Zone de turbulence en vue pour les devises ?

Mode Expresso

Il n’y a pas que Powell qui s’est exprimé à Jackson Hole, c’est le cas de nombreux banquiers centraux, comme je le signalais hier, ce qui rend très intéressant et instructif ce symposium.

Mode Lungo

Il n’y a pas que Powell qui s’est exprimé à Jackson Hole, c’est le cas de nombreux banquiers centraux, comme je le signalais hier, ce qui rend très intéressant et instructif ce symposium.

Le cas du Brésil

Le gouverneur de la Banque centrale du Brésil, Roberto Campos Neto, s’est interrogé sur le fait que, pour une Banque centrale, il est compliqué de discuter de la transmission de la politique monétaire sans parler des questions fiscales et de la dette.

Il a pointé en particulier le cas des transferts de revenus en soulignant qu’au Brésil « 50 millions de personnes reçoivent de l’argent du gouvernement, contre 43 millions de salariés et d’entrepreneurs ».

Et de préciser, « nous devons réfléchir à une stratégie précise et comprendre l’efficacité de ces programmes gouvernementaux, en particulier dans les pays émergents, et ce que cela a entraîné pour la dette. Je pense que nous devons commencer à mieux communiquer sur la mauvaise répartition des ressources ».

Ces propos ne sont pas anodins, car la Banque centrale brésilienne, depuis 2 mois, a décidé de laisser ses taux inchangés à 10.5% et a durci son discours en soulignant qu’elle surveillait de près l’impact des récents développements fiscaux sur la politique monétaire et les actifs financiers.

Le gouverneur vise le programme du gouvernement de Lula qui pourrait mettre en place des règles fiscales qui pourraient encore accentuer les transferts.

La Banque centrale du Brésil se trouve un peu dans la même situation que la BOJ, à savoir, de devoir peut-être remonter ses taux alors que la FED s’apprête à réduire les siens, ce qui pourrait amener pas mal de volatilité sur le réal brésilien.

Il faut dire que l’inflation annuelle au Brésil a atteint 4.5 % en juillet, s’éloignant de plus en plus de l’objectif officiel de 3 %, avec une marge de tolérance de 1.5% dans les deux sens.

La probabilité d’une hausse de taux en septembre s’est encore accentuée après ces déclarations.

Indices de confiance

Commençons par l’indice de confiance des chefs d’entreprises, publié par la BNB, et qui n’a guère évolué d’un mois à l’autre.

La BNB constate que « pour le troisième mois consécutif, le climat des affaires s’est détérioré dans l’industrie manufacturière. En revanche, la confiance des chefs d’entreprise s’est redressée de manière significative dans le commerce et, pour le deuxième mois d’affilé, également dans la construction. Dans les services aux entreprises, la situation conjoncturelle est demeurée assez stable ».

En Allemagne, l’indice IFO est venu confirmer qu’il n’y a aucune amélioration en vue, et que tous les secteurs sont orientés à la baisse.

D’ailleurs, le président de l’IFO n’y est pas allé par quatre chemins, en déclarant, « l’économie allemande s’enfonce de plus en plus dans la crise », avec des entreprises qui continuent de signaler un manque de commandes dans tous les secteurs.

Le risque de récession se renforce encore un peu plus alors que les risques géopolitiques s’exacerbent et que se profile les élections américaines.

Zone de turbulence en vue ?

Des positions différentes de la part des Banques centrales risquent de provoquer pas mal de volatilité sur les devises dans les prochains mois. Ce phénomène nous l’avons déjà observé avec le yen, et ce dernier pourrait continuer de se renforcer compte tenu des propos assez fermes de Ueda.

Le fait que le gouverneur de la BoE se soit montré moins baissier sur les taux que la BCE et que la FED a entrainé une hausse assez nette du sterling par rapport au dollar.

Dollar, qui est lui-même sous pression dans la perspective de l’amorce du cycle de baisse des taux de la part de la FED à partir de septembre.

Ce qui n’empêche cependant pas le yuan d’être également sous pression, dans l’attente d’une baisse des taux de la part de la Banque centrale chinoise. La perspective d’une baisse des taux de la part de la FED est clairement une bonne nouvelle, car cela lui ouvre la porte à de nouveaux assouplissements sans fragiliser sa devise.  Mais en même temps, un empressement dans l’ajustement monétaire risque d’être perçu comme un aveu que l’économie se dégrade plus que prévu, ce qui pourrait entrainer une baisse du yuan.

Et ne parlons pas de la livre turque qui affiche de nouveaux records à la baisse par rapport au dollar, alors que la Banque centrale a pourtant décidé de laisser ses taux inchangés. La conjonction d’une poursuite de la chute de la devise et de la hausse du prix du baril est une très mauvaise nouvelle, car cela augmente l’inflation importée et cela pourrait venir mettre à mal le scénario d’un recul de l’inflation fin de l’année.

Subscribe
Notify of
0 Comments
Oldest
Newest
Inline Feedbacks
View all comments