Attention aux chiffres en trompe-l’oeil sur l’emploi

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Les indicateurs économiques aux Etats-Unis vont-ils venir renforcer le scénario d’une FED plus agressive et plus déterminée à resserrer ses conditions monétaires ? Les chiffres du marché de l’emploi seront en tout cas un premier indicateur phare.

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Les indicateurs économiques aux Etats-Unis vont-ils venir renforcer le scénario d’une FED plus agressive et plus déterminée à resserrer ses conditions monétaires ? Les chiffres du marché de l’emploi seront en tout cas un premier indicateur phare.

Chiffres de l’emploi

Selon les prévisions, le taux de chômage devrait reculer à 4.1% contre 4.2% le mois passé, soit son niveau le plus bas depuis 22 mois. Les créations d’emplois devraient s’élever à 400.000 contre 210.000 en novembre, ce qui signifierait que 6.5 millions d’emplois auraient été créés en 2021. Un record certes, mais à relativiser vu la chute en 2020. N’oublions pas que l’emploi serait quand même inférieur d’environ 3.5 millions d’emplois par rapport à février 2020.

Mais ces chiffres sont peut-être en trompe-l’œil car Omicron n’avait pas encore atteint son niveau de croisière actuel, avec plus d’un million de contaminations par jour aux Etats-Unis, ce qui devrait plomber le marché de l’emploi pour le premier trimestre.

Cet impact se reflète déjà dans le recul très sensible de l’indice ISM non manufacturier qui est passé de 69.1 à 62, soit la plus forte chute sur un mois de cet indice. Il intègre bien évidemment les perturbations et contraintes provoquées par Omicron, en particulier dans le secteur aérien avec l’annulation des vols, mais aussi le tourisme et l’hôtellerie. Et le sous-indice sur l’emploi est également en recul en passant de 56.5 à 54.9.

Après les minutes de la dernière réunion de la FED, la question n’est plus de savoir si elle va augmenter ses taux, mais quand et surtout si elle va déployer d’autres moyens pour réduire le risque inflationniste ? Mais la position de la FED est délicate comme l’a souligné hier la présidente de la Fed de San Francisco, Mary Daly, « si nous agissons de manière trop agressive pour compenser l’inflation élevée causée par les déséquilibres de l’offre et de la demande, nous ne ferons pas grand-chose pour résoudre les problèmes de la chaîne d’approvisionnement, mais nous briderons absolument l’économie d’une manière qui se traduira par moins de création d’emplois à l’avenir ».

Après avoir encaissé ces minutes, les marchés vont donc se focaliser sur ces chiffres du marché de l’emploi.

Le spectre de l’inflation

Pour autant, l’inflation demeure un sujet d’inquiétude et les chiffres ne montrent pas d’accalmie.

Nous avons d’abord le prix du baril qui est reparti à la hausse pour trois raisons. La première, parce que l’OPEP+ a décidé de poursuivre son programme de réajustement en augmentant sa production de 400.000 barils par jour à partir de février. Pourquoi me direz-vous une hausse de la production entraine une hausse du prix du baril ? Parce que les membres de l’OPEP+ estiment que l’impact d’Omicron sur la demande sera très limité et que cette dernière devrait rester soutenue en 2022.

Les deux autres raisons sont les troubles au Kazakhstan, pays qui produit quand même 1.6 million de barils par jour, et une diminution de 500.000 barils par jour de la production libyenne pour cause de maintenance des oléoducs.

Ensuite, même si l’indice a baissé en décembre, mais sur l’ensemble de l’année, l’indice FAO des prix des produits alimentaires s’est établi à 125,7 points, soit pas moins de 28,1% de plus que l’année précédente. Et les perspectives ne sont pas très positives comme l’a souligné l’économiste de la FAO, M. Abdolreza Aabbassian, « normalement, des prix élevés devraient entraîner une hausse de la production, mais le coût des intrants, la pandémie mondiale actuelle et des conditions climatiques toujours plus incertaines ne laissent que peu de place à l’optimisme quant à un retour à des conditions de marché plus stables, y compris en 2022 ».

Et ce n’est pas tout. Les prix à la production ont augmenté de 1.8% dans la zone euro et de 2% dans l’UE de novembre 2021 par rapport à octobre 2021, soit un taux annuel de 23.7% pour les deux.

Bien évidemment cette hausse est en grande partie liée à la hausse du prix de l’énergie. Si on regarde le détail sur un an, les  prix à la production industrielle dans la zone euro ont augmenté de 66,0% dans le secteur de l’énergie, de 18,3% pour les biens intermédiaires, de 4,7% pour les biens de consommation durables, de 4,4% pour les biens d’investissements et de 3,8% pour les biens de consommation non durables. Les prix dans l’ensemble de l’industrie, à l’exclusion du secteur de l’énergie, ont augmenté de 9,8%. Et les plus fortes hausses ont été observées sur un an en Irlande (+87,9%), au Danemark (+51,7%) et en Roumanie (+40,4%).

Une toute petite éclaircie quand même, pour la première fois depuis juin, l’inflation en Allemagne a reculé en passant de 6% à 5.7% pour le taux d’inflation harmonisé, le fameux IPCH.

Sur l’ensemble de l’année 2021, ce taux a bondi à 3.2% contre 0.4% un an plus tôt. Bien évidemment des effets de base expliquent en partie cette hausse et ils devraient s’estomper en 2022. Mais pour autant, la décrue ne sera pas aussi importante que prévu initialement.

Ce petit recul de l’inflation en Allemagne devrait normalement s’observer aussi en zone euro où on attend un taux de 4.7% en décembre contre 4.9% le mois passé.

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