La déroute des marchés de nouveau

Mode Expresso

Pire qu’un gamin dans un bac à sable, Trump a bien mis à exécution sa menace de droits de douane de 104% sur les importations chinoises à partir d’aujourd’hui, ce qui provoque une nouvelle dégringolade des bourses.

Mode Lungo

Pire qu’un gamin dans un bac à sable, Trump a bien mis à exécution sa menace de droits de douane de 104% sur les importations chinoises à partir d’aujourd’hui, ce qui provoque une nouvelle dégringolade des bourses.

Hallucinant

Il n’y a pas d’autre terme pour définir un taux de 104% pour des droits de douane, et manifestement la Chine n’entend pas se laisser faire et est rentrée dans la confrontation.

Les indices boursiers américains, qui étaient dans le vert une grande partie de la séance, ont basculé dans le rouge après cette annonce, et ce matin, les bourses asiatiques sont reparties nettement en baisse (-4% pour le Nikkei). Idem pour les futures en Europe (-4.40%), ainsi que pour les indices boursiers aux Etats-Unis.

Une escalade entre les Etats-Unis et la Chine fait craindre une récession mondiale, ce qui a fait replonger également le prix du baril.

Le dollar a reculé par rapport à la majorité des devises, repassant au-dessus des 1.10 par rapport à l’euro, et le yuan n’a pas échappé à cette tendance.

Banques centrales à la manœuvre ?

Les Banques centrales ne sont pas là pour réagir à une chute des marchés boursiers, mais elles sont mises sous pression malgré tout.

Ce matin, la Banque centrale de Nouvelle-Zélande a réduit son taux de 0.25%, comme attendu, pour le porter à 3.50%.

Mais le ton de son message a radicalement changé, elle constate en effet que « les augmentations récemment annoncées des barrières commerciales mondiales affaiblissent les perspectives de l’activité économique mondiale. Dans l’ensemble, ces développements créent des risques à la baisse pour les perspectives de l’activité économique et de l’inflation en Nouvelle-Zélande ».

Résultat, « au fur et à mesure que l’étendue et l’effet des politiques tarifaires deviennent plus clairs, le Comité a la possibilité d’abaisser davantage le ROC si nécessaire ».

Et pourtant la Nouvelle-Zélande est « privilégiée » puisqu’elle ne s’est vue appliquée des droits de douane que de 10%, mais inéluctablement elle sera touchée par la faiblesse des économies de ses partenaires commerciaux.

Situation nettement moins confortable pour l’Inde par contre, et ce matin, la Banque centrale indienne a réduit son taux de 0.25% pour le porter à 6%, deuxième baisse cette année.

Il faut dire que l’Inde est menacée d’un droit de douane de 26%, même si son gouvernement fait partie des 50 pays qui négocient actuellement avec l’administration américaine, qui menacent ses perspectives de croissance.

Résultat de cette baisse de taux, la roupie indienne, qui s’était assez nettement renforcée par rapport au dollar, est repartie à la baisse.

Chute du prix du baril

La dégringolade se poursuit, avec comme conséquence que le prix du Brent a atteint son niveau le plus bas depuis mars 2021.

Ce qui est une double bonne nouvelle, une bonne nouvelle pour l’Europe en tant qu’importateur de pétrole, mais aussi parce que cela met à mal l’économie russe.

Alors que jusqu’à présent l’économie russe a fait plus que résister, elle a montré ces derniers mois des signes de ralentissement, et la chute du prix du baril tombe au plus mauvais moment.

Selon les chiffres disponibles, la croissance du PIB est tombée à 0.8 % en taux annuel en février, contre 3 % en janvier, le chiffre le plus bas depuis mars 2023.

En cause, des taux d’intérêt élevés pour juguler l’inflation, les pénuries de main-d’œuvre, le manque de capacité de production en dehors du secteur de la défense et la pression continue des sanctions occidentales.

Et le ralentissement devrait être exacerbé par cette chute du prix du pétrole, alors même que Trump a menacé d’imposer des sanctions visant à réduire davantage la capacité de Moscou à vendre du pétrole, à moins qu’elle ne fasse davantage pour obtenir le cessez-le-feu en Ukraine qu’il a exigé.

L’indice PMI des directeurs d’achat a montré une forte contraction en mars dans le secteur manufacturier, qui a atteint le niveau le plus bas de 2022.

Pour certains économistes, la croissance du PIB pourrait ralentir  à 1.7 % en 2025, contre 4.1 % en 2024.

Mais …

Evidemment il n’y a pas que la Russie qui risque de souffrir, non pas de la chute du prix du baril, mais de la hausse des tarifs douaniers.

L’Europe, qui pour le moment tente la négociation, n’échappera pas à une forte baisse de sa croissance si les choses s’enveniment, et sera de toute façon affectée par le ralentissement de l’économie mondiale, qui sera inévitable.

Pour Joachim Nagel, responsable de la politique de la BCE, « les perspectives de croissance mondiale se sont massivement détériorées.  La politique monétaire en Europe jouera son rôle […]. Nous sommes déjà en bonne voie pour atteindre notre objectif d’inflation cette année ».

Et de rajouter, « lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, la semaine prochaine, nous prendrons des décisions responsables sur la base des données et des informations disponibles ».

Et de rappeler une chose essentielle, « en fin de compte, il faut que l’Europe soit plus unie », et je rajoute, qu’elle se détache des Etats-Unis et assure à l’avenir un rôle de leader dans certains secteurs tout en se faisant l’étendard des valeurs démocratiques.

Même si les droits de douane ne seront effectivement d’application que sur les importations rentrant sur le territoire américain qu’à partir du 27 mai, le petit graphique donne une idée de la hausse des prix que cela engendrera pour le consommateur américain à ce stade.

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Peter Navarro, âgé de 75 ans, est un économiste américain qui a joué un rôle clé en tant que conseiller économique principal du président Donald Trump, notamment en tant qu’architecte de la politique commerciale protectionniste de l’administration Trump. Il est particulièrement connu pour sa position ferme contre la Chine, qu’il considère comme une menace majeure pour l’économie américaine. En 2011, il a publié le livre “Death by China”, dans lequel il met en garde contre les dangers économiques posés par la Chine.

Initialement affilié au Parti démocrate, Navarro a soutenu des causes progressistes telles que les droits des personnes LGBTQ+, le droit à l’avortement et les mesures environnementales. Cependant, ses préoccupations concernant l’impact de la mondialisation sur les travailleurs américains l’ont rapproché des idées protectionnistes de Donald Trump. Cette convergence de vues a conduit à sa nomination en tant que conseiller commercial de Trump en 2017.

En janvier 2024, Navarro a été condamné à quatre mois de prison pour outrage au Congrès après avoir refusé de coopérer avec la commission enquêtant sur l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021. Il a refusé de fournir des documents et de témoigner devant la commission, invoquant le privilège exécutif. Après avoir purgé sa peine, il a été libéré en juillet 2024. 

Malgré cette condamnation, Navarro est resté fidèle à Donald Trump et à ses politiques. En décembre 2024, le président élu Trump a annoncé que Navarro rejoindrait à nouveau la Maison-Blanche en tant que conseiller principal pour le commerce et la fabrication, soulignant son rôle dans la renégociation d’accords commerciaux et la promotion des politiques “Buy American, Hire American”. 

Ainsi, Peter Navarro demeure une figure influente dans la politique commerciale américaine, reconnue pour sa loyauté envers Donald Trump et son engagement en faveur de politiques protectionnistes visant à renforcer l’économie nationale.