Il y a des signes qui ne trompent pas, malgré la baisse des taux de la part de la BCE, les entreprises se montrent frileuses pour emprunter et dans le même temps les banques sont plus prudentes.
La sauce ne prend pas
Il y a des signes qui ne trompent pas, malgré la baisse des taux de la part de la BCE, les entreprises se montrent frileuses pour emprunter et dans le même temps les banques sont plus prudentes.
Frilosité
C’est ce qui ressort de l’enquête trimestrielle publiée par la BCE, alors que cette dernière s’apprête à encore assouplir ses taux.
Tout en reconnaissant que les taux bancaires ont reculé, les entreprises se sont montrées très prudentes. Elles ont réduit leurs dépenses d’investissement au dernier trimestre, et sont encore moins nombreuses à envisager d’investir dans les trois prochains mois. En cause l’incertitude sur la situation de l’économie mondiale, mais il ressort aussi que l’incertitude politique en Allemagne et en France a également fortement pesé.
Pour ces deux pays, il ressort aussi que les banques se sont montrées plus restrictives avec un durcissement des conditions de prêts, le rapport expliquant, « il a été motivé par des risques perçus comme plus élevés liés aux perspectives économiques et par une plus faible tolérance au risque des banques ».
La publication, ce matin, des données sur l’évolution des prêts aux ménages et aux entreprises devrait confirmer cette situation, et cela donnera évidemment des arguments supplémentaires aux membres de la BCE qui plaident pour plusieurs baisses de taux et pour tendre rapidement vers le taux neutre.
Que la situation en Allemagne soit particulièrement compliquée n’est évidemment pas une surprise, et les signaux d’alerte se multiplient alors qu’elle est paralysée dans l’attente des élections du 23 février prochain.
Pour l’association industrielle allemande BDI, après deux années marquées par un recul du PIB, 2025 n’échapperait pas à cette tendance et devrait aussi connaître une contraction de 0.1%.
Selon son président, « la situation est très grave : la croissance dans l’industrie en particulier a subi une rupture structurelle. La crise économique n’est pas seulement une conséquence de la pandémie et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les problèmes sont d’origine nationale et résultent d’une faiblesse structurelle depuis 2018 à laquelle les gouvernements n’ont pas su s’attaquer ».
Et de rajouter « il est urgent d’investir dans des infrastructures modernes, dans la transformation et la résilience de notre économie ».
Contraste
Au même moment, le ministre espagnol de l’Economie, Carlos Cuerpo, déclarait qu’il annoncera une révision des prévisions de croissance du gouvernement au-dessus de 2.5 %, après que l’économie a progressé d’environ 0.7 %-0.8 % au quatrième trimestre (chiffres qui seront publiés ce matin).
Et de rajouter, « je me laisse une petite marge de surprise, mais nous ferons une mise à jour. Nous étions sincèrement en dessous de 2.5 % et nous ferons une mise à jour à la hausse ».
Et corollaire de cet état de fait, le taux de chômage en Espagne, au quatrième trimestre, est tombé à son plus bas niveau depuis plus de 16 ans, en passant de 11.21% au troisième trimestre à 10.61%.
L’Espagne a créé 468.000 emplois nets au cours de l’année, et plus de 90 % de ces emplois ont été créés dans le secteur des services.
Le contraste est saisissant par rapport à la situation en Allemagne et en France en termes de croissance évidemment, mais aussi, pour la France, par rapport au marché de l’emploi. Même si le taux de chômage n’est en rien comparable, avec un taux à 7.4%, mais par contre le dernier trimestre a vu une dégradation du marché de l’emploi en France.
Baisses de taux
La Banque centrale suédoise va encore réduire son taux de 0.25% pour le porter à 2.25%, ce matin.
Comme la BCE va réduire ses taux de 0.25% demain, cette nouvelle baisse par la Suède n’a pas d’impact négatif sur la devise.
La Banque centrale du Canada va également réduire ses taux de 0.25% pour ramener son taux directeur à 3%, cet après-midi.
La position du dollar canadien par rapport au dollar américain est par contre nettement plus compliquée, avec un dollar canadien à la baisse, car le Canada avec le Mexique et la Chine, sera le premier pays impacté par une hausse des tarifs douaniers à partir du 1er février.
Statu quo
En rechange, ce soir, la FED laissera ses taux inchangés et devrait adopter cette attitude pour au moins les deux prochaines réunions, en mars et en mai.
Et elle n’est pas la seule à se montrer plus prudente. Ainsi, hier, la Banque centrale hongroise a laissé inchangé son taux à 6.5%, comme lors de ses trois dernières réunions.
Pour justifier une nouvelle fois ce statu quo, elle a mis en garde contre une reprise de la croissance des prix due à la faiblesse du forint, aux hausses d’impôts et à l’augmentation des prix des carburants et des denrées alimentaires.
Même si le chemin est encore long, le forint s’est repris par rapport à l’euro, profitant d’un différentiel de taux qui devrait s’élargir avec la décision de la BCE demain.
Et la prochaine baisse de taux n’est manifestement pas pour tout de suite, le communiqué soulignant que « les données à venir suggèrent un risque accru d’une trajectoire d’inflation plus élevée cette année, avec le taux d’augmentation des prix à la consommation retournant dans la bande de tolérance plus tard que prévu dans le rapport d’inflation de décembre ».
Avec une inquiétude en plus que la divergence entre les politiques monétaires de la FED et de la BCE pourrait entraîner une augmentation de l’aversion au risque sur les marchés émergents, ce qui a fait dire au vice-gouverneur Barnabas Virag, « compte tenu de l’aversion pour le risque à l’égard des marchés émergents et des risques entourant les perspectives d’inflation actuelles, le taux de base peut rester au niveau actuel pendant une période prolongée ».