Prévoir, c’est croire que le monde obéit à une logique. Mais l’économie, comme la vie, se joue des certitudes. Entre l’ombre des chiffres et la lumière des événements, nos prévisions se heurtent à l’absurde : celui d’un monde sans sens, où l’imprévisible demeure la seule règle.
L’illusion des prévisions dans un monde sans sens : retour sur mes prévisions pour 2025
Prévoir, c’est croire que le monde obéit à une logique. Mais l’économie, comme la vie, se joue des certitudes. Entre l’ombre des chiffres et la lumière des événements, nos prévisions se heurtent à l’absurde : celui d’un monde sans sens, où l’imprévisible demeure la seule règle.
Ma première prévision parlait de chute
« La chute en 11 jours de Bashar al-Assad a été le signal important de l’affaiblissement du Hezbollah suite aux attaques d’Israël. L’année 2025 sera marquée par la chute du régime iranien, qui ne disposant plus d’une très forte influence étrangère, va se retrouver contesté par son peuple. Après une sanglante répression, la chute du pouvoir des Ayatollahs va venir encore plus compliquer la situation au Moyen-Orient, mais surtout va libérer les femmes en particulier ».
Le régime des Ayatollahs a tremblé cette année, non pas par une contestation interne, mais par les attaques israéliennes sur les installations nucléaires et certains sites militaires. Mais l’escalade n’a pas eu lieu, et le régime a réussi même à se renforcer, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour le sort des femmes.
Baisse des taux
Je ne vais pas dire que ma deuxième prévision était facile, mais un peu quand même. Je prédisais que « la BCE va encore réduire ses taux cette année, compte tenu d’une inflation contenue, même si elle ne sera pas encore à l’objectif. Mais surtout parce que l’économie européenne a besoin d’un peu d’oxygène pour tenter de retrouver un second souffle ».
Et concrètement, ma prévision était de dire que « le taux de dépôt qui se situe actuellement à 3 % sera ramené à 2 % au milieu de l’année prochaine ».
C’est exactement le scénario qui s’est produit avec un taux de dépôt qui se situe exactement à 2 % depuis le milieu de l’année.
Pas l’effet escompté !
Baisse des taux en zone euro, d’où un risque de baisse de l’euro. C’est en tout cas ce que j’avais estimé en particulier face au sterling.
« Conséquence de cette baisse de taux de la part de la BCE, l’euro devrait s’affaiblir par rapport au sterling, mais pas que, parce que les baisses de taux de la part de la BoE seront plus faibles. Avec un différentiel de taux qui s’élargit, le sterling se renforcera encore par rapport à l’euro jusqu’à toucher le niveau de 0.78, soit son niveau d’avant juin 2016 au moment des élections en Grande-Bretagne qui ont enclenché le processus du Brexit ».
Certes, la BoE n’a pas réduit autant ses taux que la BCE, mais le sterling a été fortement mis sous pression suite à des hausses d’impôts qui ont affaibli l’économie alors que l’inflation ne reculait pas aussi rapidement que prévu.

Trump inévitablement
Il était impossible de ne pas faire une prévision concernant Trump. Et voilà ce que j’avais prédit : « Faire une prévision concernant Trump relève de l’impossible tellement il est prévisible et en même temps imprévisible. Qu’il va appliquer ce qu’il a annoncé ne fait pas l’ombre d’un doute.
Il faut dès lors essayer de prévoir ce qu’il n’a pas annoncé, même s’il faut bien lui reconnaître une chose, c’est que lui au moins il fait ce qu’il dit.
La baisse du taux des impôts à 15 % a été annoncée par Trump, et elle devrait inciter les multinationales américaines à rapatrier leurs bénéfices. Il va dans le même temps mettre en place une nouvelle loi ciblant le chiffre d’affaires réalisé à l’étranger par ces dernières. Son intention étant de mettre une taxe spéciale sur ce chiffre d’affaires à partir du moment où les bénéfices sont logés dans des pays avec des régimes fiscaux plus favorables ».
Dans les faits, la belle et merveilleuse loi de Trump, qui sera d’application en 2026, comprend bien une baisse du taux des impôts à 15 %. En revanche, il n’a nullement été question d’une nouvelle loi qui ciblerait le chiffre d’affaires réalisé à l’étranger par les multinationales américaines.
Taux longs américains comme cinquième prévision
Il ne fait aucun doute que le programme de Trump est inflationniste, l’inflation aux Etats-Unis se situant proche des 3 % en cette fin d’année.
J’avais dès lors tablé « sur un taux à 10 ans qui ira jusqu’à 5 % dans le courant de l’année contre un niveau actuellement à 4.46 % ».
La tension sur les taux a été clairement une réalité, mais en particulier sur la partie la plus longue de la courbe américaine. Résultat, le taux à 10 ans a été au plus haut à 4,80 %, avant de se détendre, profitant des baisses de taux de la FED en fin d’année.

