Le nouveau mantra des Banques centrales est devenu maintenant « plus haut pour plus longtemps, et après la BCE, c’est au tour de la FED de l’avoir martelé.
La FED croit à un atterrissage en douceur
Le nouveau mantra des Banques centrales est devenu maintenant « plus haut pour plus longtemps, et après la BCE, c’est au tour de la FED de l’avoir martelé.
Décisions de la FED
Après l’annonce, sans surprise, d’un statu quo, la FED n’en a pas moins surpris les marchés sur trois points.
Premier point, si on se base sur les fameux dot plots, la FED pourrait encore relever ses taux cette année pour les porter à 5.50%-5.75%, décision qui pourrait intervenir lors de la réunion de décembre.
Deuxième point, et toujours sur base des dot plots, la baisse des taux n’interviendra pas rapidement en 2024, et sera plus limitée que le laissaient entendre les précédentes prévisions.
Et troisième point, la FED a revu à la hausse ses prévisions de croissance et à la baisse celles pour le chômage, indiquant par cela qu’elle se montre plus confiante dans le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine.
Les conséquences de ces trois surprises ne sont pas neutres et les réactions des marchés se sont amplifiées au fur et à mesure des annonces. Le dollar sort renforcé parce que les taux se sont tendus, que cela soit celui à 2 ans ou 10 ans. Et bien évidemment, les bourses n’ont pas du tout apprécié la perspective d’une nouvelle hausse des taux encore cette année, et quasiment aucune baisse l’année prochaine.
On peut clairement parler d’un discours « hawkish » de la part de Powell, qui a rappelé que « les gens détestent l’inflation. Ils la détestent », pour justifier son ton ferme.
Et ce ton ferme est évidemment possible parce que l’économie américaine demeure solide avec une croissance de l’emploi encore forte. En effet, la FED a revu à la hausse ses prévisions de croissance à 2.1% pour cette année (1% précédemment), à 1.5% pour 2024 (1.1%) et un taux de 1.8% pour 2025 (inchangé). Concernant le chômage, la FED prévoit pour cette année un taux de 3.8% (4.1%), de 4.1% en 2024 (4.5%), et de 4.1% aussi en 2025 (4.5%).
Et sur le front de l’inflation, elle a légèrement revu ses prévisions à la hausse, à 3.3% pour cette année (3.2%), à 2.5% pour 2024 (2.5%), et 2.2% pour 2025 (2.1%), l’inflation revenant à 2% seulement en 2026.
Et sur ce retour de l’inflation vers l’objectif, et pour justifier ces changements, Powell a souligné que « nous voulons voir des preuves convaincantes que nous avons atteint le niveau approprié de taux d’intérêt pour ramener l’inflation à l’objectif de 2 % de la Fed ».
En se basant sur les dot plots, les taux de la FED devraient revenir à 5.1% fin de l’année prochaine, avec une inflation prévue à 2.5%, ce qui implique que le taux réel sera plus élevé qu’actuellement, ce qui signifie une politique monétaire plus restrictive.
Et point très important, ces décisions de la FED ont été approuvées à l’unanimité.
Que va faire la BOE ?
D’abord, la Banque nationale Suisse devrait augmenter son taux de 0.25% pour le porter à 2%, tout comme les Banques centrales de Suède et de Norvège qui devraient porter leur taux respectivement à 4% et 4.25%.
Pour la BOE, la décision est plus incertaine après la baisse surprise de l’inflation hier. Alors que l’on tablait sur une hausse, l’inflation globale est tombée à 6.7% en août contre 6.8% en juillet, soit son niveau le plus faible depuis février 2022.
Mais c’est surtout l’inflation de base qui a fortement reculé, passant de 6.9 % en juillet à 6.2 %, grâce à un recul des prix dans le secteur des services.
C’est clairement une bonne nouvelle, parce qu’avec un taux global à 6.7%, l’inflation se rapproche du niveau de 5 % que la BOE prévoit pour les mois à venir.
Mais il demeure bien éloigné de son objectif et est le plus élevé du G7. En tout cas, le marché a changé son fusil d’épaule et a revu nettement à la baisse la probabilité d’une hausse après ce chiffre, ce qui explique le recul du sterling, et du taux à 2 ans.
Compte tenu du niveau encore trop élevé, je table cependant encore sur une hausse ce jeudi, ce qui porterait le taux à 5.50%, et je parie que le message distillé après la réunion sera « plus haut pour plus longtemps ».
Un pas plus loin
La Banque centrale du Brésil a réduit son taux de 0.50% à 12.75%, après une première baisse en août, et elle entend bien poursuivre sur ce rythme dans les prochains mois.
Comme le laisse entendre sans ambiguïté le communiqué, « les membres du Comité anticipent unanimement de nouvelles réductions de la même ampleur lors des prochaines réunions ».
Mais elle a insisté sur le projet du gouvernement d’effacer le déficit budgétaire d’ici 2024, car « étant donné l’importance de la réalisation des objectifs budgétaires déjà fixés pour l’ancrage des anticipations d’inflation, et donc pour la conduite de la politique monétaire, le Comité renforce l’importance de poursuivre fermement ces objectifs ». Lire à ce propos, l’étude de mon collègue Lieven Noppe que j’ai publiée hier après-midi sur mon blog sur l’importance de la politique budgétaire dans la lutte contre l’inflation.
La Banque centrale a revu légèrement à la hausse sa prévision d’inflation à 5% pour cette année contre 4.9% précédemment, à 3.5% en 2025 (3.4%), et à 3.1% en 2025 (3%), en sachant que son objectif est de 3.25%.