La FED ne va vraiment pas se presser

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Les chiffres d’inflation aux Etats-Unis sont venus confirmer que la poursuite de la détente monétaire de la part de la FED n’aura pas lieu tout de suite, confirmant les propos de Powell.

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Les chiffres d’inflation aux Etats-Unis sont venus confirmer que la poursuite de la détente monétaire de la part de la FED n’aura pas lieu tout de suite, confirmant les propos de Powell.

Inflation américaine

L’inflation s’est accélérée d’un mois à l’autre, avec une hausse de 0.5%, soit un taux annuel qui est passé de 2.9% à 3% en janvier. L’inflation sous-jacente a connu une hausse de 0.4% d’un mois à l’autre, soit un taux annuel qui a progressé de 3.2% à 3.3%.

Il n’en fallait évidemment pas plus pour que certains commencent à tabler sur une baisse des taux qui n’interviendrait pas avant le mois de septembre.

Powell qui s’exprimait juste après la publication de ces chiffres estime « nous sommes proches de (la cible de) l’inflation, mais nous n’y sommes pas encore. Les chiffres de l’inflation publiés aujourd’hui (…) disent la même chose. Nous avons fait de grands progrès (…) mais nous n’y sommes pas encore tout à fait ».

Et de rajouter « nous voulons maintenir une politique restrictive pour l’instant ».

Ces chiffres, ainsi que les propos de Powell, ont provoqué une hausse des rendements obligataires, car alors que l’inflation montre des signes de velléité de repartir à la hausse, de nouveaux tarifs douaniers risquent d’encore accentuer cette hausse.

Recul du dollar

Assez curieusement, si on se focalise uniquement sur le fait que la FED risque fort de remettre à bien plus tard sa prochaine baisse de taux, compte tenu de la hausse des taux obligataires, le dollar aurait dû se renforcer, et il n’en est rien (le graphique reprend l’évolution du dollar par rapport à un panier de devises).

Ce recul du dollar, ainsi que la hausse des bourses asiatiques et des futures en Europe, tient aux espoirs d’un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie, même si ce dernier se fera sans l’aval des Européens.

La chute de plus de 2% du prix du baril s’explique pour les mêmes raisons, même si les réactions semblent exagérément optimistes.

De ce que l’on sait, l’accord comprendraient des engagements de la part des Ukrainiens à ne pas demander l’adhésion à l’OTAN et à céder des territoires, mais sans réels engagements de la part de la Russie.  

Par contre, le dollar s’est renforcé par rapport au yen, ce qui explique la hausse du Nikkei, Nikkei qui a été mis sous pression depuis le début de l’année à cause de la remontée des taux par la BOJ, et par effet de ricochet de la hausse du yen.

Alors que les élections approchent

En effet, c’est dans 10 jours que se tiendront les élections en Allemagne, et compte tenu du contexte économique interne et internationale, elles seront cruciales.

Dans ce contexte, il faut s’arrêter sur les propos de Joachim Nagel, le président de la Bundesbank.

Il est d’abord revenu sur le taux neutre, dont j’ai déjà parlé ces derniers jours, pour en minimiser l’importance, arguant qu’il n’était pas très utile étant donné l’incertitude quant à son niveau exact.

N’empêche, pour lui « plus nous nous rapprochons du taux neutre, plus il devient approprié d’adopter une approche graduelle ». Pour rappel, selon l’étude de la BCE, le taux neutre se situerait entre 1.75% et 2.25%, mais cette fourchette se doit d’être prise avec beaucoup de prudence étant donné les incertitudes qui entourent les modèles de prévision.

Il a mis en garde sur les attentes actuelles des marchés sur la poursuite de la baisse des taux de la part de la BCE, sans pour autant fermer la porte, en déclarant « nous ne devrions pas être trop optimistes au moment de la prochaine décision sur les taux ».

Plus fondamental, Nagel, a indiqué que la Bundesbank souhaitait une révision du fameux frein à l’endettement, car sans cela, il existe un « risque élevé » de perte supplémentaire de compétitivité économique, a-t-il déclaré.

« Je pense que le frein à l’endettement fiscal devrait être réformé » et pour lui il ne faut pas se contenter de petits changements.

Dans un entretien accordé à Reuters par Boris Vujcic, gouverneur de la Banque centrale croate, publié ce matin, ce dernier abonde dans le même sens que Nagel, en faisant référence aux attentes des marchés, qui tablent sur trois baisses de taux, a déclaré « compte tenu des informations dont nous disposons aujourd’hui et du fait que l’inflation évolue conformément à nos prévisions, ces attentes ne sont pas déraisonnables. Mais comme je l’ai dit, nous approchons d’une période critique. Pour que ces réductions de taux se concrétisent, nous devons observer un ralentissement de l’inflation de base et de l’inflation des services. Les trois prochains mois seront donc très instructifs en termes de données économiques ».

Dans cet entretien, il revient sur le taux neutre et ce qu’il en dit est, je trouve, amusant. Vujcic déclare en effet « le taux neutre est un bon concept théorique, car il permet de réfléchir à l’économie et à l’impact de la politique monétaire. Mais ce concept n’est pas le moteur de l’élaboration des politiques. Nous ne vivons pas dans un monde où nous pouvons affirmer avec une certitude absolue où se trouve le taux neutre et fixer un calendrier pour y parvenir. La neutralité est à la fois incertaine et changeante ».

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