Aveux d’impuissance, ou peur de provoquer une chute du yuan, un peu des deux sans doute, dans la décision de la Banque centrale chinoise de ne baisser que son taux à 1 an.
Des autorités bien démunies ….
Aveux d’impuissance, ou peur de provoquer une chute du yuan, un peu des deux sans doute, dans la décision de la Banque centrale chinoise de ne baisser que son taux à 1 an.
Déception
La Banque centrale chinoise a réduit de 0.10% son taux de prêt à 1 an à 3.45%, mais a laissé son taux à 5 ans inchangé à 4.20%.
Cette décision a été une déception, mais compte tenu de la pression à la baisse exercée sur le yuan, Pékin dispose d’une marge de manœuvre limitée pour un assouplissement monétaire plus important, car un nouvel élargissement des écarts de rendement entre la Chine et les autres grandes économies pourrait déclencher un effondrement du yuan et une fuite des capitaux.
Cette déception se reflète dans l’évolution des indices boursiers chinois ce matin, car le marché avait anticipé une baisse de 0.15% du taux à 1 an et également de celui à 5 ans.
Cette décision à l’emporte-pièce pourrait signifier que les autorités sont démunies par rapport à l’état du secteur immobilier et elle pourrait finalement envoyer un signal très négatif sur les perspectives économiques. D’autant plus, que le taux à 5 ans est la référence pour les taux hypothécaires et son statu quo n’encouragera pas les ménages à conclure de nouveaux prêts.
Et la déclaration de la Banque centrale, dimanche, annonçant qu’elle coordonnera le soutien financier pour résoudre les problèmes de dette des gouvernements locaux n’est pas faite pour rassurer. Cette déclaration est intervenue après une réunion conjointe organisée vendredi par la Banque populaire de Chine, la principale autorité de régulation financière du pays et l’autorité de régulation des marchés financiers.
A propos d’immobilier
Les permis de construire pour les appartements en Allemagne ont chuté de 27% au cours du premier semestre de l’année, chute qui s’explique bien évidemment par la hausse des coûts de construction et aux difficultés à obtenir des financements.
Un peu comme en Chine, ces dernières semaines, une série de promoteurs immobiliers se sont déclarés insolvables, dans un contexte marqué par une chute des prix de la construction et de l’immobilier résidentiel.
Mais la baisse est encore plus marquée pour les maisons unifamiliales avec un recul de 35% et les maisons bi familiales avec un recul de 53%.
C’est une mauvaise nouvelle de plus pour l’économie allemande, en sachant que le secteur immobilier représente environ un cinquième de sa production économique et un emploi sur dix. Et surtout cela intervient à un moment où elle est confrontée au marasme de son industrie et qu’elle subit de plein fouet le ralentissement de l’économie chinoise.
Cela n’a cependant pas empêché Philip Lane, l’économiste en chef de la BCE, de se montrer optimiste en déclarant « il y a de nombreuses raisons de croire que l’économie européenne va croître au cours des deux prochaines années ».
Pour justifier ses propos, Lane estime que « nous sommes bien en dessous du niveau de l’économie que nous aurions pu attendre (si) la pandémie n’avait pas eu lieu. On peut s’attendre à ce que ce type de tendance se dessine au fil du temps ».
Ce qui explique que la BCE s’attend à ce que l’économie de la zone euro croisse de 0.9 % cette année et de 1.5 % l’année prochaine, là où nous tablons sur une croissance de respectivement 0.6% et 0.9%.
Ce n’est pas la première fois que les prévisions de Lane laissent perplexe et son analyse n’a certainement pas la pertinence de l’économiste français Daniel Cohen qui est décédé hier à l’âge de 70 ans. Il était professeur à l’Ecole normale supérieure et membre fondateur de l’Ecole d’économie de Paris. Mais il était surtout un chercheur et auteur très pertinent et un excellent pédagogue.
Et je voudrais reprendre un extrait sur un sujet important tiré des Echos de ce matin dans un article lui rendant hommage, « en novembre dernier, dans les colonnes des Echos, il considérait que la France n’investit pas suffisamment dans son industrie. A ses yeux, « la désindustrialisation est un risque lent ». Selon lui, « la guerre en Ukraine renforce l’impératif de souveraineté industrielle et va accélérer le mouvement car la question stratégique devient fondamentale » ».
En écho à ces propos, cette question sera indirectement abordée cette semaine par les banquiers centraux lors du célèbre symposium de Jackson Hole dont le thème est « les changements structurels dans l’économie mondiale ».
Ce symposium se tiendra en fin de semaine et focalisera toute l’attention, surtout après la semaine boursière à oublier au plus vite comme le titrait Business Am en reprenant le début de mon billet de vendredi dans leur texte. Car la tension sur les taux longs a remis à l’avant plan la question de l’évolution future des taux aux Etats-Unis qui pourraient finalement demeurer plus élevés plus longtemps.