Le diable se cache dans les détails. Et cela à propos des chiffres du chômage aux Etats-Unis qui ont exclu toute baisse des taux de la part de la FED en juillet, provoquant une hausse des rendements obligataires.

Le plein emploi, vraiment ?
Le diable se cache dans les détails. Et cela à propos des chiffres du chômage aux Etats-Unis qui ont exclu toute baisse des taux de la part de la FED en juillet, provoquant une hausse des rendements obligataires.
Tout faux
Les prévisions se sont complètement trompées, le marché de l’emploi aux Etats-Unis se porte très bien.
Non seulement, l’économie américaine a créé 147.000 emplois en juin contre 144.000 en mai, le taux de chômage a reculé, et non pas augmenté comme attendu, en passant de 4,2% à 4,1%.
Résultat, envolé le moindre espoir de voir la FED baisser ses taux en juillet, ce qui a provoqué une forte hausse des rendements obligataires aux Etats-Unis, en particulier celui du 2 ans. Et ce matin, la tendance reste de mise après le vote de la belle et grande loi budgétaire qui va aggraver le déficit dans les prochaines années.

Mais revenons aux chiffres. D’abord quand on creuse, on constate que le secteur des services est à l’origine de 91,9 % des 74.000 créations d’emplois dans le secteur privé.
Et deuxième constat, les effectifs du gouvernement ont augmenté de 73.000, une hausse inattendue à la lumière des licenciements massifs de ces derniers.
Deuxième réflexion, le salaire horaire, en taux annuel, a augmenté de 3,7% contre 3,9% attendu, ce qui reflète un marché de l’emploi moins tendu, et dès lors moins de marge de manœuvre pour les salariés de négocier des hausses de salaires alors que les prix pourraient repartir à la hausse.
Troisième réflexion, le taux de chômage a reculé à 4,1%, mais dans le même temps, le taux d’emploi a aussi reculé, tombant à 62,3%, soit son niveau le plus bas depuis décembre 2022.

Ce phénomène s’explique par le fait du ralentissement de la croissance de la population active, ce qui, à l’avenir, entraînerait une baisse du taux de chômage, alors que le nombre de chômeurs pourrait augmenter.
Pas simple de tirer des conclusions
D’autant plus que l’indice ISM non manufacturier a montré que l’emploi s’est contracté dans ce secteur en juin.

Certes, l’indice global a progressé en passant de 49,9 en mai à 50,8 en juin, grâce à un rebond des nouvelles commandes, mais la mesure de l’emploi est tombée à 47,2 contre 50,7 en mai.
Et l’ISM a noté que « tous les emplois à pourvoir, qu’il s’agisse d’un nouveau poste ou du remplacement d’un poste existant, font l’objet d’un examen plus approfondi ».
Mais depuis la crise Covid, les entreprises continuent de thésauriser les travailleurs, de peur de ne pas pouvoir les retrouver par la suite, ce qui permet au marché de l’emploi de fonctionner et à l’économie dans son ensemble d’échapper à la récession.
Mais la stagflation menace, car le sous-indice des prix s’est envolé en passant de 67,5 à 68,7.
Droits de douane
Et cette hausse des prix pourrait encore s’accentuer alors que Trump a annoncé hier que Washington commencerait à envoyer des lettres aux pays vendredi.
Oubliés les accords individuels pour le 9 juillet, et reconnaissant la complexité des négociations avec plus de 170 pays, il a déclaré à la presse, que les lettres seraient envoyées à 10 pays à la fois et qu’elles indiqueraient des taux de droits de douane de 20 à 30 %.
Avec cependant la possibilité qu’une centaine de pays, des petits pays en majorité, bénéficieraient d’un tarif de 10%.
Résultat, à part un accord avec la Grande-Bretagne, un accord normalement avec le Vietnam, et un accord cadre avec la Chine, tout relatif, pour les autres pays c’est l’inconnu le plus totale.
Il semblerait qu’un accord avec l’Inde serait proche, en revanche, avec le Japon et la Corée du Sud les discussions seraient dans une impasse.
La tension risque fort d’augmenter à l’approche de la date fatidique du 9 juillet, avec un risque d’escalade en cas d’échec d’accord pour l’UE, en particulier.
Quant à la belle et grande loi !
Elle a finalement été votée par la Chambre des représentants, à 218 contre 214 voix, prolongeant les réductions d’impôts du premier mandat de Trump, mais réduisant les programmes de santé et de sécurité alimentaire et annulant des dizaines de mesures incitatives en faveur des énergies vertes.
Résultat, selon le Congressional Budget Office, un organisme non partisan, cela ajouterait 3.400 milliards de dollars à la dette nationale de 36.200 milliards de dollars.
Tous les démocrates du Congrès ont voté contre ce projet de loi, qu’ils ont qualifié de cadeau aux riches et qui laisserait des millions de personnes sans assurance.
Elément important dans ce texte de 869 pages, la loi relève le plafond de la dette américaine de 5.000 milliards de dollars, ce qui écarte la perspective d’un défaut de paiement à court terme.