Consolidation dans le secteur bancaire en Europe
L’Europe doit se renforcer et a besoin d’un véritable marché des capitaux, c’est pour cette raison que j’avais évoqué la nécessité d’une consolidation dans le secteur bancaire européen.
Mon constat et ma prévision étaient les suivants : « La BCE l’appelle de ses vœux, la hausse des coûts l’impose, la fragmentation du secteur par rapport aux Etats-Unis est pénalisante, tout cela devrait entraîner une consolidation du secteur bancaire en Europe.
Les manœuvres ont déjà commencé avec UniCredit qui finira par absorber Commerzbank et devraient se poursuivre avec des fusions en France. Dans une première phase, il s’agira de fusions essentiellement dans le même pays, avec à la clef un désengagement des Etats qui vont sortir du capital des banques ».
Où en sommes-nous ? Concernant UniCredit, il détient 28 % de Commerzbank, devenant ainsi son premier actionnaire, mais se heurte à une opposition farouche du gouvernement allemand.
Mais d’autres opérations ont eu lieu. Ainsi, BNP Paribas Cardif a finalisé l’acquisition d’AXA Investment Managers (initiée en 2024, conclue en juillet 2025), créant une plateforme de gestion d’actifs de 1.500 milliards d’euros.
BPCE et Generali avaient annoncé une joint-venture entre Natixis Investment Managers et Generali Investments Holding, visant 1.900 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Mais le 11 décembre, ils ont conjointement pris la décision de mettre un terme à leur négociation.
BBVA a échoué avec son OPA de 12 milliards € sur Sabadell , ainsi que UniCredit, qui avait fait une offre de rachat de 10 milliards d’euros sur Banco BPM, qui a été rejetée par cette dernière.
Je me suis bien trompé
« A contrario des nombreux avis, je ne crois pas à une forte hausse de l’or cette année. Même si les Banques centrales restent acheteuses d’or pour gonfler leurs réserves, par contre, le fait que la baisse des taux aux Etats-Unis est quasiment terminée n’apportera plus autant de soutien.
Je vois dès lors ce dernier évoluer dans un range entre 2.400 et 2.800 dollars pour cette année. »
Tout faux sur toute la ligne, le graphique de l’évolution du cours de l’or cette année est sans appel.

Pas cette année ?
Pour ma huitième prévision, il était question du rôle qu’allait jouer la Pologne : « La Pologne va devenir en 2025 le fer de lance de la construction européenne en l’absence de la France et de l’Allemagne. Fini le couple franco-allemand capable de faire évoluer l’Europe.
Non seulement, Donald Tusk, va avoir les coudées franches en Pologne, car le maire de Varsovie Rafał Trzaskowski va battre le candidat du PiS Karol Nawrocki à l’élection présidentielle, mais il va durant sa présidence du Conseil de l’Europe fédérer les pays baltes et de l’Europe du Nord pour faire avancer l’Europe. Deux avancées majeures, la défense européenne, et la fabrication de batterie au lithium dont la Pologne deviendrait un leader européen ».
Non seulement, c’est le candidat du PiS qui a remporté les élections présidentielles, ce qui met énormément de bâtons dans les roues du gouvernement Tusk, mais le projet européen de la défense tarde à se concrétiser.
Etonnant
Je m’étais inquiété de la situation en France, non sans raison d’ailleurs, il y a un an en estimant que : « après une année 2024 qui a vu le CAC40 décrocher par rapport aux autres bourses européennes, 2025 ne sera guère mieux et il sera une nouvelle fois la lanterne rouge. En cause un secteur du luxe impacté par la situation en Chine, mais également par les tarifs douaniers et une situation politique qui n’incite pas les entreprises à investir.
Alors que l’Eurostoxx50 devrait afficher une performance de 5 %, le CAC4 terminera une nouvelle fois en négatif à -4 % ».
On n’est pas encore tout à fait à la fin de l’année, mais le CAC40 est en hausse malgré l’incertitude politique qui a caractérisé cette année. Il fait certes moins bien que l’Eurostoxx50 qui affiche une hausse de plus de 17 % alors que le CAC40 ne fait qu’un peu plus de 10 %.
Où sont les femmes ?
Pour ma dernière prévision, je m’interrogerais sur le faible nombre de femmes qui s’étaient vu attribuer un prix Nobel.
Pour remédier à cet état de fait j’avais écrit : « le jury du Nobel va décider d’attribuer des prix uniquement à des femmes en 2025 pour combler un écart totalement injustifié. En vrac quelques noms potentiels, pour le prix Nobel de littérature Joyce Carol Oates, pour le prix Nobel d’économie Gita Gopinath, pour le prix Nobel de la paix Salomé Zourabichvili ».
Le constat est affligeant : prix Nobel d’économie remis à trois hommes, le prix Nobel de littérature à un homme, seul le prix Nobel de la paix est revenu à María Corina Machado, figure de l’opposition vénézuélienne.
Rendez-vous début de l’année prochaine pour mes prévisions pour 2026.
Merci pour ce moment de partage, d’honnêteté et d’humour ;-). Je me réjouis de te retrouver chaque matin de 2026 et te souhaite, ainsi qu’à ta famille, de très belles fêtes et un excellent millésime 2026 !
Merci Alain. Je te souhaite également de très belles fêtes et une excellente année 2026