Le moins que l’on puisse dire c’est que la trajectoire de la FED pour 2025 n’a vraiment pas plu à la bourse américaine et a provoqué une forte hausse des rendements obligataires et du dollar.
Le ton hawkish de Powell n’est pas bien passé
Le moins que l’on puisse dire c’est que la trajectoire de la FED pour 2025 n’a vraiment pas plu à la bourse américaine et a provoqué une forte hausse des rendements obligataires et du dollar.
La douche froide
Pas de surprise pourtant, la FED a bien réduit ses taux de 0.25%, mais par contre, pour la suite, elle a bien l’intention d’agir avec prudence.
Ecoutons Powell, car le message est sans ambiguïté, « je pense que nous sommes dans une bonne position, mais je pense qu’à partir de maintenant, c’est une nouvelle phase et nous allons être prudents quant à de nouvelles réductions ».
Il a pointé deux raisons à ce changement. D’une part, le fait que ces derniers mois l’inflation a fait preuve de résistance, en particulier les coûts du logement qui ne s’améliorent que lentement. Et d’autre part, il a reconnu que tout doucement la FED commençait à réfléchir comment les promesses de Trump modifieraient les perspectives.
Et ce changement se reflète dans les nouvelles projections de la FED, avec un indice des prix des dépenses de consommation personnelle, excluant les coûts de l’alimentation et de l’énergie, qui devrait se maintenir à 2.5 % jusqu’en 2025, soit un niveau nettement plus élevé que l’objectif de 2 %. Et concernant, l’inflation, la FED la voit à 2.5% en 2025 contre 2.1% précédemment.
Preuve que le vent a même commencé à tourner déjà lors de cette réunion, la présidente de la FED de Cleveland, Beth Hammack, a indiqué qu’elle aurait préféré laisser les taux inchangés.
Si on se base sur les dot plots, la FED ne devrait plus procéder qu’à deux baisses de taux l’année prochaine et il est déjà quasiment certain qu’elle fera une pause lors de sa réunion de fin janvier.
Et cette prudence se justifie par le fait que l’arrivée de Trump pose énormément de questions et qu’à ce stade « il est très prématuré d’essayer de tirer une quelconque conclusion. Nous ne savons pas ce qui sera soumis à des droits de douane, en provenance de quels pays, pendant combien de temps et pour quel montant. Nous ne savons pas s’il y aura des tarifs de rétorsion », a déclaré Powell. « Ce que le Comité fait actuellement, c’est discuter des voies et comprendre les façons dont les tarifs douaniers peuvent affecter l’inflation ».
La prudence dans la poursuite de la baisse des taux s’explique aussi parce que la FED est légèrement plus optimiste pour la croissance en 2025, tablant sur un taux de 2.1% en 2025 contre 2% précédemment.
Et concernant le chômage, elle s’attend à un taux de 4.3% fin 2025 contre 4.4% précédemment.
Les réactions ont été quand même assez importantes, car les marchés ne s’attendaient visiblement pas à un ton aussi hawkish de la part de Powell. La bourse américaine a fortement corrigé avec une hausse très sensible de l’indice VIX, qui mesure la volatilité sur les marchés boursiers.
Mais le mouvement le plus marqué a sans doute été celui du rendement du Treasury 10 ans qui a progressé de 15 points entrainant dans son sillage le dollar à la hausse, notamment par rapport à l’euro.
Statu quo
La BOJ, qui se réunissait ce matin, ne pouvait pas faire autre chose que laisser ses taux inchangés compte tenu de la nervosité des marchés après la décision de la FED.
Ce statu quo explique pourquoi le dollar s’est également renforcé par rapport au yen.
Par contre, la BOJ n’en a pas encore fini avec les hausses de taux, puisque le statu quo a été voté à 8 contre 1, Naoki Tamura, membre dissident du conseil d’administration, a proposé d’augmenter les taux d’intérêt à 0,5 %, estimant que les risques inflationnistes s’intensifiaient.
Ce qui signifie qu’elle devrait relever ses taux à 0.50% d’ici fin mars, et cela d’autant plus si le yen s’affaiblit trop par rapport au dollar.
Statu quo attendu aussi pour la Banque d’Angleterre d’autant plus après la publication des chiffres sur l’inflation hier.
Comme attendu, en effet, l’inflation est remontée à 2.6% en novembre, contre 2.3% précédemment, et surtout l’inflation des services est restée inchangée à 5%.
Et pour couronner le tout, la croissance des salaires, qui a atteint un taux annuel de 5.2 % au cours des trois mois se terminant en octobre, soit un niveau bien supérieur au taux de 3 % que la plupart des membres du comité de politique monétaire considèrent comme compatible avec un taux d’inflation de 2 %.
La BoE laissera dès lors son taux inchangé à 4.75%, tout comme la Banque centrale de Norvège laissera le sien inchangé à 4.50%.
Seule la Banque centrale suédoise devrait encore réduire ses taux de 0.25% pour les porter à 2.50%.