Nous allons tout doucement rentrer dans le dur, à savoir disposer des premiers indicateurs qui permettent de mesurer l’état réel de l’économie, comme les chiffres des ventes de détail aux Etats-Unis ou de la production industrielle.

Les premiers indicateurs indubitables
Nous allons tout doucement rentrer dans le dur, à savoir disposer des premiers indicateurs qui permettent de mesurer l’état réel de l’économie, comme les chiffres des ventes de détail aux Etats-Unis ou de la production industrielle.
Mais commençons par la Chine
Premier indicateur, celui des nouveaux prêts bancaires, qui ont chuté plus que prévu en avril.
Selon les estimations de Reuters, les banques chinoises ont accordé 280 milliards de yuans de nouveaux prêts en avril, contre 3,64 trillions de yuans au mois de mars.
Résultat, sur les quatre premiers mois de l’année, le montant total des nouveaux prêts est nettement inférieur à celui de l’année passée pour la même période.
C’est en partie pour cette raison que, la semaine dernière, la Banque centrale chinoise a annoncé une série de mesures de relance, comme une baisse du taux des réserves obligatoires des banques et une importante injection de liquidités.
Le deuxième indicateur, reflète les changements dans les flux commerciaux, avec l’exemple des importations de porcs par la Chine. La Chine est le premier importateur mondial de viande de porc. Les États-Unis étaient l’un de ses principaux fournisseurs jusqu’à récemment.

Depuis quelques années, ces exportations américaines ont nettement reculé et ces derniers mois le recul serait encore plus spectaculaire. Et, même si les chiffres sont encore modestes, la Russie devient un des nouveaux partenaires de la Chine dans ces importations de porcs.
Aux Etats-Unis
Nous attendons la publication du chiffre des ventes de détail pour le mois d’avril, avec, selon les estimations, une croissance nulle contre une hausse de 1.4% en mars. Ainsi que les résultats de Walmart, qui sont évidemment aussi un excellent indicateur de l’évolution de la consommation.
Seront également publiés les chiffres des prix à la production, ceux de la production industrielle et manufacturière, autant d’indicateurs qui donneront des informations importantes.
Mais un autre sujet pourrait bien venir s’imposer et même remplacer la guerre commerciale, celui des tensions sur le budget américain.
La Chambre des représentants a commencé à examiner le projet de réduction des impôts souhaité par Trump, alors que la dette américaine est déjà à un niveau record et que, selon les projections du Congressional Budget Office, la situation va empirer si rien n’est fait.

Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a déjà exhorté les législateurs à agir d’ici à la mi-juillet afin d’éviter tout risque de défaut de paiement, et sans accord sur l’extension du plafond de la dette, la date dite “X”, c’est-à-dire la date à laquelle le gouvernement sera à court d’argent pour payer ses factures, est fixée au mois d’août.
Résultat, les rendements obligataires sont repartis à la hausse avec un 30 ans qui flirte avec le seuil des 5%.

Cette tension sur les taux obligataires est le reflet des inquiétudes des investisseurs sur la capacité des Etats-Unis de réduire les déficits budgétaires, inquiétude de plus en plus partagée par les banques et institutionnels aux Etats-Unis.
Ainsi, Morgan Stanley prévoit que le déficit budgétaire des États-Unis en 2026 atteindra 7,1 % du PIB, contre 6,7 % cette année, soit une augmentation d’environ 310 milliards de dollars d’une année sur l’autre.
Ceci pourrait-il expliquer cela ?
Selon des sources, les superviseurs de la BCE exhortent certaines banques commerciales de la zone euro à évaluer leurs besoins en dollars américains en cas de crise.
La crainte de ces derniers est que la FED, en cas de crise, mais surtout suite à une mesure de Trump, ne joue plus son rôle de prêteur de dollars comme elle l’a toujours fait dans le passé.
Les autorités de surveillance de la BCE auraient demandé d’urgence aux banques européennes d’évaluer les lacunes de leur bilan, par exemple lorsqu’elles ont prêté des dollars à des clients et financé d’autres actifs libellés en dollars, mais qu’ils ne disposent pas d’un financement suffisant ou fiable dans cette devise pour honorer leurs engagements.
Elles auraient même fait pression sur certaines banques de la zone euro pour qu’elles réduisent ces écarts et, dans certains cas, leur demande d’envisager de modifier certaines de leurs activités afin d’être moins exposées au financement en dollars.
Ce qui est interpellant c’est qu’hier, deux membres de la BCE se sont exprimés sur le rôle essentiel que conserve le dollar.
Ainsi, Joachim Nagel, président de la Bundesbank a déclaré « le dollar est très important pour le système financier mondial, nous avons toujours besoin d’un dollar fort ».
Et pour Klaas Knot, directeur de la Banque centrale des Pays-Bas, « il y aura une concurrence entre les monnaies. Mais je pense qu’il n’y a tout simplement pas encore d’alternative au rôle que joue le dollar ».
Ce qui n’exclut cependant pas que comme « le point de départ est que la plupart des investisseurs internationaux sont aujourd’hui surpondérés en dollar américain en raison des rendements qu’ils ont obtenus au cours des dix dernières années. Peut-être assistera-t-on à un mouvement en faveur d’une pondération plus neutre ».
