Le monde du vin n’échappe pas aux conséquences du changement climatique

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Ces dernières années, le monde du vin a vécu de très près le changement climatique à travers le réchauffement de la planète mais aussi ses dérèglements causant des accidents lors du cycle normal de la vigne.

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Ces dernières années, le monde du vin a vécu de très près le changement climatique à travers le réchauffement de la planète mais aussi ses dérèglements causant des accidents lors du cycle normal de la vigne. Les vignerons doivent dès lors s’adapter pour ne pas voir leurs vignes disparaitre. Tout comme ils doivent s’adapter pour sauver le goût du vin, à moins qu’inéluctablement, ce goût soit amené à évoluer sous la pression du changement climatique.  

Une maturité plus précoce du raisin

Si les conséquences du réchauffement sont évidentes pour tout le monde, son impact sur la vigne et donc sur le raisin est  moins perceptible. Pourtant, les vignerons le vivent de plus en plus intensément. Car le réchauffement entraine une maturité précoce du raisin qui expose les bourgeons ou les jeunes pousses aux épisodes de gel, qui eux-mêmes sont devenus plus tardifs et plus fréquents.

Conséquences ; taux d’alcool en hausse, diminution de l’acidité, baisse des rendements, et risques plus élevés d’accidents climatiques, ce qui ne peut qu’aggraver la situation. Et  la situation risque fort d’empirer. Selon une étude de l’INRAEN (l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement), l’Italie ou l’Espagne pourraient perdre jusqu’à 65 % de leurs terres viticoles, tandis que l’Allemagne ou la France n’en perdraient que 20 % à cause du réchauffement climatique.

Quand les vignes se déplacent

Cependant, si certaines régions ne seront plus propices à la vigne à l’avenir, la hausse des températures permet à de nouvelles régions de voir la vigne s’implanter, comme en Belgique. Et aussi des régions qui étaient caractérisées par des vins assez confidentiels voient alors leur expansion, en particulier, des régions où il est possible de planter des vignobles en plus haute altitude pour aller chercher de la fraîcheur.

Mais tout le monde ne peut évidemment pas changer de région et s’implanter ailleurs. Et les vignerons doivent dès lors adapter les méthodes de production dans la vigne, et/ou les  méthodes de vinification dans les chais ou encore le matériel végétal (cépages interspécifiques).

Trois manières pour les vignerons de s’adapter

Tout d’abord, faire du vin commence bien évidemment par le travail à la vigne et c’est à ce stade que le vigneron peut s’adapter au niveau de sa méthode de production. Il peut alors tailler plus tardivement pour que le bourgeon sorte plus tard et éviter le risque de gel, mais aussi faire pousser la vigne plus haut pour éviter le gel, ou encore augmenter la surface foliaire pour avoir plus d’ombre.

Ensuite, à côté de cela, le vigneron peut agir en vendangeant de nuit pour récolter des raisins moins chauds et dès lors ralentir les vinifications. Il peut aussi désalcooliser les vins, soit via des levures qui produisent moins d’éthanol soit encore par une mise sous vide et l’évaporation de l’alcool.  

Enfin, il n’y a pas trente-six solutions et le vigneron peut alors faire le choix d’adapter le matériel végétal en utilisant des cépages interspécifiques, c’est-à-dire des cépages génétiquement modifiés et dès lors plus résistants.

Conscients de la nécessité de s’adapter, 12 nouveaux cépages résistants ont été autorisés en France, à savoir 8 cépages blancs (Cabernet Blanc, Bronner, Johanniter, Muscaris, Saphira, Solaris, Soreli, et Souvignier Gris), et 4 cépages rouges (Monarch, Cabernet Cortis, Pinotin, et Priorpoint).

S’adapter sans y perdre son âme

Une autre option pour sortir des carcans de l’appellation, consiste pour certains vignerons d’étiqueter leur vin sous l’appellation vin de Pays ou vin de France, ce qui leur permet alors d’intégrer des cépages qui ne sont pas autorisés dans le cahier des charges de l’appellation. Il s’agit parfois, mais pas toujours, pour le vigneron d’une façon d’intégrer dans ses cuvées des cépages plus résistants à la sécheresse ou qui donnent plus de fraicheur.

Mais dans un cas comme dans l’autre, que ce soit via l’utilisation de cépages interspécifiques ou la sortie de l’appellation, se pose évidemment la question d’un risque de perdre l’identité du vin par rapport à sa région. Comme en plus, les vignerons doivent tenir compte de l’évolution du goût du consommateur qui recherche des vins plus légers et moins élevés en alcool, il lui faut répondre à cette évolution, mais sans y perdre son âme.

Entre imprévisibilité et opportunités

On a bien compris que le monde du vin n’échappe pas au changement climatique. Que des solutions existent et que les vignerons s’adaptent. Mais ils ne peuvent malheureusement pas tout anticiper. En effet, la grêle continue de faire des dégâts chaque année dans les vignobles et le bouleversement du climat entraine des passages de ce type de plus en plus nombreux et plus violents. Le gel touche aussi durement les vignobles parce que le cycle végétatif est perturbé, et même des tailles plus tardives ne protègent pas la vigne. Ni d’ailleurs les différentes techniques existant qu’il s’agisse des bougies allumées les nuits de gel, des éoliennes ou de l’aspersion des vignes pour former des cocons censés protéger du gel. Et une vague de sécheresse soutenue par un vent qui vient brûler les vignes comme un chalumeau laisse aussi le vigneron désemparé.  

Même le bio n’est pas la panacée, car le développement des maladies confronte le vigneron au choix douloureux de garder son label ou de sauver ses vignes en cas d’attaques massives de maladies. Et il ne protège en rien de la sécheresse, même si il protège parfois du gel en raison d’une taille plus tardive.

En revanche du côté des opportunités, la qualité des vins est amenée à s’améliorer dans certaines régions qui ne bénéficiaient pas des conditions idéales pour la vigne. Et même de nouvelles régions se révèlent être riche d’opportunités suite au réchauffement climatique.

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