Un peu moins pires, ou un peu meilleurs ? En parlant des indices PMI en zone euro, publiés hier, qui ont montré, une nouvelle fois, une situation contrastée entre l’industrie et les services.
Il est urgent pour l’Europe de se prendre en main
Un peu moins pires, ou un peu meilleurs ? En parlant des indices PMI en zone euro, publiés hier, qui ont montré, une nouvelle fois, une situation contrastée entre l’industrie et les services.
Indices PMI
En France, l’indice des services affiche un petit rebond, même s’il demeure en dessous du seuil neutre de 50, alors que l’indice manufacturier est tombé à son niveau le plus bas depuis 55 mois.
Il ressort clairement de l’enquête que l’instabilité politique est une des raisons de cette faible confiance des entreprises.
La Banque de France a publié hier ses prévisions pour les prochaines années, et a revu à la baisse ses dernières pour 2025, alors même qu’elles ont été arrêtées avant le vote de censure du gouvernement.
Après une croissance de 1.1% cette année, elle s’attend à un taux de 0.9%, soit un taux assez faible, que la Banque de France justifie parce que « la demande intérieure serait en effet affectée non seulement par les mesures de consolidation budgétaire, mais aussi par le contexte d’incertitude qui les entoure. De ce fait, la consommation des ménages accélérerait seulement modérément après avoir connu une croissance atone en 2024. La contribution de l’investissement privé resterait négative, mais nettement moins qu’en 2024. La contribution du commerce extérieur à la croissance serait toujours positive, mais moindre qu’en 2024 en raison d’une normalisation des importations après une période de recul marqué ».
En Allemagne, l’indice des services sort la tête de l’eau et est repassé en territoire positif, ce qui est en soi déjà un exploit.
Là aussi, en plus de la chute de l’activité manufacturière et aux incertitudes qui pèsent sur le commerce mondial, l’instabilité et l’incertitude politique viennent peser sur le moral des entreprises.
Le gouvernement allemand n’a pas survécu au vote de confiance hier, et comme en France, s’ouvre une période de flottement dont l’économie se serait bien passée.
Résultat, l’indice PMI composite en zone euro s’est un peu redressé, en grande partie grâce au secteur des services qui a affiché un rebond un peu surprenant en fin d’année.
Par contre, décidément, l’industrie ne parvient pas à sortir du marasme et les perspectives ne sont guères réjouissantes pour l’année prochaine.
Mais pour terminer sur une note positive, l’optimisme général s’est amélioré avec un indice composite des perspectives d’avenir qui est passé de 56.1 à 57.8, son plus haut niveau depuis quatre mois.
Prévisions pour la Belgique
La BNB a présenté hier ses prévisions pour les prochaines années sous le titre, « l’économie belge continuerait de croître à un rythme modéré ».
Après une croissance de 1% cette année, elle se montre modérément optimiste en tablant sur un taux de 1.2% en 2025 et de 1.4% en 2026. Ces chiffres sont en effet même plutôt optimistes, car, dans le détail, la BNB se montre quand même assez circonspecte sur les différentes composantes du PIB.
Concernant les investissements des entreprises, après une année marquée par un ralentissement, pour l’année prochaine, « la nécessité de procéder à de véritables investissements d’expansion est actuellement faible, le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie étant très bas. D’après ces estimations, la croissance des investissements resterait positive, quoique nettement inférieure à sa moyenne à long terme ».
Pour l’investissement résidentiel, la BNB parle d’une reprise modeste, ce n’est donc ce poste qui va tirer la croissance.
La consommation des ménages continuera de croître à un niveau proche de sa moyenne, mais sans plus, et manquera sans aucun doute d’élan. Et concernant les exportations, elle devraient repartir à la hausse, mais « la croissance des importations devrait se redresser elle aussi, de sorte que les exportations nettes continueraient de peser sur l’activité tout au long de la période de projection ».
Et en plus il faut prendre ces prévisions avec beaucoup de prudence, car les dépenses publiques ne sont pas évoquées, en l’absence de gouvernement, et dès lors en l’absence d’indications sur les mesures qui seront prises pour réduire le déficit.
Baisse des taux
La BCE se trouva fort démunie lorsque la bise fut venue, non pas parce qu’elle avait chanté tout l’été, mais parce que le monde politique continue de faire preuve de légèreté, pour ne pas dire d’irresponsabilité.
Heureusement que l’inflation revient dans les clous, ce qui devrait permettre à la BCE de continuer de réduire ses taux comme l’a confirmé, hier, Luis de Guindos, son vice-président, « si nos projections d’inflation se confirment, l’évolution (de la politique monétaire) poursuivra la tendance (de réduction des taux) que nous avons eu ces derniers mois ».
Et Christine Lagarde a abondé dans son sens en déclarant « si les données entrantes continuent de confirmer notre scénario de base, la direction à suivre est claire et nous prévoyons d’abaisser encore les taux d’intérêt ».
Et elle a ajouté que le maintien des taux à un niveau « suffisamment restrictif » n’était plus justifié compte tenu de la faiblesse de la croissance et de la modération des pressions sur les prix, car « la dynamique de l’inflation dans le secteur des services a également fortement diminué récemment. Ces données suggèrent qu’un ajustement à la baisse de l’inflation des services, et donc de l’inflation domestique, est possible dans les mois à venir ».
Mais la BCE, à part baisser ses taux, si l’inflation revient à son objectif, ne peut pas faire grand-chose, et comme l’a souligné Christine Lagarde « si les États-Unis – notre principal marché d’exportation – prennent une tournure protectionniste, la croissance de la zone euro risque d’en pâtir ».
Il faut pour cela que le monde politique européen se réveille, prenne pleinement conscience des défis qui nous attendent, parlent d’une seule voix, unissent leurs investissements à travers une Europe des capitaux.
Et ce n’est évidemment pas un hasard, si, hier, le FMI a publié un document de travail qui montre que « le succès d’une politique industrielle dépend non seulement des sommes dépensées, mais aussi de la bonne façon de les dépenser, c’est-à-dire de cibler les bonnes priorités et d’éviter les faux pas coûteux ».
Ce document intitulé « l’Europe a besoin d’une approche coordonnée de la politique industrielle » vient rappeler ou souligner le rapport Draghi en mettant en évidence que « dans un scénario où l’UE agit en tant que région intégrée et adopte une politique industrielle bien ciblée, de meilleurs résultats sont obtenus que dans le cadre d’approches fragmentées et spécifiques à chaque pays. La coordination permet d’éviter des distorsions coûteuses des modèles de production et des prix des échanges entre les pays de l’UE ».
Et le rapport de prendre l’exemple de « la création de l’entreprise Airbus il y a près d’un demi-siècle a montré qu’une coordination à grande échelle peut fonctionner : cette initiative collaborative et multi-pays a combiné ressources et expertise pour créer un acteur compétitif à l’échelle mondiale. Des efforts similaires pourraient libérer le potentiel des transitions écologique et technologique de l’Europe ».
Il est plus que temps que l’Europe se prenne en main, mais pour cela il faut que le monde politique soit à la hauteur et sorte de son nombrilisme destructeur.