Virage en vue de la politique monétaire de la BOJ ? En tout cas la désignation de l’universitaire Kazuo Udea comme nouveau gouverneur est peut-être un signal.
Au Japon, pas d’âge pour la retraite
Virage en vue de la politique monétaire de la BOJ ? En tout cas la désignation de l’universitaire Kazuo Udea comme nouveau gouverneur est peut-être un signal.
Nouveau gouverneur
Manifestement pour être gouverneur de Banque centrale il faut au moins avoir déjà un certain âge. Car Ueda vient rejoindre la liste des banquiers centraux qui normalement devraient être à la retraite, puisqu’il y a 71 ans.
Ueda a été par le passé membre du conseil des gouverneurs de la BOJ et a été un artisan de la politique d’achats d’actifs à l’époque où le Japon était en déflation. Mais ce choix pourrait indiquer une inflexion de la politique monétaire de la BOJ dans les prochains mois, sans provoquer à ce stade de réactions particulières dans les marchés.
Ce nouveau gouverneur n’aura pas la tâche facile car l’économie nippone est fragile comme l’ont montré les chiffres du PIB publiés ce matin. Après un troisième trimestre marqué par une contraction de 1% du PIB, ce dernier a progressé de 0.6% en taux annuel au quatrième trimestre, soit un taux largement en-dessous des prévisions.
Au moins le Japon a échappé à la récession, mais la reprise a été essentiellement le fait de la consommation privée alors que les exportations souffrent du ralentissement de l’économie mondiale.
Sur l’ensemble de l’année 2022, la croissance a été de 1.1% contre 2.1% en 2021, chiffres qui sont largement inférieurs à ceux observés en Europe et aux Etats-Unis pour les mêmes périodes.
Commission européenne plus optimiste
Le débat qui anime les discussions dans les marchés financiers pour le moment, en dehors de l’inflation évidemment, est de savoir si nous allons vers une récession ou un ralentissement. Je l’évoquais dans un article de la Libre Eco ce week-end et me montrait un peu plus optimiste.
C’est le cas également de la Commission européenne qui a revu ses prévisions de croissance à 0.9% dans la zone euro pour cette année contre 0.3% précédemment. Et elle estime que normalement la zone euro et l’UE devraient éviter la récession technique cette année.
Pour expliquer cette révision positive, la Commission parle de résilience accrue, mais c’est aussi suite à la baisse du prix du gaz et également le fait que « le marché du travail de l’UE a continué d’enregistrer de bons résultats, avec un taux de chômage qui est demeuré à son plus bas historique (6,1 %) jusqu’à la fin de 2022. La confiance s’améliore, et les enquêtes de janvier indiquent que l’activité économique devrait aussi échapper à une contraction au premier trimestre de 2023 ».
Concernant l’inflation, la Commission table sur un taux de 5.6% en 2023 et de 2.5% en 2024 pour la zone euro.
Et globalement, la Commission se montre plus optimiste car elle estime que les risques pesant sur les perspectives sont plus équilibrés.
Pour la Belgique spécifiquement, la Commission table sur une croissance de 0.8% en 2023 et de 1.6% en 2024, et pour l’inflation sur un taux de 4.3% en 2023 et de 2.7% en 2024.
Toujours à propos de l’inflation
L’inflation en Suisse s’est inscrite à 3.3% en janvier, soit un taux plus élevé que prévu et supérieur à celui de décembre qui était de 2.8%, suite à une hausse de 0.6% du taux mensuel.
L’inflation de base, qui exclut les éléments volatils comme les prix des carburants et des denrées alimentaires, est restée stable par rapport à décembre et a augmenté de 2.2 % par rapport à janvier 2022.
La BNS devrait encore augmenter ses taux de 0.50% lors de sa réunion de mars, mais comme l’inflation de base se stabilise elle pourrait par la suite laisser ses taux inchangés.
Le chiffre d’inflation sera aussi publié cet après-midi aux Etats-Unis et c’est pas peu dire que ce chiffre est attendu avec une certaine appréhension même si les bourses se sont montrées plutôt optimistes hier.
D’un mois à l’autre, l’inflation aurait progressé de 0.5%, soit en taux annuel elle passerait de 6.5% à 6.2%. L’inflation de base aurait augmenté de 0.4% d’un mois à l’autre, soit un taux annuel qui passerait de 5.7% à 5.5%.
Mais, comme je l’indiquais hier, les chiffres de l’inflation ont été révisés à la hausse pour les deux derniers mois ce qui pourrait avoir comme conséquence que le taux pourrait être plus élevé.
Même si les chiffres publiés cet après-midi se révèlent conformes aux attentes, cela ne devrait pas empêcher la FED d’encore augmenter les taux, ce qu’a rappelé Michelle Bowman, gouverneur de la Fed. « Je m’attends à ce que nous continuions à augmenter le taux des fonds fédéraux parce que nous devons ramener l’inflation à notre objectif de 2% et, pour ce faire, nous devons mieux équilibrer l’offre et la demande ». Elle rejoint ainsi la série déjà impressionnante de membres de la FED qui ont plaidé pour une poursuite de la hausse des taux.