Un climat d’incertitude et de doute

Mode Expresso

Qu’est-ce qui a changé en un mois aussi bien en économie qu’en politique ou en géopolitique ? Rien et tout.

Mode Lungo

Qu’est-ce qui a changé en un mois aussi bien en économie qu’en politique ou en géopolitique ? Rien et tout.

La guerre en Ukraine

Une triste réalité amenée à durer, avec ses morts, ses souffrances, ses destructions. Le conflit est clairement devenu le théâtre de l’affrontement de deux blocs, de deux mondes. Et les conséquences économiques sont lourdes aussi bien pour la Russie que pour l’Europe, avec par exemple, une baisse de 3.9% de la production industrielle en Allemagne en mars après une hausse de 0.1%.

La question de nouvelles sanctions est sur la table et en particulier sur le pétrole russe. Rien de nouveau, les Européens mettent du temps à s’accorder.  Pour essayer de rallier la Hongrie et la Slovaquie, la Commission propose que ces deux pays puissent continuer à importer du pétrole par oléoduc jusqu’à la fin 2024, soit un an de plus que prévu initialement.

La conséquence de la mise en place probable de cet embargo est une nouvelle poussée de fièvre du prix du baril, alors que dans le même temps, l’OPEP+ n’a pas modifié son augmentation graduelle mais modeste de la production.

Le même Président

En France, c’est toujours Macron comme Président, mais la société française n’a jamais autant été divisée, clivée même. Il n’est pas exclu que son mandat soit marqué par un blocage total en fonction des résultats des élections de juin, alors qu’il avait la possibilité, avec ce deuxième mandat, de réformer en profondeur le pays.

La croissance française étant très dépendante de la consommation, la hausse des prix, des coûts de l’énergie et cette incertitude politique pèsent sur le moral des consommateurs. L’indice de confiance des consommateurs publiés par l’INSEE montre une chute très marquée de la confiance.

Et c’est là un énorme paradoxe de la situation économique que nous connaissons. D’un côté, les indices de confiance des consommateurs ont lourdement chuté, affectés par la guerre en Ukraine, par la hausse du prix des énergies, par la hausse des prix alimentaires, par la remontée des taux. La peur du lendemain explique tout à fait cette chute.

Et d’un autre côté, les indices de confiance des entreprises se maintiennent, voire même s’améliorent comme l’indice PMI des services en zone euro. Elles profitent de la levée des restrictions, pour le secteur des services, et certaines d’entre-elles parviennent à répercuter la hausse des coûts des intrants, des matières premières et de l’énergie. Mais l’environnement n’en est pas moins incertain, et de nouvelles sanctions, en particulier sur le pétrole, entraîneront des répercussions négatives.

La politique zéro-Covid

Rien n’a changé sur ce point en Chine et les conséquences sont toujours les mêmes. A contrario des indices PMI en zone euro, ces mêmes indices en Chine reflètent les inquiétudes des conséquences de cette politique.

Autres indices, les exportations de la Chine ont nettement ralenti en avril avec une progression de 3.9% en taux annuel contre un taux de 14.7% le mois précédent. C’est clairement le résultat des mesures de restriction, ce qui a  pour conséquences des goulots d’étranglement dans les ports et sur les autoroutes du pays. Ce qui n’arrange évidemment pas les problèmes dans les chaînes d’approvisionnement.

Le gros mot

On osait à peine l’évoquer mais le terme de stagflation n’est plus tabou. L’ensemble des éléments mis bout à bout créent un climat d’inflation et de ralentissement économique. Les chiffres des PIB du premier trimestre ont montré que même les Etats-Unis ont été touchés par ce ralentissement économique. Et la hausse du prix du baril ne va évidemment qu’accentuer encore un peu plus la hausse de l’inflation.

Le risque de stagflation est donc bien réel et met les Banques centrales dans l’embarras car elles n’ont pas d’autres choix que d’augmenter les taux pour contrer l’inflation, ce qui accentue le ralentissement économique. Et c’est clairement sur ce point que tout a changé. La Banque centrale d’Australie a augmenté ses taux beaucoup, mais alors beaucoup, plus vite que prévu. La BOE a poursuivi son resserrement, mais en plus s’est montrée très pessimiste sur la croissance et a, quelque part, cautionné le terme de stagflation. La FED a également resserré les conditions monétaires et les chiffres du chômage vendredi ont encore plus plaidé pour des hausses de taux.  Les créations d’emploi ont été de 428.000 contre 391.000 attendus, et surtout le salaire horaire affiche sur un an toujours une hausse significative à savoir de 5.5%.

Le changement de ton de la part des Banques centrales s’est même exprimé au sein de la BCE. Dernier en date, celui du gouverneur de la Banque de France qui estime que les taux de la BCE devraient être en territoire positif à la fin de l’année. En sachant que le taux des dépôts est actuellement de -0.50%, cela signifie au moins trois hausses de 0.25% d’ici la fin de l’année.

Conséquences, les taux longs se sont envolés aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe. Et si on regarde l’évolution de la courbe des taux aux Etats-Unis sur un mois, on constate cependant que c’est plus la partie courte de la courbe qui a connu la plus forte hausse.

Et les hausses de taux de la part des Banques centrales ne devraient évidemment pas s’arrêter là. Et ce contexte de risque important de stagflation n’est pas étranger aux fortes corrections des marchés boursiers sur le mois (les chiffres de variation dans le tableau ne sont évidemment pas la variation par rapport à vendredi). Et la perspective d’une hausse des taux encore plus agressive dans les prochains mois n’arrange évidemment pas les choses.

Donc rien n’a changé, mais tout a changé avec un contexte économique particulièrement délicat, qui va entrainer inéluctablement de nouvelles révisions à la baisse des chiffres de croissance.

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