La fermeté des Banques centrales a ravivé les craintes d’une récession, craintes confirmées en partie par la publication des indices PMI.
Pas de réjouissances à attendre
La fermeté des Banques centrales a ravivé les craintes d’une récession, craintes confirmées en partie par la publication des indices PMI.
Indices PMI
Je l’avais indiqué vendredi, nous allons nous intéresser aux indices PMI qui ont été publiés en zone euro, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
En zone euro, certes ils demeurent sous le seuil des 50, mais ils résistent ce qui semble confirmer que le ralentissement sera modéré. Et même, si on regarde l’indice PMI composite il est passé de 47.8 en novembre à 48.8, soit son niveau le plus élevé depuis 4 mois. Autre bonne nouvelle, les entreprises constatent moins de pression sur les prix et dans les chaînes d’approvisionnement. Même si une partie de cette baisse des tensions provient d’un recul de la demande.
Objectif d’ailleurs recherché par la BCE, et qui explique la hausse des taux de jeudi passé. Et donnée évidemment que les entreprises se doivent d’intégrer car clairement la hausse n’est pas terminée comme l’a encore rappelé vendredi deux membres de la BCE.
Ainsi, Olli Rehn, gouverneur de la Banque centrale finlandaise a déclaré « nous allons maintenir le cap, comme l’a indiqué la présidente Christine Lagarde et cela se traduira probablement par des hausses de taux de 50 points de base lors des prochaines réunions, du moins selon moi en février et en mars ».
Et le gouverneur de la Banque de France n’a pas dit autre chose en évoquant une inflation qui devrait atteindre son pic au premier semestre 2023 et en avertissant que le « match n’est pas terminé ».
A propos de l’inflation, vendredi, Eurostat a publié le chiffre définitif pour le mois de novembre qui s’établit à 10.1% contre 10% en première estimation. Et c’est aussi l’occasion de mesurer les divergences d’inflation entre pays de l’UE (ce que j’expliquais jeudi lors de mon interview à Canal Z).
Encore un mot sur l’inflation et la croissance, en particulier pour l’Allemagne. La Bundesbank a révisé ses prévisions et estime que l’inflation sera à 7.2% l’année prochaine contre 4.5% précédemment, et de 4.1% en 2024 contre 2.6%.
Concernant la croissance, elle table sur une contraction de 0.5% en 2023 contre un taux de 2.4% lors de ses prévisions de juin, et de 1.7% en 2024 contre 1.8%.
« À partir du second semestre de 2023, l’économie allemande se redressera progressivement », a indiqué la Bundesbank. « En effet, la demande étrangère devrait augmenter, l’incertitude s’atténuera, les pressions sur les prix exercées par les matières premières énergétiques diminueront et le taux d’inflation baissera ».
PMI en Grande-Bretagne
La situation est nettement moins réjouissante avec certes un indice PMI des services qui se redresse un peu, mais par contre l’indice manufacturier qui se tasse encore plus.
Autre preuve du ralentissement, les ventes de détail ont reculé de 0.3% en novembre, ce qui marque une nette déception par rapport aux prévisions. Par rapport à l’année précédente, elles ont diminué de 5,9 %.
Et une enquête de l’ONS publiée jeudi a montré qu’une personne sur six en Grande-Bretagne craignait de manquer de nourriture et qu’un plus grand nombre ne pouvait pas se chauffer suffisamment dans sa propre maison.
PMI aux Etats-Unis
L’indice composite a nettement reculé en passant de 46.4 à 44.6, sous l’effet d’une chute importante de l’indice des services, avec un indice composite des nouvelles commandes qui a chuté à 45,8, le niveau le plus bas depuis mai 2020.
Mais bonne nouvelle, « le mois de décembre a été marqué par un deuxième mois consécutif d’accélération des délais de livraison des fournisseurs, un phénomène qui non seulement signale une amélioration des conditions d’approvisionnement, mais tend également à annoncer le déplacement du pouvoir de fixation des prix du vendeur vers l’acheteur », a déclaré Chris Williamson, économiste commercial en chef chez S&P Global Market Intelligence.
Tant qu’on est dans les indices de confiance
La confiance des entreprises chinoises est tombée à son plus bas niveau depuis janvier 2013, selon une enquête de World Economics, avec un indice qui est passé de 51.8 en novembre à 48.1 en décembre.
Et le commentaire par World Economics interpelle, « l’enquête suggère fortement que le taux de croissance de l’économie chinoise a ralenti de manière assez spectaculaire, et pourrait se diriger vers une récession en 2023. Le pourcentage d’entreprises qui affirment être actuellement touchées par le Covid a atteint un niveau record, plus de la moitié des répondants suggérant désormais que leurs activités sont affectées d’une manière ou d’une autre ».
Et la situation devrait encore empirer alors que les contaminations explosent et que cela devrait encore plus paralyser l’activité économique.
Réforme du marché du carbone
Un accord a été trouvé ce dimanche sur un réforme du marché du carbone au sein de l’UE.
« Cet accord nous permettra d’atteindre nos objectifs climatiques dans les principaux secteurs de l’économie, tout en veillant à ce que les citoyens les plus vulnérables et les micro-entreprises soient efficacement soutenus », a déclaré le ministre tchèque de l’Environnement, Marian Jurecka, dans un communiqué.
Ils ont décidé de réduire à 62% au lieu de 55% les émissions nettes de CO2 d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Pour se faire, à l’horizon 2024, les permis de CO2 vont diminuer. Concrètement, pour couvrir leurs émissions de CO2, les producteurs d’électricité et les secteurs énergivores dans l’UE doivent actuellement acheter des “permis de CO2”. A partir de 2024, 90 millions de ces permis seront retirés du système et 27 millions en 2026.
Ensuite de 2026 à 2034, l’UE supprimera progressivement les permis de CO2 gratuits qu’elle accorde actuellement aux industries pour les protéger de la concurrence étrangère. Ces permis seront supprimés au fur et à mesure que l’UE mettra en place des droits de douane sur le carbone à ses frontières. Et à partir de 2027, les ménages paieront également un prix du carbone sur le carburant et le chauffage.
Pour aider les ménages et les petites entreprises, un fonds social de 86.7 milliards d’euros sera mis en place. Et si les prix du carburant sont aussi élevés en 2027 qu’aujourd’hui (voir le graphique), l’entrée en application du marché du carbone sera reportée à 2028. Si le prix du carbone atteint 45 euros par tonne, des permis de CO2 supplémentaires seront accordés sur le marché pour tenter de juguler les tarifs pour les ménages.