Durée plutôt que niveau

Mode Expresso

La BCE a une nouvelle fois augmenté ses taux, tout en signalant que ce resserrement monétaire touchait à sa fin, mais en annonçant des taux inchangés pour une longue période.

Mode Lungo

La BCE a une nouvelle fois augmenté ses taux, tout en signalant que ce resserrement monétaire touchait à sa fin, mais en annonçant des taux inchangés pour une longue période.

Décisions de la BCE

La BCE a décidé d’encore augmenter ses taux de 0.25% pour porter son taux de dépôt à 4%, soit son plus haut niveau depuis la création de l’euro en 1999.

Comme je l’avais indiqué hier, outre que je tablais sur cette hausse, elle a revu à la hausse ses prévisions pour l’inflation à 5.6% pour cette année (5.4%), à 3.2% pour 2024 (3%) et à 2.1% en 2025 (2.2%). Soit un taux d’inflation qui ne reviendra à son objectif qu’en 2025.

Concernant la croissance, révision à la baisse, avec une croissance de 0.7% cette année (0.9%), de 1% en 2024 (1.5%), et de 1.5% en 2025 (1.6%).

Au-delà de cette hausse, il faut revenir sur le message de la BCE et je cite un passage sur lequel Christine Lagarde est revenue longuement en conférence de presse. Ce passage est crucial pour la suite. « Sur la base de son évaluation actuelle, le Conseil des gouverneurs considère que les taux d’intérêt directeurs de la BCE ont atteint des niveaux qui, maintenus pendant une durée suffisamment longue (c’est moi qui souligne), contribueront fortement au retour au plus tôt de l’inflation au niveau de l’objectif ».

Et d’ajouter « les futures décisions du Conseil des gouverneurs feront en sorte que les taux d’intérêt directeurs de la BCE soient fixés à des niveaux suffisamment restrictifs, aussi longtemps que nécessaire ».

Chaque mot à son importance, et en particulier « une durée suffisamment longue », qui indique que la BCE ne veut pas prendre le risque d’encore accentuer le ralentissement en augmentant ses taux, mais qu’elle est décidée à ne pas les réduire rapidement.

Mais tout en se laissant encore une dernière porte de sortie, au cas où, comme l’a souligné Christine Lagarde, « l’accent va être mis, à l’avenir, sur la durée, mais cela ne veut pas dire – parce que nous ne pouvons pas le dire maintenant – que nous avons atteint le pic ».

Et dernier point à relever dans ce communiqué, « plus particulièrement, les décisions du Conseil des gouverneurs relatives aux taux d’intérêt seront fondées sur son évaluation des perspectives d’inflation compte tenu des données économiques et financières, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire ».

Si la BCE en a bien terminé avec la hausse des taux, elle demeurera attentive et peut toujours agir sur les taux longs, car le grand risque pour elle est de voir une détente trop rapide des taux.

Signalant la fin des resserrements, la BCE a provoqué une baisse assez sensible de l’euro, ce qui, avec la hausse du prix du baril qui se poursuit, est un risque important de remontée de l’inflation, ce qui montre combien il va être compliqué pour la BCE de garder le cap.

En revanche, les bourses ont salué la fin du resserrement monétaire, soutenues en plus, ce matin, par des indicateurs un peu meilleurs en Chine.

Un peu mieux, mais …

La production industrielle en Chine a augmenté en taux annuel de 4.5% en août, contre un taux de 3.7% en juillet, et les ventes de détail ont progressé de 4.6% contre 2.5% en juillet.

Cependant, les autorités ne sont pas encore rassurées puisqu’hier, la Banque centrale chinoise a, une nouvelle fois, réduit les taux des réserves obligatoires des banques de 0.25% afin de stimuler la liquidité. Et elle a également renouvelé les prêts à moyen terme arrivant à échéance afin d’injecter davantage de liquidités dans le système financier.

Cela montre clairement que les autorités sont particulièrement inquiètes de l’état du secteur immobilier, qui ne montre pas d’amélioration. En effet, en août, l’investissement immobilier a poursuivi sa chute, avec une baisse de 19.1 % en taux annuel, après une chute de 17.8 % le mois précédent. Et autres données inquiétantes, l’investissement privé s’est contracté de 0.7 % au cours des huit premiers mois, accentuant la contraction de 0.5 % enregistrée en janvier-juillet.

Grève aux Etats-Unis

A ce stade, seulement 12.000 ouvriers de l’automobile ont débrayé, mais si elle devait s’étendre cela pourrait concerner 146.000 ouvriers œuvrant pour les trois grands constructeurs automobiles de Detroit, General Motors, Ford et Stellantis.

Le risque que fait peser cette grève si elle est longue est double. D’une part, de peser sur la croissance alors même que l’économie américaine ralenti, et de voir les créations d’emploi basculer en territoire négatif. Et d’autre part, risque beaucoup plus grand, entrainer une chute de la production automobile, ce qui provoquerait une hausse des prix et dès lors un risque de reprise de l’inflation.

Subscribe
Notify of
0 Comments
Oldest
Newest
Inline Feedbacks
View all comments