Les marchés auraient-ils déjà intégré une victoire de Trump ? En tout cas, ce scénario pourrait expliquer la hausse du dollar, car la mise en place de ses mesures serait fortement inflationniste et expliquerait aussi la hausse du Bitcoin.
Avec des si….
Les marchés auraient-ils déjà intégré une victoire de Trump ? En tout cas, ce scénario pourrait expliquer la hausse du dollar, car la mise en place de ses mesures serait fortement inflationniste et expliquerait aussi la hausse du Bitcoin.
Hausse du dollar
J’évoquais la hausse du dollar en début de semaine, et une des raisons complémentaires qui s’est rajoutée pourrait être la perspective d’une victoire de Trump. Ce qui paradoxalement renforcerait le dollar dans un premier temps car ses mesures, hausse des tarifs douaniers et fermeture des frontières, auraient un impact inflationniste.
Mais clairement, cette hausse du dollar est aussi la conséquence de l’excellente tenue de l’économie américaine, ce qui ne devrait pas inciter la FED à baisser drastiquement ses taux.
Par contre, l’état de l’économie en zone euro pose énormément de questions, et elle ressemble à Pinpin le lapin, mais un lapin écrasé, bien malheureux, ce qui va obliger la BCE à baisser ses taux ce jeudi. Et comme évoqué, la mise sous perspective négative des ratings de la France et de la Belgique est évidemment le reflet cette dégradation. Je suis revenu pour Canal Z hier sur cette décision.
Même si le recul de l’inflation en zone euro pourrait justifier cette baisse de taux, c’est clairement la dégradation de l’économie qui pousse la BCE à agir.
Guère mieux en Chine
Soyons réalistes, les mesures annoncées pour le moment, à part avoir provoqué un rebond de la bourse chinoise, laissent dubitatif.
Ce matin, le ministre chinois du logement a annoncé que la Chine allait soutenir et élargir les projets de logements qui pourraient bénéficier des prêts bancaires et cela grâce à des fonds à hauteur de 4.000 milliards de yuan.
Et il s’est montré assez optimiste, estimant que « on peut dire que le marché immobilier a commencé à toucher le fond ».
Cette mesure vient se rajouter à celle annoncée en janvier qui visait à soutenir des projets immobiliers en garantissant que les promoteurs puissent achever la construction et livrer les logements aux acheteurs.
Mais force est de constater que ces mesures ont eu peu d’effet, ce qui explique pourquoi depuis fin septembre, les autorités chinoises ont annoncé de nouvelles mesures.
Recul du sterling
Le sterling a également reculé par rapport au dollar après les chiffres d’inflation, qui ont conforté le scénario d’une baisse des taux de la part de la Banque d’Angleterre le 7 novembre.
L’inflation a, en effet, fortement chuté en passant de 2.2% à 1.7% en septembre, soit le taux le plus bas depuis avril 2021.
L’inflation de base, qui exclut l’énergie, l’alimentation, l’alcool et le tabac, est tombée à 3.2 %, contre 3.6 % en août. Et l’inflation des services, que la BoE considère comme l’indicateur le plus important, est tombée à son plus bas niveau depuis mai 2022, à 4.9 % en septembre, contre 5.6 % en août.
La baisse des taux ne réglera pas tout
Il serait illusoire de croire que la baisse des taux, qu’annoncera la BCE ce jeudi, et encore en décembre, règlera les problèmes qui gangrènent l’Europe. La perte de compétitivité et la chute de la productivité ne sont en rien liés à la hausse des taux d’intérêt pour juguler la hausse de l’inflation.
Même si la baisse des taux de ce jeudi est la conséquence de cette dégradation, pour autant, la BCE va rester attachée à son objectif unique d’inflation et va garder son mantra selon lequel les décisions seront prises « réunion par réunion » en fonction des données économiques.
Mais comme l’a rappelé Isabel Schnabel, membre de la BCE, « nous ne pouvons pas ignorer les vents contraires à la croissance. Dans le même temps, la politique monétaire ne peut pas résoudre les problèmes structurels ».
Nul doute cependant que les membres de la BCE auront pris connaissance de l’étude publiée hier par l’institut allemand de recherche économique DIW.
Cette étude met en évidence, ce que tout le monde sait maintenant, et j’insiste sur le « maintenant », à savoir que si la BCE avait agi plus tôt en augmentant ses taux d’intérêt à partir de la mi-2021, l’inflation aurait atteint un maximum de 3 % au lieu de plus de 10 % en août 2022.
Pour l’auteur de cette étude, Ben Schumann, « l’une des raisons invoquées par la BCE pour justifier sa réaction hésitante était que sa politique monétaire ne pouvait pas influencer les prix de l’énergie. Mais cette hypothèse est erronée, comme le montrent nos observations. Elle aurait pu s’attaquer à la dernière vague d’inflation directement à la racine ».
Pour expliquer cela, selon cette étude, la politique monétaire a eu un effet sur les prix de l’énergie sur le marché mondial parce que des taux d’intérêt directeurs plus élevés ont fait baisser la demande d’énergie dans la zone euro. Et si la BCE, avait relevé ses taux plus tôt, l’euro se serait apprécié par rapport au dollar, ce qui aurait également freiné les prix de l’énergie.
Toujours selon cette étude, « en augmentant les taux d’intérêt, la BCE se serait également engagée plus clairement à lutter contre l’inflation. Cela aurait réduit la pression inflationniste dans une mesure telle que l’inflation n’aurait pas augmenté aussi fortement après la guerre d’agression russe ».
C’est évidemment facile après coup de critiquer la passivité de la BCE, qui n’a d’ailleurs pas été la seule, mais l’étude reconnait aussi que, si les taux d’intérêt directeurs avaient été relevés plus tôt, le produit intérieur brut de la zone euro aurait été inférieur d’environ 3%, mais se serait rétabli à la fin de 2023.