La mise en garde de Powell

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Jerome Powell est venu rappeler aux marchés que la bataille contre l’inflation n’était pas encore gagnée, ce qui a évidemment douché les espoirs de baisse de taux et provoqué un recul des bourses.

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Jerome Powell est venu rappeler aux marchés que la bataille contre l’inflation n’était pas encore gagnée, ce qui a évidemment douché les espoirs de baisse de taux et provoqué un recul des bourses.

Ce n’est pas faute de…

D’avoir prévenu ces derniers jours que la FED n’avait pas l’intention d’inverser sa politique à court terme, mais malgré cela les marchés ont été déçus.

Il faut dire que les propos de Powell ont été extrêmement fermes, estimant que la FED « s’est engagée à atteindre une position de politique monétaire suffisamment restrictive pour ramener l’inflation à 2 %. S’il s’avère nécessaire de resserrer davantage la politique monétaire, nous n’hésiterons pas à le faire ».

Ses propos ont été repris en écho par la présidente de la FED de Saint-Louis, Kathleen O’Neill Paese, « il serait imprudent de suggérer que de nouvelles hausses de taux sont exclues. L’incertitude économique est considérable à l’heure actuelle. Il y a des raisons pour lesquelles l’inflation pourrait surprendre à la hausse ». Et le président de la FED de Richmond, Thomas Barkin, s’est aussi posé la question de savoir si un resserrement ne serait pas encore justifié compte tenu de la croissance extrêmement forte au troisième trimestre.

Inutile de dire que ces propos ont plombé le moral des investisseurs, entrainant une remontée des taux obligataires, mais dans une hausse très raisonnable, et une baisse des bourses.

Et même si une dernière hausse des taux est sans doute peu probable, par ces propos, les membres de la FED indiquent clairement qu’ils ne veulent pas voir les taux baisser trop rapidement, et surtout les taux longs.

Mais ils veulent aussi indiquer qu’une baisse de taux n’interviendra pas rapidement, car, comme l’a rappelé Powell, « la plus grande erreur que nous pourrions commettre serait de ne pas réussir à maîtriser l’inflation ».

Taille du bilan de la BCE

J’avais un peu regretté que, lors de la dernière réunion de la FED, la question du programme PEPP, programme de rachats d’actifs dans le cadre de la pandémie, n’avait pas été abordée.

Pour rappel, ce programme de 1.750 milliards d’euros était une réponse à la pandémie, ce qui induit qu’il aurait dû normalement se réduire. Mais la BCE a décidé, et confirmé lors de sa dernière réunion, qu’elle allait garder ce dernier en l’état et continuer à réinvestir les obligations arrivant à échéance jusque fin 2024.

Est-ce parce qu’ils sont coincés par cette annonce que Philip Lane, l’économiste en chef de la BCE, a déclaré que ce bilan doit être davantage réduit, mais ne peut pas revenir au niveau auquel il était au cours des premières années de l’Institution ?

Certes, ce bilan a déjà bien reculé, d’un peu près 2.000 milliards d’euros, mais on est encore loin des 2.000 milliards qu’il avait au début de l’existence de la BCE.

Manifestement, la réflexion porte sur la nécessité de garder une taille plus élevée, selon les dires de Lane, qui a estimé que « le niveau approprié des réserves de la Banque centrale pourrait rester beaucoup plus élevé et soit plus volatil par rapport aux niveaux relativement bas qui prévalaient avant la crise financière mondiale ».

L’idée étant de maintenir un portefeuille obligataire structurel et une opération de refinancement structurelle à plus long terme, ce qui permettrait de fournir des liquidités à plus long terme au système bancaire.

Ces réflexions sont importantes, car cela signifie que la BCE veut élargir ses moyens d’actions et est dès lors prête à de nouveau augmenter son bilan si la situation économique se dégrade fortement. Tout cela va dans le sens amorcé il y a déjà un moment de faire basculer les instruments non conventionnels en instruments conventionnels qui font dorénavant partie intégrante des outils de la politique monétaire.

Mais cela signifie aussi que la BCE craint que nous n’échapperons pas à des chocs macro financiers dans les prochaines années.

Un peu en écho aux propos de Powell

La Banque centrale d’Australie a averti, ce matin, qu’il existait des risques de nouvelles surprises en matière d’inflation et que « la priorité du conseil d’administration est de ramener l’inflation à son niveau cible ».

« La question de savoir si un nouveau resserrement de la politique monétaire est nécessaire pour garantir que l’inflation atteigne son objectif dans un délai raisonnable dépendra des données et de l’évolution de l’évaluation des risques », a ajouté la banque.

Compte tenu de l’inflation persistante dans le secteur des services, elle a revu à la hausse ses prévisions pour l’inflation. Elle table dorénavant sur un taux de 3.25% fin 2024 et de 3% fin 2025, soit 0.25% de plus que la précédente prévision.

Mais, « il existe un potentiel pour d’autres surprises à la hausse de l’inflation », ce qui pourrait nécessiter des taux d’intérêt encore plus élevés, surtout qu’elle a revu aussi à la hausse ses prévisions de croissance.

Elle table désormais sur une croissance de 2% pour cette année contre 1.75% précédemment, tout en gardant la même prévision de 2.25% pour 2025.

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