Entre brouillard américain et ombres chinoises

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Le doute s’insinuant de plus en plus sur la probabilité d’une baisse des taux de la part de la FED en décembre, cela a provoqué une baisse concomitante du dollar, des bourses, et du bitcoin, avec en contrepartie une hausse des taux et de la volatilité.

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Le doute s’insinuant de plus en plus sur la probabilité d’une baisse des taux de la part de la FED en décembre, cela a provoqué une baisse concomitante du dollar, des bourses, et du bitcoin, avec en contrepartie une hausse des taux et de la volatilité.

Doute

J’ai déjà évoqué, ces derniers jours, les propos de certains membres de la FED qui ont exprimé leur doute sur l’opportunité, à ce stade, de baisser les taux étant donné le brouillard qui entoure l’état de l’économie américaine.

Ces doutes ont encore été exprimés hier, ce qui a fait passer la probabilité d’une baisse des taux sous la barre des 50%, ce qui explique la correction assez sensible des marchés boursiers.

Dernière intervention en date, celle de la présidente de la FED de San Francisco, Mary Daly, qui était jusqu’à présent une fervente partisane des baisses de taux, a déclaré « j’ai l’esprit ouvert, mais je n’ai pas encore pris de décision définitive sur ce que je pense, et j’ai hâte de débattre avec mes collègues ».

Pour le président de la FED de Minneapolis, Neel Kashkari, le message est plus clair, « nous avons une inflation encore trop élevée, qui tourne autour de 3 %. Certains secteurs de l’économie américaine semblent se porter à merveille. Certains secteurs du marché du travail semblent être sous pression ».

Et la présidente de la FED de Boston, Susan Collins, devient aussi plus prudente, estimant que « en l’absence de preuves d’une détérioration notable du marché du travail, j’hésiterais à assouplir davantage la politique monétaire, en particulier compte tenu des informations limitées sur l’inflation en raison de la fermeture du gouvernement ».

Et de rajouter que le taux directeur devra probablement rester en suspens « pendant un certain temps ».

Plusieurs de ces propos rejoignent la prudence de Powell exprimée lors de sa conférence de presse où il avait souligné qu’une nouvelle baisse des taux était « loin d’être assurée ».

Résultat, le doute se distille comme un poison, ce qui a fait légèrement remonter le taux à 10 ans, mais a surtout provoqué une correction des bourses.

Sterling encore plus sous pression

Le sterling a encore accentué son recul par rapport à l’euro, plombé en plus du reste évoqué hier par un chiffre décevant du PIB.

En effet, l’économie n’a progressé que de 0,1% au troisième trimestre, contre une hausse de 0,3% au deuxième trimestre, en grande partie à cause de la cyberattaque contre Jaguar Land Rover.

Selon les chiffres publiés hier, la production d’automobiles a chuté de 28,6% en septembre, Jaguar possédant trois usines produisant en temps normal 1.000 voitures par jour.

Ce simple fait explique pourquoi l’économie s’est contractée de 0,1% en septembre, ce qui a tiré vers le bas la croissance du troisième trimestre.

Ce chiffre renforce évidemment le scénario d’une baisse des taux en décembre, ce qui explique le recul du sterling. Mais aussi parce que la situation politique est plus que confuse.

Selon le Financial Times, le Premier ministre britannique Keir Starmer et la ministre des Finances Rachel Reeves auraient abandonné leur projet d’augmenter les taux d’imposition sur le revenu.

Même si, jusqu’à présent, ils s’étaient bien abstenus de dévoiler le moindre plan incluant des hausses d’impôts, ces dernières étaient pressenties, ce qui signifie que leur abandon serait un fameux changement de cap quelques semaines avant la publication du budget du gouvernement le 26 novembre, ce qui traduirait une grande fébrilité.

L’économie chinoise souffre

L’année 2025 est sous le signe du serpent, mais il a un peu tendance à se traîner au regard des derniers indicateurs publiés ce matin.

En effet, la production industrielle a augmenté de 4,9 % en taux annuel en octobre, soit le rythme annuel le plus faible depuis août 2024, contre une hausse de 6,5 % en septembre.

Autre indice, les ventes au détail ont augmenté de 2,9 % le mois dernier, ce qui représente également le rythme le plus faible depuis le mois d’août de l’année dernière, contre une hausse de 3,0 % en septembre.

Fu Linghui, porte-parole du Bureau National des Statistiques, a reconnu que « l’environnement extérieur reste marqué par l’instabilité et l’incertitude, tandis que les ajustements structurels intérieurs sont soumis à une pression considérable ».

L’environnement extérieur c’est évidemment la hausse des tarifs douaniers qui a provoqué une chute des exportations, alors que les mesures pour soutenir la consommation intérieure tardent à faire ressentir leurs effets.

D’autant plus que le marché immobilier ne montre pas de signes d’amélioration, avec une baisse de 0,5% en taux mensuel des prix des logements neufs en octobre, soit la plus forte baisse depuis un an. Résultat, sur un an, les prix ont baissé, comme en septembre, de 2,2%.

Et ce n’est pas tout, puisque les investissements immobiliers ont chuté de 14,7 % au cours des dix premiers mois, après une baisse de 13,9 % au cours des trois premiers trimestres.

Et les ventes de biens immobiliers ont chuté de 6,8 % en taux annuel, contre une baisse de 5,5 % au cours des neuf premiers mois.

Les autorités vont devoir prendre de nouvelles mesures de soutien, probablement au début de l’année prochaine, dont une baisse probable des taux. Mais elles tardent à soutenir la demande intérieure, qui demeurera faible tant que le marché immobilier ne montrera pas de signes d’amélioration.

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