Même si les indices PMI en zone euro sont attendus stables, l’euro a très nettement reculé par rapport au dollar, suite à l’utilisation par la Russie d’un missile hypersonique, pour la première fois dans sa guerre contre l’Ukraine, mais pas que pour cette raison.
Un fameux coup de pression sur l’euro
Même si les indices PMI en zone euro sont attendus stables, l’euro a très nettement reculé par rapport au dollar, suite à l’utilisation par la Russie d’un missile hypersonique, pour la première fois dans sa guerre contre l’Ukraine, mais pas que pour cette raison.
Euro sous pression
Plusieurs raisons expliquent pourquoi l’euro se retrouve à son niveau le plus bas depuis décembre 2022 par rapport au dollar.
Première raison, la tension qui est encore montée d’un cran entre la Russie et les Etats-Unis et l’Europe avec l’usage autorisé par les Américains des missiles à longue portée par les Ukrainiens.
Avec évidemment en toile de fond, le retour de Trump qui pourrait affaiblir les Européens et les pousser à s’engager plus dans le conflit. L’Europe se trouve en première ligne, mais sans en avoir les moyens.
Deuxième raison, toujours liée à Trump, l’Europe sera très sensiblement impactée par l’imposition des tarifs douaniers et devrait connaitre une baisse de sa croissance en 2025 à cause de ces derniers. Les indices PMI sont attendus stables, à voir cependant s’ils ne nous réservent pas une mauvaise surprise.
Troisième raison, l’Allemagne est en campagne électorale, ce qui entraine inéluctablement une période de blocage total des grandes mesures de réformes, pourtant bien nécessaires. Et en France, le gouvernement Barnier ne tient plus qu’à un fil, la question n’étant plus de savoir s’il va tomber mais quand.
Quatrième raison, le différentiel de taux entre le rendement du Bund 10 ans et le Treasury 10 ans joue évidemment en faveur de ce dernier, ce qui attire les investisseurs qui délaissent l’euro au profit du dollar.
Pressions sur la BOJ
Contexte particulièrement délicat pour cette dernière avec énormément de volatilité et un yen sous pression par rapport au dollar, quoiqu’un peu moins que l’euro.
Cependant, la publication des chiffres d’inflation, ce matin, a remis un petit coup de pression sur la BOJ. Alors que le statu quo monétaire était le scénario privilégié pour la réunion des 18 et 19 décembre, la probabilité d’une hausse de de 0.25% a sensiblement progressé.
L’indice de base, qui inclut les produits pétroliers mais exclut les prix des aliments frais, a légèrement reculé à 2.3% contre un taux de 2.4% en septembre.
Par contre, l’indice, qui est plus suivi par la BOJ, qui exclut les aliments frais et l’énergie, est passé de 2.1% en septembre à 2.3% en octobre, confirmant ainsi que l’inflation continue de se maintenir au-dessus de l’objectif de 2% de la Banque centrale.
Et l’inflation des services a également augmenté pour atteindre 1.5 % en octobre, contre 1.3 % le mois précédent, ce qui suggère que la hausse des salaires incite davantage d’entreprises à augmenter leurs prix.
Mais la publication de l’indice PMI manufacturier, ce matin, a montré que l’activité des usines japonaises s’est contractée pour le cinquième mois consécutif en novembre en raison d’une demande atone causée par les inquiétudes concernant le ralentissement économique de la Chine et les pressions persistantes sur les coûts.
Le sous-indice de la production s’est contracté pour le troisième mois consécutif et celui des nouvelles commandes s’est également contracté au cours du mois, restant en dessous du seuil de 50 depuis juin de l’année dernière.
Par contre, l’indice PMI des services a progressé en passant de 49.7 à 50.2 en novembre. Mais l’indice composite demeure en territoire négatif, à 49.8 contre 49.6, ce qui devrait pousser la BOJ à une certaine prudence dans son processus de remontée des taux.
Et encore, à ce stade, il est impossible de mesurer qu’elles seront les effets sur l’économie japonaise, si Trump met en place des taxes douanières de 60% sur les importations chinoises, compte tenu de l’importance de l’activité en Chine sur l’économie japonaise.
En même temps, ne pas augmenter les taux en décembre affaiblirait le yen, ce qui augmenterait l’inflation importée dans un contexte qui deviendrait plus inflationniste à l’avenir compte tenu du programme de Trump.
Réponse de la Chine
Comment la Chine pourrait réagir face à une hausse des tarifs douaniers, alors que les ventes vers les Etats-Unis représentent une valeur de plus de 400 milliards de dollars par an ? Même si elles ne représentaient que 2.2 % du PIB en 2023, bien que les exportations brutes aient représenté près de 20 % de la production économique totale, selon les données officielles.
Première solution, déjà mise en place, lors du premier mandat de Trump, de nombreux fabricants ont transféré leur production à l’étranger pour échapper aux droits de douane et le mouvement pourrait s’accélérer.
Deuxième solution, des mesures de soutien, ce que le ministère chinois du Commerce a évoqué hier. A ce stade, cela demeure encore assez flou, mais il évoque le fait que la Chine développera également les exportations de produits agricoles et soutiendra les importations d’équipements de base et de produits énergétiques.
Le communiqué indiquant que « nous guiderons et aiderons les entreprises à répondre activement aux restrictions commerciales déraisonnables imposées par d’autres pays et à créer un bon environnement extérieur pour les exportations ».
Ce qui est largement insuffisant comme réponse, surtout quand on sait que l’imposition de droits de douane de 40% sur les exportations chinoises vers les Etats-Unis pourrait amputer la croissance chinoise de 1%.