L’inflation dans les services demeure élevée en zone euro, en partie à cause des salaires, et cette situation ne devrait guère évoluer sur la première partie de l’année.

Où se situe le taux neutre ?
L’inflation dans les services demeure élevée en zone euro, en partie à cause des salaires, et cette situation ne devrait guère évoluer sur la première partie de l’année.
Approche graduelle
Ce niveau qui demeure élevé pour les salaires en zone euro explique pourquoi la BCE va conserver son approche graduelle dans la baisse des taux.
Hier, elle a mis à jour son indicateur des salaires. Selon ce dernier, les salaires devraient rester stables aux premier et deuxième trimestres de cette année (4.9 % en taux annuel et 4.5 % respectivement) avant de « s’effondrer » à 2.2 % en taux annuel au troisième trimestre et à 1.5 % au quatrième trimestre.
Il faudra aussi être attentif au document, qui sera publié ce vendredi par la BCE, qui donnera sa vision sur les taux neutres. Ce dernier est jusqu’à présent estimé dans une fourchette entre 1.75% et 2.50%, mais il pourrait être revu à la hausse, car nous ne sommes plus du tout dans une situation comparable à celle qui prévalait avant la crise Covid.
Cette révision à la hausse ne sera évidemment pas sans conséquences pour les anticipations de baisses de taux de la part de la BCE dans les prochains mois.
Ce taux neutre n’est .. pas neutre … comme l’a d’ailleurs souligné Philip Lane, l’économiste en chef de la BCE, qui en a fait indirectement référence en estimant que la BCE devrait assouplir sa politique à un rythme mesuré afin d’équilibrer le risque de déprimer inutilement la croissance et d’alimenter une inflation excessive.
Il a ainsi déclaré « il est prudent de rester souple et d’ajuster l’orientation de la politique monétaire en fonction des données et des réunions, et de ne pas s’engager à l’avance sur une trajectoire de taux particulière ».
Mais il a quand même un peu relativisé l’importance de ce taux neutre, en ajoutant « l’incertitude sur le niveau du taux neutre et, plus généralement, sur la force de la transmission monétaire s’ajoute inévitablement à l’incertitude sur les perspectives d’inflation et à l’incertitude sur les perspectives économiques ».
Cette approche prudente de la BCE explique pourquoi le rendement du Bund 2 ans a trouvé un équilibre autour des 2%, autour peut-être de ce fameux taux neutre.

Baisse de taux
La Banque centrale d’Angleterre devrait réduire ses taux, ce jeudi, de 0.25% pour ramener son taux directeur à 4.50%.
La décision est compliquée, car la BoE fait face à une économie atone, mais avec des pressions inflationnistes qui demeurent élevées. Et cet état de fait devrait être confirmé par les nouvelles prévisions qui seront publiées par la Banque centrale avant l’annonce de sa décision monétaire.
Et un peu comme pour la BCE, elle est également confrontée à des hausses de salaires qui entretiennent l’inflation, en particulier dans les services. Alors que l’inflation s’est établie à 2.5% en décembre, selon certains analystes elle pourrait rebondir à 3.5% sur la première partie de l’année.
Hausse du yen
Le yen se renforce par rapport au dollar dans la perspective d’une poursuite du resserrement monétaire par la BOJ.

Naoki Tamura, membre du conseil d’administration de la BOJ, a, en effet, déclaré qu’il voyait le taux neutre, décidemment il est beaucoup question de ce taux neutre, à au moins 1%. Et qu’il devrait atteindre ce niveau d’ici la seconde moitié de l’année fiscale 2025 qui commence en avril.
« Si les taux d’intérêt à court terme restent inférieurs au niveau du taux d’intérêt neutre, l’inflation augmentera davantage », a déclaré Tamura.
Ces propos ont projeté le rendement de l’obligation japonaise à 2 ans à 0.76%, soit son niveau le plus élevé depuis octobre 2008.

Il incite cependant à garder la tête froide et à ne pas se précipiter en ajoutant « gardant à l’esprit que les taux d’intérêt à court terme devraient être de 1 % d’ici la seconde moitié de l’année fiscale 2025, je pense que la Banque doit relever ses taux de manière opportune et graduelle, en réponse à la probabilité croissante d’atteindre son objectif en matière de prix ».
Ironique, mais logique
Le déficit commercial des États-Unis s’est fortement creusé en décembre, les importations ayant atteint un niveau record sur fond de menaces tarifaires.
Ce déficit a augmenté de 24.7 % pour atteindre 98.4 milliards de dollars, le montant le plus élevé depuis mars 2022, par rapport à un montant de 78.9 milliards de dollars en novembre.
Les importations ont augmenté de 3.5 % pour atteindre un niveau record de 364.9 milliards de dollars.
Mais le déficit a augmenté aussi parce que les exportations ont baissé de 2.6 % pour atteindre 266 milliards de dollars.
Spécifiquement, le déficit du commerce des biens a fait un bond de 18.2 % pour atteindre le chiffre record de 123 milliards de dollars.
Ce rapport montre que les États-Unis ont enregistré des déficits importants avec plusieurs partenaires commerciaux, notamment la Chine, le Mexique et le Canada. Etonnant non !
Juste en passant
Un petit passage, écrit par Julien Gracq, que je voulais partager ce matin pour revenir à l’essentiel, « (…) la Terre a perdu sa solidité et son assise, cette colline, aujourd’hui, on peut la raser à volonté, ce fleuve l’assécher, ces nuages les dissoudre. Le moment approche où l’homme n’aura plus sérieusement en face de lui que lui-même, et plus qu’un monde entièrement refait de sa main à son idée – et je doute qu’à ce moment il puisse se reposer pour jouir de son œuvre, et juger que cette œuvre était bonne ».
