La guerre commerciale a réellement commencé

Mode Expresso

Les bourses américaines n’ont pas du tout, et c’est un euphémisme, apprécié la mise en place des droits de douane sur les importations du Mexique, du Canada et de la Chine, et la crainte d’un sérieux ralentissement de l’économie américaine a fait un retour fracassant.

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Les bourses américaines n’ont pas du tout, et c’est un euphémisme, apprécié la mise en place des droits de douane sur les importations du Mexique, du Canada et de la Chine, et la crainte d’un sérieux ralentissement de l’économie américaine a fait un retour fracassant.

Guerre commerciale, acte 1

Après un mois de pause, Trump a finalement imposé des droits de douane de 25% sur les importations du Mexique et du Canada, et le doublement de ces derniers à 20% sur les importations chinoises.

Le Canada a directement annoncé des mesures de rétorsion avec des droits de douane de 25% sur 30 milliards de dollars canadiens d’importations américaines et sur 125 milliards de dollars canadiens si les droits américains étaient maintenus dans 21 jours.

Sans surprise, le dollar canadien est reparti à la baisse par rapport au dollar américain après ces annonces.

Concernant la Chine, les droits de douane s’accumulent en tenant compte que, lors de son premier mandat, Trump avait déjà imposé des droits de 25% sur certains produits et que les 20% annoncés viennent en plus.

Mais certains produits avaient échappé au premier round de hausse, alors que cela ne sera plus le cas cette fois-ci, car les 20% s’appliqueront à plusieurs produits électroniques grand public importés de Chine, notamment les smartphones, les ordinateurs portables, les consoles de jeux vidéo, les smartwatches, les haut-parleurs et les appareils Bluetooth.

La Chine n’a pas tardé non plus à réagir et a annoncé, ce matin, des droits de douane entre 10% et 15% sur les importations de produits agricoles et alimentaires américains, secteur qui avait déjà fortement souffert lors de la première guerre commerciale.

Le Mexique devrait annoncer des mesures de rétorsion aujourd’hui sans plus de précision à ce stade.

« Trumpcession »

Voilà un nouveau terme que l’on pourrait bien entendre souvent dans les prochains mois.

Cela fait quelques jours quand même que j’évoque le fait que les mesures de l’administration américaine touchent de plein fouet le moral des consommateurs et semblent même affecter directement l’économie.

Pour donner une idée de l’ampleur du choc, l’estimation du modèle GDPNow de la FED d’Atlanta pour la croissance annualisée du trimestre en cours était de -2.8 % lundi, contre +2.3 % la semaine dernière.  Et il y a un mois, le modèle montrait que la croissance pour la période janvier-mars était proche de +4.0 %.

Même si ce chiffre semble complètement aberrant et excessif et que la croissance pourrait revenir en territoire positif, cet indicateur est suivi de très près par les économistes et analystes et reflète les énormes doutes concernant l’impact négatif de ces mesures.

Si on rajoute à cela, la forte correction sur les marchés boursiers américains qui a inéluctablement un effet négatif sur la richesse des ménages américains, plusieurs facteurs négatifs se conjuguent.

La chute des bourses a entrainé une forte baisse des rendements obligataires, ces dernières servant de valeur refuge, et une dégradation brutale de la situation économique pourrait forcer la FED à reprendre ses baisses de taux.

Le Nikkei est dans le rouge ce matin, encore une fois, à cause d’un yen qui s’est renforcé par rapport au dollar après que Trump ait dit aux dirigeants du Japon et de la Chine qu’ils ne pouvaient pas continuer à réduire la valeur de leurs monnaies, car cela serait injuste pour les États-Unis.

Dans le rouge aussi

Les bourses européennes ne vont pas échapper à la correction, après une séance, hier,  qui a vu les indices progresser fortement, soutenus par le secteur européen de la défense dans la perspective d’une augmentation des dépenses militaires en Europe.

Le clash entre Trump et Zelensky est un tournant, et cela se mesure déjà au fait que les Américains ont annoncé, hier, qu’ils suspendaient l’aide à l’Ukraine, mais aussi par le réveil des Européens qui doivent prendre en main leur défense.

Le sommet de Londres a apporté une ébauche de réflexion et des propositions et en Allemagne, il semblerait avoir un consensus pour la mise en place rapide d’un fonds de défense de plusieurs milliards d’euros.

Les bourses européennes ont bénéficié hier aussi de la perspective d’une nouvelle baisse des taux de la part de la BCE ce jeudi, même si les chiffres d’inflation peuvent être sujets à plusieurs interprétations.

Première interprétation, la baisse de l’inflation, certes un peu moins que prévue, et le contexte économique morose avec le risque d’une guerre commerciale, devraient inciter la BCE à baisser encore ses taux après celle de cette semaine.

En effet, l’inflation est passée de 2.5% en janvier à 2.4% en février, et l’inflation sous-jacente de 2.6% à 2.5%.

Et surtout, l’inflation des services, la composante la plus importante du panier de prix à la consommation, a ralenti à 3.7 %, contre 3.9 % le mois dernier, après avoir frôlé les 4 % pendant la majeure partie de l’année dernière.

Deuxième interprétation, certes l’inflation en taux annuel a reculé, mais elle a augmenté de 0.5% d’un mois à l’autre et de 0.6% si on regarde l’inflation sous-jacente. En plus, les prix des denrées alimentaires non transformées ont fortement augmenté. Et même si l’inflation des services a reculé, elle demeure encore trop élevée et pourrait repartir à la hausse si la BCE se montre trop laxiste.

A cela il faut rajouter le fait qu’une très forte augmentation des dépenses militaires et la perspective d’un gel de la discipline budgétaire auraient un effet inflationniste. Dans cette deuxième interprétation, la BCE pourrait faire une pause en avril. 

Conséquence d’une hausse possible des dépenses militaires, et alors que les rendements des Treasury sont à la baisse, les rendements obligataires en Europe sont en hausse.

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