Alors que la BCE va, une nouvelle fois, baisser ses taux de 0.25% cet après-midi, Powell a confirmé que la FED attendrait davantage de données avant de modifier les taux d’intérêt.

Des Banques centrales circonspectes
Alors que la BCE va, une nouvelle fois, baisser ses taux de 0.25% cet après-midi, Powell a confirmé que la FED attendrait davantage de données avant de modifier les taux d’intérêt.
Attentiste
C’est clairement le message qu’a distillé, hier, Powell, estimant que « pour l’instant, nous sommes bien placés pour attendre une plus grande clarté avant d’envisager tout ajustement de notre orientation politique ».
Il ne s’est cependant pas contenté de ce message lapidaire, bien au contraire, il a mis en avant le fait que la hausse des droits de douane pourrait entraîner une situation qui éloignerait à la fois l’inflation et l’emploi des niveaux souhaités par la FED.
Avec le constat que « je pense que nous nous éloignerons de ces objectifs, probablement pour le reste de l’année. Ou du moins, nous ne ferons aucun progrès ».
Interrogé sur l’existence d’un “FED put”, c’est-à-dire d’une intervention de la Banque centrale en cas d’effondrement des marchés, Powell a répondu « les marchés sont confrontés à une grande incertitude, ce qui se traduit par de la volatilité. Cela dit, les marchés fonctionnent… Ils sont ordonnés et fonctionnent à peu près comme on s’attend à ce qu’ils fonctionnent », ce qui exclut tout « put » de la part de la FED.
La perspective de l’absence d’intervention de la FED, en cas de chute des marchés boursiers, a accentué le recul des indices boursiers aux Etats-Unis.
Toute la difficulté pour la FED, et dès lors pour les économistes, est que les indices qui sont publiés actuellement sont totalement « pollués » par les anticipations de hausse des tarifs, qui ont provoqué une hausse des importations, des stocks, des achats anticipés, et des commandes.
Et dès lors, Powell constate que « malgré l’incertitude accrue et les risques à la baisse, l’économie américaine est toujours dans une position solide », tout en constatant que « les données disponibles jusqu’à présent suggèrent que la croissance a ralenti au premier trimestre par rapport au rythme soutenu de l’année dernière ».
En l’absence de vision suffisamment claire, la FED compte se donner du temps, car « il est très probable que les tarifs douaniers entraînent une hausse au moins temporaire de l’inflation. Les effets inflationnistes pourraient également être plus persistants », a souligné Powell. « Éviter ce résultat dépendra de l’ampleur des effets, du temps qu’il faudra pour qu’ils se répercutent pleinement sur les prix et, en fin de compte, du maintien d’un bon ancrage des anticipations d’inflation à long terme ».
Le marché table malgré tout, toujours, sur une baisse des taux de la part de la FED au mois de juin, malgré la prudence des propos de Powell.
Les indices boursiers américains ont aussi reculé à cause de la chute de plus de 6% de Nvidia, entraînant dans son sillage les autres valeurs des semi-conducteurs. Et l’or affiche de nouveaux sommets, alors que dans le même temps le dollar se déprécie par rapport à un panier de devises, comme le montre le graphique.

Incertitude aussi
Pour l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a fortement revu à la baisse sa prévision pour le commerce mondial de marchandises en 2025.
Pour cette année, elle table sur une baisse de 0.2% du commerce de biens contre une hausse de 3% en octobre.
Selon l’OMC, si Donald Trump rétablissait l’intégralité des droits de douane tels qu’il les avait annoncés, le commerce mondial de bien chuterait de 1.5%, soit la plus forte chute depuis 2020.
Le commerce des services, bien que non soumis aux droits de douane, serait également touché, ce qui fait que l’OMC prévoit une croissance du commerce des services commerciaux de 4% en 2025 et de 4.1% en 2026, contre 5.1% et 4.8%, précédemment.
Sterling sous pression
Le sterling est sous pression par rapport à l’euro après la publication des chiffres d’inflation, qui laissent la possibilité à la BoE de baisser ses taux dans un avenir proche.

En effet, l’inflation a reculé à 2.6% en taux annuel en mars contre 2.8% en février, et l’inflation des services a aussi ralenti à 4.7 %, contre 5 % en février.

Si la BoE peut envisager une baisse des taux en mai, elle est, comme la FED, confrontée à des anticipations de hausse de l’inflation aussi bien de la part des entreprises que des ménages, ce qui pourrait limiter sa marge de manœuvre.
Le rendement de l’obligation en sterling à 2 ans reflète une anticipation de deux baisses de taux de la part de la BoE.

Baisse des taux de la BCE
Oubliée évidemment la pause, vu la dégradation de l’économie, la BCE va réduire ses taux de 0.25%, ce jeudi.
Comme la FED, la BCE navigue à vue, et Christine Lagarde ne devrait pas donner beaucoup d’indices sur l’avenir, et restera dépendante des données.
Le taux de dépôt passerait alors à 2.25%, et pourrait encore être réduit de 0.25% par la suite, mais compte tenu de l’impact du fonds de 500 milliards que l’Allemagne devrait déployer, la BCE pourrait laisser son taux inchangé pour une longue période dans la crainte d’un impact inflationniste de ce dernier.
Pour rappel, les banques seront fermées demain et lundi, mais je ferai quand même un petit commentaire demain matin sur les commentaires de la BCE, entre autres.
