En un an, tout a changé

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L’ascension des taux longs est repartie de plus belle avec la hausse du prix du gaz, qui a ravivé les craintes d’une inflation qui ne faiblirait pas rapidement.

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L’ascension des taux longs est repartie de plus belle avec la hausse du prix du gaz, qui a ravivé les craintes d’une inflation qui ne faiblirait pas rapidement.

Hausse des taux

Si la hausse du taux à 2 ans aux Etats-Unis et en Europe est encore limitée et que l’ensemble des taux reviennent vers leurs niveaux du mois de juin, en revanche, le taux à 2 ans en Grande-Bretagne s’est envolé. Il a en effet pris 0.20% sur une seule séance pour atteindre son niveau le plus élevé depuis novembre 2008 sur des anticipations de fortes hausses de taux de la part de la BOE d’ici la mi-2023.

Le prix du gaz n’est évidemment pas étranger à cette nouvelle poussée des taux, que cela soit en Grande-Bretagne ou en Europe. Car cette hausse va obliger, malgré le spectre de la récession, la BCE a encore durcir sa politique monétaire et une nouvelle hausse de 0.50% se profile pour la prochaine réunion.

Et ce lien entre le prix du gaz  et l’évolution du Bund 10 ans se marque particulièrement ces derniers jours, même si la hausse des taux se marquera plus sur le court terme à l’avenir en Europe.

Car la crainte d’une récession va pousser les investisseurs à acheter des obligations d’Etat, ce qui va faire baisser les rendements à long terme, alors que la hausse des taux va se marquer sur les taux courts. Nous allons donc assister dans les prochains mois à un aplatissement de la courbe en Europe, voire une inversion comme aux Etats-Unis.

Conséquence aussi de cette remontée des taux, et surtout au fur et à mesure que la date des élections en Italie se rapproche, le spread entre le Bund 10 ans et l’obligation italienne à 10 ans risque fort de repartir à la hausse. Car selon le dernier sondage, la droite et même l’extrême droite devrait l’emporter et risque de mener une politique de réduction des impôts qui pourrait s’opposer aux recommandations de la Commission et provoquer des tensions avec cette dernière.

Et pour finir sur ce point des taux, la hausse des taux aux Etats-Unis est aussi liée à l’attente du discours de Powell lors de la réunion de Jackson Hole et le ton sera diamétralement différent de celui d’il y a un an.

Car il y a un an, le taux de chômage se situait à 5.4% malgré de fortes créations d’emploi. Mais un an plus tard, le taux de chômage est à 3.5%, qui est considéré comme un niveau de plein emploi.

Car il y a un an, Powell estimait que l’inflation était confinée à «un groupe relativement étroit de biens et de services ». Mais un an plus tard, elle s’est propagée à un très large éventail de biens et de services et a finalement colonisé toutes les activités.

Car il y a un an, Powell estimait que la hausse des prix de certains biens allaient finalement diminuer. Mais il n’avait pas anticipé que les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement allaient perdurer aussi longtemps et que la demande allait se déplacer des biens vers les services provoquant une hausse des prix dans ce secteur.

Car il y a un an, Powell estimait que la croissance des salaires allait être modérée. Mais ces derniers ont fortement augmenté à plus de 5% et cela fait clairement craindre une spirale de hausse des prix et des salaires.

Car il y a un an, les ménages et les entreprises américaines partageaient le sentiment de Powell que l’inflation serait transitoire et que dans 5 ou 10 ans elle ne dépasserait pas le niveau des 2%. Mais cette perception a bien changé et les prévisions d’inflation ont été même au-delà des 3.60% obligeant d’ailleurs la FED à être plus agressive lors de ces deux dernières réunions.

Car il y a un an, l’inflation faible faisait partie de notre environnement, grâce ou à cause de la technologie, de la mondialisation, du vieillissement de la population et de l’abondance des liquidités injectées par les Banques centrales. Et Powell avait le sentiment que tout cela ne changerait pas. Mais tout a changé.

Et pour preuve

Ce matin, la Banque centrale de Corée du Sud a augmenté son taux de 0.25% pour le porter à 2.50%, tout en relevant ses prévisions d’inflation. Le gouverneur Rhee Chang-yong a déclaré que la lutte contre l’inflation demeurait la priorité de la Banque centrale, notant que les prévisions du marché selon lesquelles le taux atteindrait 2,75 % ou 3,00 % d’ici la fin de l’année « semblent toujours appropriées ».

Car la Banque centrale table désormais sur une inflation de 5.2% pour cette année contre 4.5% précédemment.

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