La courbe se tend : vers un nouveau paradigme obligataire ?

Mode Expresso

Intéressons-nous, ce matin, à la partie longue de la courbe obligataire, et en particulier aux obligations à 30 ans, qui subissent de fortes pressions à la hausse.

Mode Lungo

Intéressons-nous, ce matin, à la partie longue de la courbe obligataire, et en particulier aux obligations à 30 ans, qui subissent de fortes pressions à la hausse.

Pressions à la hausse

C’est en particulier le cas de l’obligation japonaise, qui a pris depuis le début de la semaine 20 points de base, et qui s’approche de son niveau record de 3,2% atteint à la mi-mai.

Dans le cas du Japon, comme évoqué en début de semaine, c’est l’approche de l’élection du 20 juillet qui fait craindre des mesures de relance pour attirer les électeurs, ce qui aggraverait les finances publiques.

Mais la tension ne se limite pas au Japon, comme le montre le graphique, la partie longue de la courbe est aussi soumise à une forte pression en Grande-Bretagne, avec un trou potentiel de 30 milliards de sterlings.

Pour l’organisme de surveillance budgétaire du Royaume-Uni (Office for Budget Responsibility) les perspectives sont « insoutenables ». Dans son rapport annuel sur les risques budgétaires, il a mis en garde contre l’augmentation rapide du fardeau de la dette dans un contexte où le vieillissement de la population fait grimper les dépenses de santé et de retraite et où les risques climatiques et géopolitiques s’accroissent.

Et les taux allemands ne sont pas en reste avec une hausse sur quasiment l’ensemble de la courbe, compte tenu des besoins de financement de l’Etat allemand à l’avenir.

Et évidemment, je ne parle pas des taux aux Etats-Unis, non repris dans le graphique, car déjà évoqués plusieurs fois, compte tenu de l’aggravation attendue du déficit et des risques inflationnistes de la hausse des tarifs douaniers.

A ce propos

Trump a déclaré, hier, qu’il imposerait des droits de douane de 50 % sur le cuivre importé ainsi que des prélèvements sur les semi-conducteurs.

Le cuivre n’a pas encore retrouvé ses sommets de 2021, mais est bien parti pour subir de fortes pressions à la hausse après cette annonce.

Et ce n’est pas tout, car Trump a également annoncé qu’il imposerait des droits de douane de 200% sur les importations de médicaments, mais seulement dans un an.

Ce chaos, car il n’y a pas d’autre terme pour qualifier la situation actuelle, pèse de plus en plus sur le moral des entreprises américaines.

C’est ce qui est ressorti d’une enquête sur les directeurs financiers, menée par les banques fédérales de réserve d’Atlanta et de Richmond en collaboration avec l’université Duke. Cette dernière indique que les dirigeants prévoient d’augmenter les prix, même dans les entreprises qui ne sont pas exposées à la hausse des droits de douane.

Ce qui a fait dire à Brent Meyer, économiste et vice-président adjoint de la FED d’Atlanta, « l’inquiétude que l’on peut avoir dans ce contexte est que les pressions sur les prix s’étendent au-delà de celles qui sont directement affectées par les droits de douane. Nous voyons des preuves de cela, au moins une attente, dans les réponses de l’enquête auprès des directeurs financiers ».

Une autre enquête menée par Dun & Bradstreet auprès de 10.000 entreprises dans le monde a montré une nette rupture de sentiment au début de l’année.

Arun Singh, économiste mondial en chef de Dun & Bradstreet, constate que les entreprises « ne semblent pas être d’humeur à se dire : d’accord, nous aurons des droits de douane et ce sera tout. Nous passerons à autre chose. L’inquiétude économique générale ne sera pas de courte durée… Il y a un retard dans les dépenses d’investissement. Ils retardent les paiements à leurs fournisseurs… Ils essaient de se désendetter ».

Compte tenu du degré élevé d’incertitude entourant la politique de la Maison Blanche, les responsables de la FED affirment qu’ils accordent une attention particulière aux enquêtes, aux entretiens avec les chefs d’entreprise et à d’autres données « douces » afin d’avoir une idée en temps réel de la manière dont les décideurs réagissent.

Autant dire que les minutes de la dernière réunion de la FED, qui seront publiées cet après-midi, seront scrutées à la loupe pour essayer de percevoir les intentions de cette dernière.

Effets délétères

Ces droits de douane ne sont pas sans effets pour l’économie mondiale, et après un premier trimestre dont les données économiques ont été faussées par les anticipations d’achats et d’exportations, le retour à la réalité est rude.

Ainsi, les exportations allemandes ont baissé de 1,4% en mai, suite à une chute de 7,7% des exportations vers les États-Unis, après une baisse de 10,5 % en avril.

Par rapport à mai 2024, les exportations vers les États-Unis ont baissé de 13,8 % en mai.

Autant dire que les entreprises allemandes sont suspendues aux négociations qui se déroulent actuellement, l’UE ayant toujours l’intention de conclure un accord commercial cette semaine.

Pas de surprise

C’était attendu, pas comme hier pour la Banque centrale d’Australie, la Banque centrale de Nouvelle-Zélande a laissé ses taux inchangés à 3,25% ce matin.

Le communiqué ne surprendra personne, après cette décision, « les perspectives économiques restent très incertaines. Des données supplémentaires sur la vitesse de la reprise économique de la Nouvelle-Zélande, la persistance de l’inflation et l’impact des tarifs douaniers influenceront la trajectoire future du taux officiel d’escompte ».

Ce qui signifie que de nouvelles baisses de taux ne sont pas à exclure compte tenu de la faiblesse de l’économie, pour autant que l’inflation revienne dans l’objectif de la Banque centrale.

Subscribe
Notify of
0 Comments
Oldest
Newest
Inline Feedbacks
View all comments