Aveu d’échec ou d’impuissance, et même si c’était attendu, la baisse des taux de la part de la Banque centrale chinoise démontre que le ressort économique est à la peine.
Les faucons sont de retour
Aveu d’échec ou d’impuissance, et même si c’était attendu, la baisse des taux de la part de la Banque centrale chinoise démontre que le ressort économique est à la peine.
Baisse des taux
Comme attendu, elle a réduit de 0.10% le taux à un an à 3.55% et celui à 5 ans à 4.20%.
Mais pour beaucoup cette baisse de taux ne devrait apporter qu’un élan modeste, car la situation est marquée par une faiblesse de la demande de crédit. Et de plus, certains avaient tablé sur une baisse plus importante du taux à 5 ans, ce qui a entrainé ce matin une certaine déception.
Cette prudence s’explique en grande partie parce que les autorités ne veulent pas prendre le risque de créer une nouvelle bulle immobilière et préfèrent relancer l’investissement des entreprises.
Malgré ces baisses de taux, plusieurs banques d’investissement mondiales ont réduit leurs prévisions de croissance du PIB de la Chine pour 2023, après que les données du mois de mai ont montré que la reprise s’essoufflait.
Vif débat
Au sein de la BCE, seulement quelques jours après la nouvelle hausse de taux. Le premier à avoir tiré a été Pierre Wunsch, gouverneur de la BNB, qui s’est déclaré partisan d’une hausse des taux même lors de la réunion du mois de septembre.
Il a été rejoint par Isabel Schnabel, faucon aussi au sein de la BCE, qui a estimé « nous devons rester très dépendants des données et éviter d’en faire trop plutôt que trop peu ».
A son tour, rejointe par le gouverneur de la banque centrale slovaque, Peter Kazimir, qui a estimé que « la poursuite du resserrement de la politique monétaire est la seule voie raisonnable pour l’avenir ».
Seule voix dissonante, l’économiste en chef de la BCE, Philip Lane, qui lui a estimé que « la dépendance aux données pourrait signifier que vous décidez aujourd’hui de ne pas augmenter les taux, mais qu’une réunion plus tard, deux réunions plus tard, trois réunions plus tard, les données diront, en fait, que vous devriez recommencer à augmenter les taux ».
Le débat est dès lors entre le choix de taper fort encore car l’inflation est durablement inscrite dans l’économie, ou de faire une pause même si elle doit être suivie par de nouvelles hausses de taux, comme l’on fait la Banque centrale d’Australie et du Canada.
Mais pour les faucons, le risque de ne rien faire est beaucoup trop élevé, et Schnabel de conclure « il est très coûteux de ne réagir qu’une fois que les risques de hausse de l’inflation se sont matérialisés, car cela pourrait déstabiliser les attentes en matière d’inflation et donc nécessiter une contraction plus forte de la production pour rétablir la stabilité des prix ».
Conséquences, le rendement du Bund 2 ans est reparti à la hausse et s’approche de ses plus niveaux du mois de mars.
Chute de la couronne suédoise
La situation particulièrement délicate du marché immobilier en Suède suscite les plus vives inquiétudes, d’autant plus que l’inflation ne recule pas, ce qui devrait obliger la Banque centrale à encore augmenter ses taux.
Pour revenir sur l’inflation d’abord, c’est en partie à cause de Beyoncé selon une note de la Danske Bank, qui estimait, que, c’est parce qu’elle avait choisi Stockholm pour commencer sa tournée mondiale, avec comme conséquence une hausse des prix des hôtels et de la restauration.
Mais au-delà de cette anecdote, cela révèle, ce que j’expliquais avec le débat au sein de la BCE, à savoir que des risques de reprise de l’inflation qui obligeraient les Banques centrales à réenclencher les hausses de taux, inflation surtout entretenue par les services.
Mais, ces hausses de taux en Suède sont particulièrement impactantes en sachant que l’endettement à taux variable est majoritaire et que l’immobilier commercial a un poids très élevé dans le PIB.
Conséquence, le poids des crédits au secteur immobilier dans le portefeuille des banques suédoises est largement supérieur à la moyenne européenne, plus de 12% contre la moitié dans l’UE.
Et la situation s’est tendue vendredi, avec l’annonce par Moody’s de la dégradation de la note de FastPartners, l’un des plus importants propriétaires de bureaux de la capitale Stockholm, en catégorie « junk » .
La Banque centrale de Suède, qui se réunit la semaine prochaine, devrait encore augmenter ses taux pour les porter à 3.75%, mais avec une inflation sous-jacente à 8% elle devrait encore laisser la porte ouverte à d’autres hausses de taux. Avec le risque de provoquer une crise immobilière de grande ampleur ?