La tension sur les taux longs s’accentue

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Les propos de l’économiste en chef de la BoE, Huw Pill, que j’évoquais hier, ont trouvé un écho très particulier après les publications des chiffres d’inflation en Grande-Bretagne.

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Les propos de l’économiste en chef de la BoE, Huw Pill, que j’évoquais hier, ont trouvé un écho très particulier après les publications des chiffres d’inflation en Grande-Bretagne.

Inflation en Grande-Bretagne

En effet, cette dernière a connu une forte hausse au mois d’avril faisant dès lors douter des possibilités pour la BoE de pouvoir fortement baisser ses taux.

L’inflation a atteint son niveau le plus élevé depuis janvier 2024 à 3,5% contre 2,6% en mars, affichant même sa plus forte hausse d’un mois à l’autre depuis 2022.

La probabilité d’une baisse de taux durant l’été s’est fortement réduite, ce qui se reflète dans la remontée du rendement de l’obligation à 2 ans en sterling.

D’autant plus, que l’inflation des prix des services a bondi à 5,4 % en taux annuel en avril, dépassant toutes les prévisions. En hausse de 2,2% d’un mois à l’autre, il s’agit de la plus forte hausse mensuelle depuis 34 ans.

Les facteurs sont nombreux, dont la hausse des tarifs aériens suite aux vacances de Pâques, mais aussi une augmentation des prix du gaz, de l’électricité et de l’eau, ainsi que la hausse des impôts sur les employeurs.

C’est évidemment là que prend tout son sens les propos de Huw Pill, qui estimait que le rythme des réductions des taux d’intérêt avait été trop rapide compte tenu des pressions salariales encore fortes sur l’inflation.

Hausse des taux longs

Alors que les marchés boursiers affichent une baisse générale, les rendements obligataires sont en hausse, et même en hausse assez sensible, ce qui évidemment un peu contradictoire.

Si je prends le rendement de l’obligation en sterling à 30 ans ainsi que celle en dollar sur la même période, la hausse est générale, avec un Treasury 30 ans qui a dépassé le seuil des 5%.

Pour les taux en Grande-Bretagne, la hausse de l’inflation n’est évidemment pas étrangère à cette hausse. Pour les Etats-Unis, la perte du rating AAA a renforcé les inquiétudes sur la santé budgétaire des Etats-Unis et le fait qu’il n’y a pas encore d’accord sur le projet de loi en discussion pour le moment à la Chambre des représentants augmente les tensions.

Mais cette hausse des taux longs concerne aussi les taux obligataires au Japon, qui se sont fortement tendus après une adjudication qui n’a pas trouvé beaucoup de preneurs.

La crainte d’un scénario d’un ralentissement de l’économie dans un contexte de forte hausse de l’endettement explique ces tensions sur les taux obligataires, et, que cela soit les Etats-Unis, le Japon, ou les pays européens, ils sont tous logés à la même enseigne, à savoir des endettements élevés et des besoins de financement qui le sont tout autant.

Pour revenir sur le cas du Japon, où le rendement de l’obligation à 30 ans a atteint un sommet historique, le contexte est un peu particulier, marqué par une Banque centrale qui devrait encore augmenter ses taux, et qui a réduit fortement ses achats d’obligations, ce qui explique cette envolée des taux longs.

Pour le moment, la BOJ laisse les marchés fixer les taux d’intérêt à long terme, tout en se laissant une certaine flexibilité pour modifier le montant de ses achats d’obligations en cas de fluctuations soudaines du marché, tout en sachant que toute intervention pourrait être perçue comme un signal d’inquiétude.

Aux Etats-Unis, l’adjudication, hier, d’une vente de 16 milliards de dollars d’obligations à 20 ans a également été accueillie fraichement, et même si elle ne peut pas être interprétée comme pour le Japon, elle est le reflet d’une inquiétude des investisseurs sur le fardeau de la dette.

L’adjudication s’est faite à 5,047%, ce qui a entrainé une hausse du rendement de l’obligation à 20 ans dans le marché à 5,10% après cette dernière.

Pas de reprise en vue

Décidemment, les indicateurs au Japon sont tous décevants, dernier en date, l’indice PMI manufacturier qui est resté en territoire négatif.

Même s’il a légèrement progressé, il demeure pour le 11e mois en territoire négatif, et même s’il est resté en territoire positif, l’indice PMI des services a atteint son niveau le plus bas depuis janvier 2021.

Conséquence, l’indice PMI composite est passé de 51,2 en avril, à 49,8 en mai, ce qui complique encore un peu plus la tâche de la BOJ.

Ces indices PMI seront également publiés aujourd’hui en zone euro, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, et sont tous attendus à un niveau relativement stable, les entreprises se montrant très circonspectes dans le contexte d’incertitude que nous connaissons.

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