Nouveau raidissement des taux

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De nouveaux propos de fermeté par rapport à l’inflation aux Etats-Unis ont entrainé une forte hausse des taux longs américains et par effet de ricochet du dollar, alors que l’euro est en même temps sous pression dans la perspective de nouvelles sanctions contre la Russie.

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De nouveaux propos de fermeté par rapport à l’inflation aux Etats-Unis ont entrainé une forte hausse des taux longs américains et par effet de ricochet du dollar, alors que l’euro est en même temps sous pression dans la perspective de nouvelles sanctions contre la Russie.

Forte tension sur les taux

Tout est parti de propos de Lael Brainard, gouverneure de la Réserve fédérale, qui a déclaré qu’elle s’attendait à ce qu’une combinaison de hausses des taux d’intérêt et d’une liquidation rapide du bilan amène la politique monétaire américaine à une “position plus neutre” dans le courant de l’année.

Lael Brainard a été on ne peut plus claire en estimant que « je pense que nous sommes tous absolument d’accord pour dire que l’inflation est trop élevée et qu’il est primordial de la faire baisser ».

Et que pour ce faire,  la Fed relèvera les taux “méthodiquement” et, dès le mois prochain, commencera à réduire son bilan et le fera plus rapidement que la dernière fois lorsque la Fed a réduit ses avoirs.

Ces propos extrêmement hawkish de la part de quelqu’un considéré habituellement comme dovish a surpris provoquant une forte correction sur les marchés boursiers, une hausse du dollar et une très forte hausse des taux en particulier sur la partie courte de la courbe avec un rendement du Treasury 2 ans qui a pris quasiment 0.20% en un jour.

Il faut dire que jusqu’à présent aucun membre de la FED n’avait évoqué de façon aussi précise la question de la réduction de la taille du bilan de la FED, réduction qui devait encore être discutée. Mais Brainard n’a pas été par quatre chemins en constatant que « étant donné que la reprise a été considérablement plus forte et plus rapide que lors du cycle précédent, je m’attends à ce que le bilan se réduise beaucoup plus rapidement que lors de la reprise précédente, avec des plafonds beaucoup plus importants et une période beaucoup plus courte pour introduire progressivement les plafonds maximums par rapport à 2017-19 ».

Mais si la bourse américaine a fortement chuté et entraine dans son sillage les autres bourses c’est évidemment parce que ces propos font craindre qu’une politique trop agressive de la FED n’entraine une récession. Et la forme de la courbe, avec des taux courts qui dépassent les taux longs reflète cette même crainte.

Evolution contrastée dans les services

Les indices PMI des services évoluent de façon inverse à l’évolution des contaminations et des mesures de restriction, ce qui est tout à fait logique.

Ce qui veut donc dire qu’en Chine, cet indice a connu une très forte chute qui l’a fait basculé nettement en dessous des 50, et à son niveau le plus bas depuis 2 ans.

Ce qui signifie que l’indice composite est passé de 50.1 à 43.9 indiquant donc que la nouvelle flambée de contaminations et de la politique de zéro Covid vont lourdement peser sur la croissance chinoise dans les prochains mois.

A contrario, les indices PMI des services en Europe reflètent l’espoir qu’a provoqué la fin des mesures de confinement pour ce secteur. On pourrait donc assister à une reprise importante de la demande pour les services au détriment des biens, ce qui pourrait peut-être alors un peu alléger les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et donc sur les prix.

En Grande-Bretagne, cet indice a très nettement progressé, même si les tensions inflationnistes devraient peser par la suite sur l’activité.

En zone euro, le constat est le même sauf en Espagne et en Italie où ces indices ont reculé. Mais selon Chris Williamson, économiste en chef chez S&P Global, qui publie ces indices, « la flambée des prix de l’énergie et des matières premières, liée à la guerre en Ukraine, conjuguée à une accentuation des difficultés d’approvisionnement, mettra toutefois à rude épreuve la bonne tenue actuelle de l’économie, d’autant que la confiance des entreprises quant à une croissance de leur activité dans l’année à venir s’est fortement détériorée ».

Et en Russie, cet indice s’est lourdement enfoncé en dessous des 50 sous l’effet bien évidemment du contexte géopolitique et des sanctions qui touchent directement le pouvoir d’achat des Russes.

Et à propos de tensions sur les prix

Le Bureau du Plan en Belgique estime que l’on devrait connaitre de nouveaux dépassements de l’indice pivot compte tenu de ses prévisions d’une inflation qui devrait être de 7.3% cette année et de 2.9% en 2023.

Selon donc ses calculs, l’indice pivot devrait être atteint en avril, ce qui entrainera une hausse de 2% des allocations sociales et des salaires dans la fonction publique en mai et en juin. Et l’indice pivot serait encore atteint en novembre, soit donc une nouvelle hausse de 2% en décembre et janvier 2023. Et ce n’est pas tout, cet indice serait encore dépassé en avril 2023, donc une nouvelle hausse de 2% en mai et juin 2023.

Euro sous pression

L’euro est sous pression d’une part parce que le dollar s’est renforcé après les propos de Brainard, d’autre part parce que l’Europe pourrait prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, sanctions qui pèsent sur l’économie européenne.

Ces sanctions visent à interdire les importations du charbon, du bois et des produits chimiques de Russie et d’interdire les exportations de semi-conducteurs, d’ordinateurs, de technologies pour le gaz naturel liquéfié et d’autres équipements électriques et de transport.

En plus, les navires et camions russes ne pourraient plus accéder à l’UE, ce qui paralyserait encore davantage les échanges commerciaux.

Toutes ces mesures sont encore modestes dans leurs impacts pour l’économie russe car l’Europe continue d’importer du gaz et du pétrole russe qui reste donc la manne financière.

Mais ces mesures ne sont pas sans conséquences pour l’économie européenne, ce qui explique le recul de l’euro, mais c’est bien le moins que l’on puisse faire au vu des atrocités commises en Ukraine.  

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