Fuite en avant, ou réelle volonté de soutenir l’économie, les autorités chinoises essayent en tout cas de mettre un terme à la chute de la bourse, tout en préservant leur devise.
Inquiétude des autorités financières chinoises
Fuite en avant, ou réelle volonté de soutenir l’économie, les autorités chinoises essayent en tout cas de mettre un terme à la chute de la bourse, tout en préservant leur devise.
Mesures de soutien
Hier, elles ont annoncé mettre à disposition un montant de 2.000 milliards de yuans pour acheter des actions.
Mais cette annonce a eu un effet très limité, car, pour beaucoup de gestionnaires, elle est largement insuffisante, et surtout il faut régler les problèmes de fond et pas se contenter d’injecter des capitaux dans la bourse.
Selon les estimations de l’Institute of International Finance, les sorties de fonds des portefeuilles chinois en 2023 s’élèvent à 82.2 milliards de dollars, tandis que les marchés émergents, hors Chine, ont enregistré 261.1 milliards de dollars d’entrées dans les portefeuilles des non-résidents.
Ce matin, et alors que la bourse est repartie à la baisse, les autorités chinoises de régulation des marchés financiers ont demandé à certains gestionnaires de fonds spéculatifs de limiter les ventes à découvert sur le marché à terme des indices boursiers.
Même si les régulateurs n’ont pas formulé de restrictions spécifiques, ils ont laissé entendre que les activités de vente à découvert utilisant les contrats à terme sur les indices boursiers seraient limitées.
En agissant de la sorte, les autorités veulent éviter de voir une spirale négative s’intensifier dans laquelle les ventes à découvert accentuent la baisse, obligeant alors les opérateurs à déboucler d’autres positions pour couvrir leurs pertes.
Les temps sont durs
A côté de cela, la Chine est confrontée à des restrictions et des mesures pour limiter son influence, aux Etats-Unis, mais probablement en Europe aussi si on croit les annonces attendues par la Commission européenne aujourd’hui.
Cette dernière devrait en effet présenter des plans visant à renforcer la sécurité économique de l’Union européenne par une surveillance plus étroite des investissements étrangers et des contrôles plus stricts sur les exportations et les sorties de technologies.
Même si la Chine n’est pas explicitement citée dans le document, la Commission insiste sur la nécessité de mettre en place des collaborations avec des « partenaires fiables » et sur l’importance de « la réduction des risques ».
Mais elle ne fait pas mystère de sa volonté de réduire sa dépendance économique à l’égard de la Chine, qui domine les technologies vertes et la production de minerais essentiels.
Statu quo
La réunion de la BCE, demain, ne devrait pas nous apporter grand-chose étant donné que le statu quo sera de mise et que ses membres n’ont pas eu beaucoup de nouveaux indicateurs depuis la réunion du mois de décembre.
Une première salve d’indicateurs sera néanmoins publiée ce matin avec les fameux indicateurs de confiance PMI, qui, comme le montre le tableau, devraient signifier que nous avons touché le creux. Mais il faudra attendre leur publication pour être certain que c’est ce scénario qui se dessine.
On sait cependant que l’indicateur le plus attendu par la BCE est l’évolution des salaires dans les prochains mois et qu’elle observe avec beaucoup d’attention le risque de la spirale prix-salaires.
La probabilité d’une baisse des taux en mars s’est réduite à peaux de chagrin, mais par contre, celle pour une baisse des taux en juin se situe maintenant à 97%.
Renforcement du sterling
Malgré une économie en berne, le sterling s’est sensiblement renforcé par rapport à l’euro sur base du sentiment que la BoE réduira ses taux après la BCE.
Compte tenu de la hausse des salaires et de l’inflation dans les services, la BoE devrait agir plus tard que la BCE et procéder sur l’ensemble de l’année à une baisse moins importante de son taux directeur.
Avec une inflation au mois de décembre de 4%, l’inflation britannique était juste inférieure à celle de la France (4.1 %) et supérieure à celle de l’Allemagne (3.8 %), à celle des États-Unis (2,1 %), et à celle de la zone euro (2.9%).
Et pendant une grande partie de l’année 2023, l’inflation britannique a été plutôt plus élevée que dans les autres économies avancées, en partie à cause de la forte dépendance du pays au gaz pour le chauffage et la production d’électricité, et de la réglementation qui a conduit à ce que les factures d’énergie des ménages augmentent et diminuent avec plusieurs mois de retard par rapport à d’autres pays.
Alors que certains tablent sur une chute rapide de l’inflation vers 2% au milieu de cette année, la BoE se montre beaucoup plus circonspecte et s’inquiète de la hausse des salaires.
Selon les enquêtes, de nombreux employeurs prévoient des hausses de salaires de l’ordre de 5% cette année, et le salaire minimum devrait augmenter de 10% en avril.
Mais même si la BoE baisse ses taux, le différentiel de taux entre son taux et celui de la BCE en fin d’année restera favorable au sterling. Mais on sait aussi que le taux d’intérêt n’est pas la seule variable qui influence la valeur d’une devise, surtout lors d’une année électorale.