Les autorités chinoises essaient de limiter les impacts négatifs de la guerre commerciale en soutenant la consommation intérieure, ce qui passe par des baisses de taux.

Des Banques centrales qui tentent d’amortir le choc
Les autorités chinoises essaient de limiter les impacts négatifs de la guerre commerciale en soutenant la consommation intérieure, ce qui passe par des baisses de taux.
Baisses de taux
Même si sa marge de manœuvre devient étroite, la Banque centrale de Chine a annoncé, ce matin, une baisse de 0,10% de son taux préférentiel de prêt à un an à 3%, et celui à cinq ans à 3,5%.
Il s’agit de deux taux de référence, la plupart des nouveaux prêts et des prêts en cours en Chine sont basés sur le LPR à un an, tandis que le taux à cinq ans influence la tarification des prêts hypothécaires.
Si cette annonce vise à soutenir la consommation ainsi que le marché immobilier, la baisse des taux permet aussi aux banques de réduire le taux des dépôts et de récupérer un peu de marges, marges affectées par le ralentissement de l’activité.
En effet, selon les données officielles, la marge d’intérêt nette des banques commerciales a chuté à un niveau record de 1,43 % au premier trimestre.
Malgré un dollar qui s’est affaibli, après la décision de Moody’s, le yuan a reculé par rapport à ce dernier après cette décision.
Le dollar profite d’un différentiel de taux plus favorable après cette décision de la Banque centrale chinoise, alors que la FED n’a pas touché à ses taux depuis décembre.

Prudence de la FED
Et cette attitude attentiste de la FED devrait perdurer si on croit les dernières déclarations de certains de ses membres.
Ainsi, Philip Jefferson, vice-président de la FED, s’exprimant sur la dégradation de la note par Moody’s, « nous examinerons cette dégradation dans la même perspective que nous le faisons pour toutes les informations qui nous parviennent : Quelles en sont les implications en termes de réalisation des objectifs que nous nous sommes fixés, sans commenter ce que cette dégradation pourrait signifier dans une sorte de contexte d’économie politique ».
Même position attentiste de Raphael Bostic, président de la FED d’Atlanta, pour qui l’abaissement de la note « aura des conséquences sur le coût du capital et sur un tas d’autres choses, et pourrait donc avoir des répercussions sur l’économie ».
Ce qui aura entre autres, comme conséquence, que pour lui « je pense que nous devrons attendre trois à six mois pour commencer à voir où cela va se régler, et je pense que cela sera un déterminant important de la volonté et de l’appétit des gens pour l’investissement aux États-Unis ».
Le président de la FED de Minneapolis, Neel Kashkari, d’exprimer aussi ses interrogations, en constatant « à l’heure actuelle, on s’interroge sur la position concurrentielle des États-Unis par rapport aux autres économies avancées dans le monde, compte tenu de tous les changements de politique et des problèmes d’endettement. Le point d’interrogation est plus important qu’il y a un an ou deux ».
Compte tenu de tous ces éléments, la politique monétaire de la FED est pour le moment bien positionnée, selon ces différents intervenants, et une baisse de taux ne devrait pas intervenir avant septembre.
Par contre …
La Banque centrale d’Australie a réduit, ce matin, son taux de 0,25% pour le porter à 3,85%, compte tenu du ralentissement important de l’inflation de base.
Et de souligner que sa décision a aussi été dictée par le fait que « les perspectives mondiales plus faibles contribuent à une augmentation légèrement plus importante du taux de chômage et à un taux d’inflation légèrement plus faible. Une escalade du conflit commercial est un risque majeur de détérioration ».
Elle a revu à la baisse ses prévisions de croissance à 2,1% contre 2,4% précédemment, pour cette année, et a également légèrement revu à la baisse ses prévisions pour l’inflation.
Révisions à la baisse
La Commission européenne a aussi revu à la baisse ses prévisions de croissance, tablant sur un taux de 1,1% pour l’UE et de 0,9% pour la zone euro pour cette année (contre 1,3% précédemment), et sur un taux de 1,5% et de 1,4% respectivement pour l’année prochaine.
Concernant l’inflation dans la zone euro, elle devrait ralentir, passant de 2,4 % en 2024 à une moyenne de 2,1 % en 2025 et de 1,7 % en 2026.
Comme l’a souligné Valdis Dombrovskis, commissaire à l’économie et à la productivité, et commissaire à la mise en œuvre et à la simplification, « l’économie de l’UE fait preuve de résilience dans un contexte de tensions commerciales élevées et de montée de l’incertitude à l’échelle mondiale. Soutenue par un marché du travail robuste et une hausse des salaires, la croissance devrait se poursuivre en 2025, mais à un rythme modéré. L’inflation diminue plus rapidement que prévu et est sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de 2 % cette année. Mais nous ne pouvons pas être complaisants. Les risques pesant sur les perspectives restent orientés à la baisse, de sorte que l’UE doit prendre des mesures décisives pour stimuler notre compétitivité ».
Ces prévisions revues à la baisse renforcent le scénario d’une nouvelle baisse des taux de la part de la BCE le 5 juin prochain.
Ces baisses successives de taux de la part de la BCE ont complètement renversé la structure de la courbe des taux, sur le graphique, il s’agit de la courbe des taux allemands, en blanc au 20 mai 2024, et en bleu ce matin.

