Les entreprises s’inquiètent… sans surprise

Mode Expresso

Finalement, les indices PMI ont, certes, reculé, mais dans une proportion raisonnable et c’est plutôt le secteur des services qui a le plus souffert des risques de la guerre commerciale.

Mode Lungo

Finalement, les indices PMI ont, certes, reculé, mais dans une proportion raisonnable et c’est plutôt le secteur des services qui a le plus souffert des risques de la guerre commerciale.

Indices PMI

L’indice composite pour la zone euro est passé de 50.9 en mars à 50.1 en avril, essentiellement tiré vers le bas par le secteur des services qui est passé de 51 à 49.7.

Le constat est le même pour l’Allemagne, où c’est le secteur des services qui a tiré l’indice composite vers le bas.

Ce qui a fait dire au président de la Bundesbank, Joachim Nagel, « il n’est pas surprenant que nous nous attendions maintenant à une stagnation pour cette année, voire à une légère récession. Dans l’ensemble, les facteurs d’incertitude dans l’économie sont très élevés, ce qui entraîne une baisse de la croissance ».

La situation en France est encore plus préoccupante avec un recul aussi bien de l’indice PMI manufacturier que celui des services, ce qui fait de ce pays le nouveau maillon faible, après l’Allemagne. Aucune amélioration en vue, et aucune perspective politique qui pourrait donner un nouvel élan, comme en Allemagne.

Guère plus enviable

La situation n’est en effet guère plus enviable en Grande-Bretagne, avec un indice composite qui a atteint son niveau le plus bas depuis novembre 2022, période marquée par des turbulences extrêmement fortes sur la dette britannique après un plan budgétaire présenté par Liz Truss qui avait été très mal accueilli.

Le constat est sans appel, avec des commandes à l’exportation qui ont chuté au rythme le plus rapide depuis les premiers mois de la pandémie en 2020, tandis que les coûts supportés par les entreprises ont augmenté au rythme le plus rapide depuis plus de deux ans en raison de la hausse des taxes sur l’emploi et de l’augmentation du salaire minimum.

Ces chiffres ont fait dire à l’économiste de S&P Global, Chris Williamson, « l’effondrement de la confiance et la chute de la production au cours du mois d’avril constituent des signaux d’alarme quant aux perspectives économiques à court terme et renforcent la pression sur la Banque d’Angleterre pour qu’elle réduise à nouveau ses taux d’intérêt lors de sa réunion de mai ».

Problème cependant, toujours selon Williamson, « il y aura une certaine incertitude quant à savoir si la récente reprise des pressions sur les prix pourrait s’enraciner ou si elle représente simplement un pic à court terme lié à la fiscalité qui devrait être ‘examiné ».

Les nouvelles commandes à l’exportation de l’industrie manufacturière se sont effondrées à un rythme qui n’a été dépassé que trois fois dans les enquêtes mensuelles de l’indice PMI depuis 1996.

Le sterling est resté sous pression par rapport à l’euro, malgré un faible niveau des indices PMI en zone euro.

Et aux Etats-Unis

Pas de miracle, l’activité des entreprises américaines a ralenti à un plus bas de 16 mois en avril et les prix facturés pour les biens et services ont grimpé.

L’indice PMI composite est passé de 53.5 en mars à 51.2, soit son niveau le plus bas depuis décembre 2023.

Selon cette enquête, l’indice des nouvelles commandes est tombé à 52.5 contre 53.3 en mars.

Et, ce qui préoccupe la FED et l’incite à la prudence, les prix facturés par les entreprises pour les biens et les services ont augmenté pour atteindre le niveau record de 55.2 en 13 mois, contre 53.5 en mars.  

Ce qui a fait dire à Williamson, « ces prix plus élevés se traduiront inévitablement par une hausse de l’inflation à la consommation, ce qui pourrait limiter la marge de manœuvre de la Fed pour réduire les taux d’intérêt à un moment où l’économie ralentie semble avoir besoin d’un coup de pouce ».

Cette accumulation de mauvais indicateurs et de la chute de la confiance commence à préoccuper certains membres de l’administration Trump, dont le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, qui a déclaré, hier,  que les droits de douane élevés entre les États-Unis et la Chine n’étaient pas viables.

Pour lui, « aucune des deux parties ne pense que ces niveaux sont viables. Comme je l’ai dit hier, c’est l’équivalent d’un embargo et une rupture commerciale entre les deux pays n’est dans l’intérêt de personne ».

Mais pour cela, il faudra d’abord que s’amorce une véritable discussion et savoir qui fera le premier pas pour amorcer cette désescalade.

Car dans le même temps, l’administration américaine a indiqué qu’elle avait lancé une enquête pour déterminer si les importations de camions de poids moyen et lourd et de leurs pièces détachées représentaient un risque pour la sécurité nationale.

Si certains Etats sont prêts à négocier avec les Etats-Unis, la Chine, pour le moment, n’entend pas négocier et met la pression sur ceux qui négocient avec les Etats-Unis pour les dissuader de le faire.

En interne, des oppositions se font aussi entendre. Ainsi, douze États, dont New York, l’Arizona et l’Illinois, ont intenté une action contre l’administration Trump mercredi devant le Tribunal américain du commerce international, affirmant que les tarifs douaniers établis par le biais de la loi sur les pouvoirs économiques d’urgence internationale sont illégaux.

Subscribe
Notify of
0 Comments
Oldest
Newest
Inline Feedbacks
View all comments