Les indices PMI manufacturiers en zone euro sont repartis à la baisse, contre toute attente, et la situation en France s’est déjà dégradée aussi dans le secteur des services avant la tenue des élections, ce qui a pesé sur l’indice européen.
La reprise en Europe, un feu de paille ?
Les indices PMI manufacturiers en zone euro sont repartis à la baisse, contre toute attente, et la situation en France s’est déjà dégradée aussi dans le secteur des services avant la tenue des élections, ce qui a pesé sur l’indice européen.
Reprise avortée ?
En France, le secteur des services s’est très nettement contracté, et cette contraction contraste avec la situation en Allemagne qui a vu ce dernier rester relativement stable.
La France a le triste privilège de voir les deux indices reculer, ce qui sont sans doute déjà les prémices de l’impact négatif de l’incertitude qui va émerger des résultats des élections. Et le dernier sondage qui donne 35.5% des intentions de vote au RN et à ses alliés ne va pas rassurer les marchés et les entreprises.
En Allemagne, heureusement que le poids du secteur des services est prépondérant et que celui-ci reste dynamique, car le secteur manufacturier est reparti à la baisse.
Manifestement, le secteur manufacturier en zone euro ne bénéficie pas de la reprise mondiale et semble montrer déjà un coup d’arrêt alors qu’il venait à peine de se reprendre.
Et le secteur des services, toujours en zone euro, par contre a résisté, mais clairement il a été affecté par le recul en France, ce qui a comme conséquence que l’indice composite est passé de 52.2 en mai à 50.8 en juin.
Autant dire que ces chiffres vont mettre la pression sur la BCE pour poursuivre son mouvement de baisse des taux.
Mais clairement, une reprise avortée dans le secteur manufacturier, et un décrochage sévère en France pourrait plomber sérieusement la reprise en Europe.
Incertitude
A la veille des élections, l’incertitude est aussi palpable en Grande-Bretagne, car, selon Chris Williamson, chef économiste chez S&P Global, « le ralentissement reflète en partie l’incertitude entourant l’environnement économique à l’approche des élections législatives, de nombreuses entreprises observant un hiatus dans la prise de décision dans l’attente d’une clarté sur les choix politiques ».
Il faut dire que l’arrivée au pouvoir des Travaillistes est attendue avec une certaine crainte par les entreprises, en particulier par le secteur énergétique, car il s’est engagé à bloquer les nouvelles licences d’exploration pétrolière et gazière et à augmenter les taxes sur les bénéfices exceptionnels des entreprises du secteur de l’énergie.
La prudence de la Banque d’Angleterre est par contre justifiée en regard de ces indices, car il ressort que les entreprises ont augmenté leurs prix au rythme le plus rapide en quatre mois et que les coûts des intrants ont augmenté en raison des goulets d’étranglement dans le transport maritime mondial.
Yen sous pression
Il ressort des minutes de la dernière réunion de la BOJ que ses membres ont débattu de la possibilité d’une hausse des taux d’intérêt, ce qui a relancé les spéculations sur une hausse des taux lors de la réunion des 30 et 31 juillet.
Une partie des membres se sont clairement exprimés pour une hausse des taux à court terme, alors que d’autres ont estimé qu’il était nécessaire de vérifier si la hausse des salaires allait permettre à la consommation de sortir du marasme, avant d’envisager une hausse des taux.
Mais en attendant, le yen demeure sous pression au grand dam des autorités qui continuent de mettre en garde sur le niveau et la volatilité du yen. Mais tant que l’incertitude demeurera sur les intentions de la BOJ sur la réduction de ses achats d’obligations et sur la hausse des taux, le yen subira le différentiel de taux par rapport au dollar.
Encore un mot sur l’Allemagne
Le retournement de l’indice PMI manufacturier n’est pas une bonne nouvelle, et ce n’est malheureusement pas la seule.
Alors qu’en 2023, les prix de l’immobilier résidentiel avait déjà chuté de 8.4%, il est ressorti que la baisse s’est poursuivie en 2024 avec une chute de 5.7%, en taux annuel, sur le premier trimestre.
En cause, les coûts élevés de financement et de construction, ce qui a provoqué une des pires crises du secteur. Mais la perspective d’une baisse des taux pourrait arrêter l’hémorragie, ainsi qu’une reprise de la demande, alors que l’offre continue d’être insuffisante suite à une pénurie de logements.
Autre point d’attention, l’Allemagne doit réduire sa dépendance à la Chine qui était jusqu’à présent son premier partenaire commercial, surtout alors que l’UE se montre plus ferme par rapport aux déséquilibres commerciaux et prend des mesures pour contrer les aides apportées par la Chine à ses entreprises, comme dans le cas des voitures électriques.
Cette prise de conscience se reflète tout doucement dans les chiffres, ainsi, au premier trimestre de cette année, les échanges commerciaux entre l’Allemagne et la Chine ont été de 60 milliards d’euros alors que ceux entre l’Allemagne et les Etats-Unis de 63 milliards d’euros.
Et au mois de mai, les exportations allemandes vers la Chine ont chuté de 14 % par rapport à l’année précédente, tandis que les exportations vers les États-Unis ont augmenté de 4.1 %.