Où il est question de boussole

Mode Expresso

La boussole, nous allons en avoir bien besoin, et même les Banques centrales qui commencent à diverger très nettement dans leur approche compte tenu de situations économiques divergentes.

Mode Lungo

La boussole, nous allons en avoir bien besoin, et même les Banques centrales qui commencent à diverger très nettement dans leur approche compte tenu de situations économiques divergentes.

Décisions des Banques centrales

Comme au théâtre, dans l’ordre des apparitions, commençons d’abord par la Banque centrale de Suède, qui a bien abaissé son taux de 0.25% pour le ramener à 2.25%.

La suite est moins certaine, car elle avait annoncé une seule baisse de taux sur la première partie de l’année, ce qui est fait dès le mois de janvier. Pour justifier sa décision, le communiqué souligne que « étant donné que le risque que l’inflation devienne trop élevée est limité, alors que l’activité économique est faible, il est approprié de réduire le taux directeur maintenant ».

Comme elle s’attend à une légère reprise de l’activité, la Banque centrale pourrait être en fin de cycle, mais « il y a une incertitude particulière concernant les développements à l’étranger, par exemple en ce qui concerne la politique économique aux États-Unis et en Europe et les tensions géopolitiques. Il existe également des risques liés à la reprise de l’économie suédoise et au taux de change de la couronne ».

Ensuite, la Banque centrale du Canada a aussi abaissé son taux de 0.25% pour le porter à 3%. Cette décision est dans la suite des décisions précédentes, mais pour la suite, elle s’inquiète comme l’a souligné son gouverneur Tiff Macklem « un conflit commercial durable et généralisé nuirait gravement à l’activité économique au Canada ».

Et la Banque centrale a tenté de chiffrer l’impact d’une guerre commerciale si le  Canada et d’autres pays imposaient des droits de douane de 25% aux États-Unis en guise de représailles. Elle estime que cela pourrait réduire la croissance économique du Canada de 2.5 % la première année et de 1.5 % la deuxième année.

Comme à ce stade, il est encore trop tôt pour tenir compte de l’impact d’une hausse des tarifs douaniers, ses nouvelles prévisions n’en tiennent pas compte.

Mais cela n’a pas empêché la Banque centrale de réviser ses prévisions de croissance à la baisse à 1.8% pour cette année contre 2.1% précédemment et à 1.8% aussi en 2026 contre 2.3%.

Et pour l’inflation, elle table sur un taux de 2.3% en 2025 contre 2.2% précédemment et de 2.1% en 2026 contre 2%.

Le dollar canadien est resté sous pression par rapport au dollar américain, d’autant plus que la FED a laissé, comme attendu, ses taux inchangés.

Ce qui m’amène à la troisième décision de la journée d’hier.

La FED se donne clairement du temps d’autant plus qu’il n’y a pas d’urgence à réduire les taux tant que les données relatives à l’inflation et à l’emploi ne le justifieraient pas.

Car pour le moment, Powell a souligné que « je pense que notre politique monétaire est très bien calibrée. Le taux de chômage est globalement stable depuis six mois. Les derniers chiffres de l’inflation … ont suggéré des chiffres plus positifs ».

Pour la suite, « en examinant l’ampleur et le calendrier des ajustements supplémentaires de la fourchette cible du taux des fonds fédéraux, le Comité évaluera soigneusement les données entrantes, l’évolution des perspectives et l’équilibre des risques » a précisé le communiqué.

Tout en rappelant que « nous savons qu’une réduction trop rapide ou trop importante de la politique pourrait entraver les progrès en matière d’inflation ».

Powell se montre prudent et ses propos vont dans le sens du maintien des taux au niveau actuel au moins jusqu’au mois de juin.

Et pour finir, la Banque centrale du Brésil a bien augmenté son taux de 1% pour le porter à 13.25%, et compte bien procéder de la même ampleur en mars.

Le communiqué soulignant même que « au-delà de la prochaine réunion, le comité renforce le fait que l’ampleur totale du cycle de resserrement sera déterminée par l’engagement ferme d’atteindre l’objectif d’inflation ».

Et comme elle a relevé ses prévisions d’inflation pour 2025 à 5.2 %, contre 4.5 % précédemment, ce qui est bien supérieur à son objectif de 3 %, la porte reste largement ouverte à d’autres hausses de taux.

Comme le différentiel de taux s’est élargi, après l’annonce du statu quo de la FED, le réal brésilien s’est un petit peu renforcé par rapport au dollar.

Ce jeudi, cela sera au tour de la BCE de réduire ses taux de 0.25%, et de laisser la porte ouverte à de nouvelles baisses de taux.

Croissance insolente

Les chiffres l’ont confirmé, l’Espagne a terminé l’année avec une croissance de 0.8% au quatrième trimestre, soit un taux identique à celui du troisième trimestre.

Ce que fait que la croissance du PIB pour l’ensemble de l’année 2024 par rapport à 2023 est estimée à 3.2%, dépassant largement les autres économies de la zone euro.

Au même moment, la BNB nous annonçait les chiffres pour la Belgique. Au quatrième trimestre, le PIB a progressé de 0.2%, ce qui fait que pour l’année 2024 la croissance a été de 1%.

Toujours pour l’ensemble de l’année, l’industrie affiche un recul de 1%, alors que la construction s’est accrue de 1% et les services de 1.3%.

En France, le chiffre est tombé ce matin à 7 h 30, le quatrième trimestre affiche un recul de 0.1% alors que l’on attendait un taux de 0%. Les chiffres de croissance sont attendus pour l’Allemagne (-0.1% selon les prévisions) et pour la zone euro (0.1%). Je reviendrai sur ces chiffres demain.

La « boussole pour la compétitivité »

Tel est le nom de la nouvelle stratégie qu’a dévoilé hier la Commission européenne. Cette « boussole pour la compétitivité » présente les mesures législatives et les initiatives que l’exécutif européen entend prendre au cours des deux prochaines années dans des secteurs historiques tels que l’acier et l’automobile, ainsi que dans les nouvelles technologies, notamment les biotechnologies et l’informatique quantique.

Ce plan comprend un « Pacte pour une industrie propre », qui  vise à aider les industries à forte consommation d’énergie à se décarboner. Mais également un plan pour réduire les règlements. L’objectif que s’est fixé la Commission à terme est de réduire de 25% les exigences des entreprises en matière de rapports et d’au moins de 35% pour les petites entreprises, ce qui permettra de réduire les coûts de 37.5 milliards d’euros sur cinq ans.

Ce plan se décline en 5 grands points, que la Commission a détaillé, qui vise à

  • Libérer davantage de capitaux pour les entreprises européennes
  • Garantir l’indépendance énergétique et réduire les coûts de l’énergie
  • Remédier aux pénuries de compétences
  • Favoriser l’innovation numérique
  • Libérer tout le potentiel du commerce.

Et pour finir, La Commission promet de créer de nouveaux produits d’épargne dans le cadre d’une « union européenne de l’épargne et des investissements ». Problème, ce projet est en rade depuis 10 ans, et la Commission ne donne aucun calendrier pour le mise en place de cette union.

Espérons que nos politiciens disposent d’une bonne boussole et que nous aurons enfin un gouvernement en Belgique, et qu’ils n’oublient pas que « vivre sans but, c’est naviguer sans boussole » comme le disait John Ruskin, et que nous leur avons donné le mandat de gouverner la Belgique dans le bien du pays et c’est cela leur but.

Subscribe
Notify of
0 Comments
Oldest
Newest
Inline Feedbacks
View all comments