Tensions sur le prix du blé et toujours un prix du baril sous pression, deux matières premières qui risquent de venir relancer un peu l’inflation au moment où les signes d’accalmie se multipliaient.
Le blues en Asie
Tensions sur le prix du blé et toujours un prix du baril sous pression, deux matières premières qui risquent de venir relancer un peu l’inflation au moment où les signes d’accalmie se multipliaient.
Prix du baril
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) craint une hausse des prix du baril d’ici la fin de l’année en constatant que « la réduction plus importante de l’offre de l’OPEP+ s’est conjuguée avec l’amélioration du sentiment macroéconomique et à une demande mondiale de pétrole qui n’a jamais été aussi élevée ».
Selon ses estimations, les stocks de pétrole pourraient diminuer de 2.2 millions de barils par jour au troisième trimestre et de 1.2 au quatrième, ce qui pousserait inéluctablement les prix à la hausse.
Si d’un côté l’offre est réduite, d’un autre côté, selon ce même rapport, la demande explosera en 2023 et l’AIE estime qu’elle devrait être de 102.2 millions de barils par jour, soit « un niveau le plus élevé jamais enregistré ».
L’AIE a constaté que la demande mondiale de pétrole a déjà « atteint un record de 103 millions de barils par jour en juin et août pourrait connaître un nouveau pic » , ce qui s’explique par le fait que « la demande mondiale de pétrole atteint des sommets records, stimulée par les voyages aériens estivaux, l’utilisation accrue de pétrole (fioul) dans la production d’électricité et la montée en flèche de l’activité pétrochimique chinoise ».
Par contre, l’année prochaine, l’AIE prévoit un net ralentissement de la demande qui pourrait être de 1 million de barils par jour compte tenu du ralentissement mondial de l’économie.
Cette perspective d’une hausse des prix ne va certainement pas faire dévier l’Arabie Saoudite, qui a bien prévu de réduire sa production jusqu’à la fin de l’année et qui viserait un prix de 100 $ pour le baril. Et cette réduction de l’offre pourrait se trouver aggravée en cas de problème de livraison du pétrole russe.
Prix du blé
Et justement, le prix du blé est aussi sous pression après des tirs d’avertissement d’un navire de guerre russe contre un cargo dans la région de la mer Noire.
C’est la première fois que la Russie tire sur des navires marchands au-delà de l’Ukraine depuis qu’elle s’est retirée le mois dernier d’un accord historique sur les céréales conclu sous l’égide de l’ONU.
Evénement isolé, ou premier signe d’une escalade, les inquiétudes sont vives dans un contexte en plus marqué par des récoltes américaines de maïs et de soja moins importantes que prévu, à cause des conditions de sécheresse au début de la saison.
Turbulences en Asie
Ce matin, les bourses asiatiques ont le blues, et alors que l’on attend, demain, la publication de chiffres en Chine, qui devraient venir renforcer le sentiment morose sur la situation économique. Les tensions que je viens d’évoquer sur le prix du baril et le blé ont aussi pesé sur les bourses asiatiques ce matin.
Les actions chinoises sont en particulier fortement en recul après la publication des indicateurs la semaine passée, indicateurs très décevants. Mais aussi parce qu’il ressort qu’au deuxième trimestre, les investissements directs étrangers entrants, sont tombés à 4.9 milliards d’USD, soit un niveau historiquement bas.
Et pour encore un peu plus compliquer les choses, les inquiétudes concernant la santé des promoteurs immobiliers en Chine sont montées d’un cran après l’annonce que deux sociétés chinoises cotées en bourse n’avaient pas reçu de paiement sur des produits d’investissement arrivant à échéance de la part de Zhongrong International Trust Co. Et que Country Garden, dont le rating a été dégradé vendredi, devrait suspendre la négociation de ses 11 obligations onshore à partir de lundi.
Pour couronner le tout, les banques chinoises ont accordé 345.9 milliards de yuans de nouveaux prêts en juillet, soit une chute de 89 % par rapport à juin, pour atteindre le niveau le plus bas depuis la fin de 2009. Une baisse des prêts en juillet est un phénomène récurrent et lié à des facteurs saisonniers, mais le montant de cette année est très loin des 800 milliards de yuans anticipés, et également des 679 milliards de yuans de juillet 2022.
Pas étonnant que dans ce contexte, le yuan soit sous pression par rapport au dollar, dans un contexte où, en plus, il ressort de plus en plus que l’inflation aux Etats-Unis ne reculera que lentement, ce qui ne devrait pas inciter la FED à réduire ses taux rapidement. Et autant dire que les tensions sur le prix du baril et le blé ne vont pas dans le bon sens.
Résultat, le dollar s’est renforcé contre la majorité des devises, et en particulier face au yen, compte tenu du fait que le différentiel de taux entre les deux devises s’est encore un peu plus élargi avec la hausse des taux longs aux Etats-Unis. Le yen est ainsi à son niveau le plus bas par rapport au dollar depuis le début de l’année.