Un bon indicateur économique aux Etats-Unis devient à ce stade une mauvaise nouvelle pour les marchés obligataires et les bourses, et une bonne nouvelle pour le dollar.
Quand un bon indicateur, … déçoit
Un bon indicateur économique aux Etats-Unis devient à ce stade une mauvaise nouvelle pour les marchés obligataires et les bourses, et une bonne nouvelle pour le dollar.
Point de récession
En tout cas aux Etats-Unis après la publication de l’indice ISM des services, qui a continué de se redresser en passant de 56.7 à 56.9, et qui vient après celui de l’activité manufacturière qui s’était montré stable.
Après le chiffre de l’emploi, ces indicateurs montrent que l’économie américaine résiste et peut donc sans aucun problème encaisser des hausses de taux, et c’est là évidemment que les marchés boursiers et obligataires ont fait la grimace.
Et c’est en particulier sur le marché obligataire que la réaction a été la plus marquée avec un rendement du Treasury 10 ans qui a augmenté de presque 0.10% et qui n’est pas loin de son niveau de juin.
Et pour revenir deux secondes à cet indice, si on regarde le sous-indice des nouvelles commandes, il est en hausse à 61.8 contre 59.9, et même le sous-indice de l’emploi progresse à 50.2 contre 49.1. Et la bonne nouvelle aussi, c’est que le sous-indice des prix a reflué à 71.5 contre 72.3, ce qui montre que le pic de l’inflation est derrière nous, sans doute, en tout cas aux Etats-Unis.
Mais qui dit hausse des taux, dit aussi hausse du dollar par rapport à l’euro, mais aussi et surtout par rapport au yen.
Mais aussi par rapport au yuan
Car malgré la volonté de la Banque centrale chinoise de limiter la baisse du yuan, ce dernier a continué de reculer sous l’effet évidemment de la force du dollar.
Mais aussi parce que les chiffres de la balance commerciale chinoise montrent, ou confirment, c’est comme on veut, le ralentissement de l’activité suite à une diminution de la demande étrangère, aux mesures de confinement et à la sécheresse qui perturbe aussi l’activité.
Conséquences, les exportations ont augmenté en taux annuel de 7.1% en août contre un taux de 18% en juillet, et les importations de 0.3% seulement contre 2.3% en juillet.
Il ressort donc que la demande intérieure ne redémarre pas, entravée par la crise du marché immobilier et par les mesures de confinement qui empêchent carrément toute consommation superflue.
La perspective d’une hausse des taux de 0.75% de la part de la FED, la hausse du dollar, les doutes sur la croissance en Chine, une récession qui ne fait plus l’ombre d’un doute en Europe, tout cela a de nouveau pesé sur le prix du baril malgré l’annonce de l’OPEP+.
Encore un mot sur les taux, la Banque centrale du Canada (BOC) va encore augmenter son taux de 0.75%, très probablement, cet après-midi, ce qui renforce encore un peu le dollar canadien par rapport à l’euro.
A propos de récession
En Europe, et en particulier en Allemagne, les chiffres confirment que nous n’échapperons pas à une récession. Ainsi, les commandes à l’industrie en Allemagne ont reculé de 1.1% en juillet, soit une chute de 13.6% par rapport à juillet 2021.
Et les mauvaises nouvelles ne devraient pas s’arrêter là étant donné que la production manufacturière, toujours en Allemagne, est attendue en recul de 0.5% aussi en juillet après une hausse de 0.4%.
A propos de mauvaise nouvelle
Les nouvelles prévisions du Bureau du plan pour l’inflation en Belgique ne sont pas réjouissantes, et en particulier concernant l’indice pivot. Alors qu’au mois de juillet, le Bureau du plan tablait sur une inflation de 8.5% cette année et de 4.4% l’année prochaine, il estime que les chiffres seront respectivement de 9.4% et de 6.5%.
Conséquence, sur base de ses prévisions, il table sur un indice pivot qui sera atteint en octobre 2022 et donc une hausse de 2% des salaires en novembre et décembre, sur un nouveau dépassement en décembre 2022 (donc hausse de 2% en janvier et février), un autre dépassement en février 2023 (donc de nouveau une hausse de 2% en mars et avril) et encore un dépassement en juillet (donc hausse de 2% en août et septembre).
C’est évidemment une très mauvaise nouvelle pour les entreprises surtout celles qui sont tournées vers l’exportation, mais même pour les autres dans ce contexte de hausse infernal des prix de l’énergie. Et c’est aussi une mauvaise nouvelle pour le budget de l’Etat et des régions.
Bonjour Mr Keppenne,
Il est clair depuis l’explosion des coûts de l’énergie que l’Europe est en nettement plus mauvaise posture que les américains ou asiatiques. Par conséquent, le risque de spirale négative autoalimentée s’accentue pour l’Europe : augmentation des coûts de production, hausse des prix, baisse de la consommation, réduction de production, baisse de l’emploi, baisse de l’Euro qui provoque une nouvelle augmentation des coûts de production, …
Comment casser cette spirale négative ?
Une révision éventuelle de la manière de calculer le prix de l’énergie serait-elle suffisante ?
Merci.
Bonjour Monsieur Geeroms,
Le problème actuel est bien la question du prix plutôt que celle de l’approvisionnement.
Si la Commission arrive donc à plafonner ce prix, cela pourrait peut-être casser cette spirale négative. En tout cas, les réactions ce matin sont positives.
Mais à moyen terme, il faudra repenser notre dépendance et absolument mettre en place une politique européenne dans le domaine de l’énergie.
Bonne journée.
Bernard Keppenne