Dans les pas de l’histoire

Qui à Namur ne connait pas cette maison ? Une véritable référence, aussi parce qu’elle est liée indirectement à l’histoire de la ville. Je veux évidemment parler de la Maison Grafé Lecocq et Fils.

Par une journée froide, mais lumineuse de ce mois de janvier, j’ai eu la chance d’avoir pour guide, Bernard Grafé, quatrième génération de cette auguste maison, accompagné par Colin Lurot, sommelier.

Quand je dis que cette maison est liée à l’histoire, j’ai pu tout de suite m’en rendre compte en rejoignant le point de rendez-vous qui ne se situe non pas à la place Saint-Aubain où se trouve la maison historique,  mais sur la route Merveilleuse qui grimpe avec allégresse vers la Citadelle de Namur. Et c’est dans un tournant de cette route, que se trouve la cave d’élevage de la Maison Grafé Lecocq.

Grafé Lecocq a, depuis le début de son histoire en 1879, la particularité d’être éleveur-négociant. C’est pour cette raison que dans cette cave sous la citadelle, anciennement un tunnel qui permettait au tram de circuler, se trouvent les différents nectars qui sont élevés lentement dans des fûts en chêne.

Cette cave, qui est comme une cathédrale, avec un taux d’humidité élevé et une température idéale pour garder le vin, sert de cave d’élevage des vins achetés en vrac par la maison Grafé à différents vignerons, principalement dans le Bordelais, la Bourgogne, le Beaujolais, le Rhône et la Loire. En fonction des typicités et des régions de provenance, les vins vont rester dans ces fûts quelques semaines ou plusieurs mois. Les grandes appellations du Bordelais, de Bourgogne ou du Rhône vont être mises dans des fûts neufs, alors que les plus petites appellations seront élevées dans des fûts ayant entre 1 et 4 ans.

Dans ce lieu magique, où la pierre s’est recouverte de la part des anges, j’ai eu la chance de pouvoir déguster au fût quelques vins en plein élevage. Expérience unique, qui permet de se rendre compte de la difficulté de goûter un vin jeune et surtout d’essayer d’évaluer s’il doit encore ou pas rester en fût et combien de temps.

Dans un second temps, Bernard Grafé m’a fait découvrir les caves où sont conservées les bouteilles après que le vin a été tiré et dans l’attente de leur commercialisation. Et ces caves ne sont pas n’importe quelles caves, car elles sont situées sous la cathédrale Saint-Aubain. C’est dans un véritable dédale que repose des milliers de bouteilles, dans des conditions idéales pour préserver le vin.

Durable avant l’heure

L’activité de la Maison Grafé a de nombreuses vertus aussi sur le plan de la durabilité. En effet, le fait de faire venir le vin par camions citernes a un impact nettement moins important en termes d’empreinte carbone, que l’importation de bouteilles de vins.

Deuxième approche durable, les bouteilles sont consignées. Ce qui signifie que ces dernières sont lavées et réutilisées, ce qui réduit aussi très fortement l’empreinte carbone par rapport à un recyclage traditionnel du verre.

Après ces visites, qui ont été un voyage dans l’histoire, j’ai eu la chance de déguster quelques-uns des vins élevés par la Maison Grafé pour accompagner le repas. J’ai pu ainsi déguster entre autres, en blanc, un Crozes-Hermitage 2021 et un Côte de Nuits Villages 2020, et en rouge, un Florilège Saint-Julien 2016, un Florilège Margaux 2003, un Hermitage 2009, et un Beaune 1er Cru 2015 Cuvée Hugues et Louis Bétault, Hospices de Beaune.

Cette dégustation clôturait en apothéose cette journée, riche de rencontres, d’histoire et évidemment de ravissement pour les papilles.

Riche de son expérience et de la passion qui l’anime, la Maison Grafé Lecocq a encore de belles années devant elle pour faire découvrir à ses clients particuliers, qui représentent environ 70% des ventes, ses nombreuses cuvées.