commentaires et de mises en garde, comme le ministre des Finances, Shunichi Suzuki, l’a encore fait hier, déclarant « il n’y a pas de changement dans notre position. Nous observerons attentivement les mouvements du marché et réagirons de manière appropriée ».

Le gouverneur Ueda va marcher sur des œufs et va devoir laisser la porte ouverte à des hausses possibles de taux, ou réduire les achats d’obligations, ce qui devrait faire remonter les taux longs.

La Banque centrale indonésienne a surpris tout le monde en augmentant ses taux d’intérêt pour soutenir sa monnaie, hier.

Elle a relevé le taux de prise en pension à 7 jours de 25 points de base à 6,25%, son plus haut niveau depuis 2016.

Et pour justifier cette décision, son gouverneur a déclaré « cette augmentation des taux d’intérêt vise à renforcer la stabilité du taux de change de la rupiah face au risque d’une détérioration de l’économie mondiale ».

La Banque centrale de Thaïlande est intervenue sur le marché des changes, hier, pour tenter de limiter la volatilité de sa devise.

Si, jusqu’à présent, elle n’a pas bougé à ses taux, elle subit une pression assez marquée du gouvernement pour baisser ces derniers. Mais comme l’a rappelé son gouverneur, une réduction importante des taux ne serait pas appropriée pour le moment. Il doit avoir en tête le risque qu’une baisse de taux ferait peser à la devise, alors que la FED retarde son mouvement de baisse.

Contrainte aussi pour la BCE

Même si elle ne voudra pas l’avouer, le report de la baisse des taux de la part de la FED pose un sérieux problème à la BCE.

Voilà pourquoi certains de ses membres mettent en garde sur le fait que la baisse des taux en juin n’ouvrira pas automatiquement la porte à d’autres baisses de taux.

Le dernier en date, Joachim Nagel, président de la Bundesbank, a estimé qu’après la baisse des taux en juin « une telle mesure ne serait pas nécessairement suivie d’une série de baisses de taux. Étant donné l’incertitude actuelle, nous ne pouvons pas nous engager à l’avance sur une trajectoire de taux particulière ».

Alors bien évidemment que ce n’est pas la décision en soi de la FED, mais cela y contribue dans un contexte où, selon lui, il reste particulièrement préoccupé par l’inflation des services, qui est toujours alimentée par une forte croissance des salaires et qui s’est avérée plus persistante que l’inflation des biens.

Et de conclure, « je ne suis pas encore totalement convaincu que l’inflation reviendra effectivement à l’objectif en temps voulu et de manière durable ».

Léger mieux

Après les indices PMI, l’indice IFO en Allemagne a montré aussi une légère amélioration de la situation.

Même si la hausse n’a rien de spectaculaire, cela montre au moins que l’économie se stabilise, ce qui en soi est déjà pas mal.

Cela permet en tout cas, au gouvernement allemand de revoir, légèrement, ses prévisions de croissance pour cette année à 0.3% contre 0.2%

Avec même une petite note d’espoir de la part du ministre de l’économie, Robert Habeck, « au fur et à mesure que l’année avance, nous voyons maintenant des signes d’une légère reprise économique et que l’économie sort lentement de sa phase de faiblesse ».

Mais aussi une prise de conscience, car il a rajouté, « malgré ces signes d’espoir, je reste préoccupé par les problèmes structurels de l’Allemagne en tant que lieu d’implantation des entreprises. Si nous voulons atteindre une croissance plus élevée à moyen et à long terme, nous devons procéder à des changements structurels ».

Cependant une prise de conscience ne suffira pas, surtout que les dissensions sont importantes au sein du gouvernement sur la façon de mener ces réformes.

Et malgré ce léger mieux, pour 2025, le gouvernement ne table que sur une croissance de 1%. A titre de comparaison, on attend cet après-midi, aux Etats-Unis, le chiffre de croissance pour le premier trimestre à 2.4% en taux annuel.

Par contre, pour revenir en Allemagne, Habeck a déclaré que les prix avaient baissé plus rapidement que prévu et que l’inflation devrait s’élever à 2.4 % cette année, contre une projection précédente de 2.8 %.

Petite pause pour moi à partir de demain, et retour le lundi 6 mai, mais pour une courte période avant une pause beaucoup plus longue.

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