Mieux que prévu, mais loin du compte

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Le pire a été évité selon les dernières prévisions du FMI, qui a revu à la hausse ses prévisions de croissance mondiale, prévisions qui vont être le fil conducteur du jour de ce billet.

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Le pire a été évité selon les dernières prévisions du FMI, qui a revu à la hausse ses prévisions de croissance mondiale, prévisions qui vont être le fil conducteur du jour de ce billet.

Prévisions du FMI

Pour le FMI, la croissance mondiale sera de 3,2% cette année, contre 3% en juillet, et de 3,1% en 2026, inchangée par rapport à ses prévisions de juillet.

Pour expliquer cette révision, le FMI met en avant des droits de douane moins élevés que prévu, mais aussi un secteur privé qui s’est rapidement adapté à ce nouveau contexte, un dollar faible et les investissements dans l’IA.

Ce qui a fait dire à Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, « en résumé, la situation n’est pas aussi grave que nous le craignions, mais elle est pire que ce que nous avions prévu il y a un an, et pire que ce dont nous avons besoin ».

Mais si la bataille commerciale recommence entre les Etats-Unis et la Chine, « de toute évidence, si cela devait se matérialiser, ce serait un risque très important pour l’économie mondiale », a déclaré Gourinchas.

Pour les Etats-Unis

Pour le FMI, les perspectives des États-Unis restent solides, avec une croissance de 2,0 % en 2025, ce qui représente une légère amélioration par rapport au taux de 1,9 % prévu en juillet. Et pour 2026, la croissance est attendue à 2,1%.

La vision de Powell est-elle la même, lui qui s’est exprimé hier, dernière intervention avant la réunion de la FED fin du mois ?

Powell a d’abord reconnu le dilemme économique qui a divisé les responsables de la FED de manière presque égale entre ceux qui s’inquiètent le plus d’une inflation toujours élevée et potentiellement croissante, et ceux qui craignent que le marché de l’emploi ne soit confronté à une baisse rapide de son niveau.

Il a constaté qu’ « il y a une certaine tension entre les données du marché du travail – nous voyons des niveaux très bas de création d’emplois – et le fait que les gens dépensent. Nous allons devoir voir comment cela va se passer ».

Et de rajouter « sur la base des données dont nous disposons, il est juste de dire que les perspectives en matière d’emploi et d’inflation ne semblent pas avoir beaucoup changé depuis notre réunion de septembre il y a quatre semaines. Les données disponibles avant le shutdown montrent toutefois que la croissance de l’activité économique pourrait être sur une trajectoire un peu plus ferme que prévu ». Rejoignant en cela les prévisions du FMI.

Concernant l’absence de données, Powell a minimisé cet état de fait, « bien que les données officielles sur l’emploi pour le mois de septembre soient retardées, les données disponibles suggèrent que les licenciements et les embauches restent faibles, et que la perception des ménages sur la disponibilité des emplois et la perception des entreprises sur les difficultés d’embauche poursuivent leur trajectoire descendante ».

Pour la zone euro

Le FMI a également revu à la hausse ses prévisions de croissance à 1,2% contre 1% pour cette année, en raison de l’expansion budgétaire en Allemagne et de la poursuite d’une forte dynamique en Espagne.

Pour la France, il table sur une croissance de 0,7% pour cette année, et de 0,9% en 2026, chiffres largement inférieurs aux prévisions du gouvernement pour établir son budget.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a provisoirement sauvé son gouvernement en annonçant suspendre la réforme historique des retraites jusqu’après les élections de 2027.

Les socialistes ont salué sa concession, déclarant qu’ils ne voteraient pas pour le renverser lors des votes de défiance de ce jeudi, Lecornu a déjà gagné deux jours.

Mais cette suspension à un coût, de 400 millions d’euros en 2026 et de 1,8 milliards en 2027, et Lecornu a rappelé « elle doit donc être compensée financièrement, y compris par des mesures d’économie. Elle ne peut se faire au prix d’une augmentation du déficit ».

Il vise plus de 30 milliards d’euros d’économies et un déficit de 4,7 % en 2026.

Mais sa tête ne tient qu’à un fil, et comme l’a souligné l’économiste français Philippe Aghion, prix Nobel d’économie avec deux autres, « s’il y a une autre censure, ce serait dramatique pour la France. Nos taux d’intérêt continueraient à augmenter, notre spread continuerait à augmenter, ce serait dramatique. Nous devons absolument éviter la censure tout en parvenant à un budget ».

Pour le Japon

Selon le FMI, il a bénéficié de l’anticipation des échanges commerciaux au cours du premier semestre pour éviter les tarifs douaniers américains. Conséquence, le FMI a revu le taux de croissance pour cette année à 1,1% contre 0,7%,   grâce également à une croissance plus forte des salaires et de la consommation intérieure.

Mais pour l’année prochaine, malgré une révision à la hausse de 0,1%, le FMI ne table que sur une croissance de 0,6%.

Pour la Chine

Le FMI a laissé ses prévisions de croissance pour la Chine inchangées à 4,8 % pour 2025, et à 4,2 % pour 2026.

Tout en prévenant que « les perspectives restent inquiétantes en Chine, où le secteur de l’immobilier est encore fragile quatre ans après l’éclatement de la bulle immobilière. Les risques pour la stabilité financière sont élevés et croissants, car les investissements immobiliers continuent de se contracter, la demande globale de crédit reste faible et l’économie est au bord du piège de la déflation par l’endettement ».

Et justement, ce matin, les chiffres sur les prix à la consommation et à la production ont été publiés et montrent que ces pressions déflationnistes persistent.

En septembre, les prix à la production ont baissé de 2,3 % en taux annuel, contre une baisse de 2,9 % en août. Cette légère amélioration est positive car elle reflète les efforts considérables déployés par le gouvernement pour freiner la concurrence sur les prix.

L’indice des prix à la consommation a baissé de 0,3 % le mois dernier en taux annuel, contre une baisse de 0,4 % en août.

Mais malgré cette amélioration, les pressions déflationnistes demeurent et devraient encore perdurer.

L’inflation de base, qui exclut les prix volatils de l’alimentation et des carburants, est de 1 % en septembre, contre 0,9 % en août, soit son niveau le plus élevé depuis 19 mois.

Mise en garde

Les marchés financiers mondiaux s’accommodent trop facilement des guerres commerciales, tensions géopolitiques et des déficits publics élevés, des risques qui, combinés à des actifs déjà surévalués, augmentent le risque d’une correction « désordonnée » des marchés, a averti le FMI.

Et de poursuivre « sous une surface calme, le sol bouge dans plusieurs parties du système financier, ce qui crée des vulnérabilités. Les modèles d’évaluation indiquent que les prix des actifs à risque sont bien supérieurs aux fondamentaux, ce qui augmente la probabilité de corrections désordonnées en cas de chocs défavorables ».

Le FMI insiste aussi sur le fait que les Banques centrales doivent rester vigilantes face aux risques d’inflation liés aux droits de douane et adopter une attitude prudente en matière d’assouplissement monétaire afin de minimiser les nouvelles flambées des valorisations des actifs à risque.

Et de souligner que l’indépendance des Banques centrales est « essentielle » pour ancrer les anticipations du marché et permettre à ces institutions de remplir leur mandat.

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