Powell a laissé un peu tout le monde sur sa faim en confirmant que la FED agirait en fonction des indicateurs économiques à chaque réunion.
Plus haut pour plus longtemps
Powell a laissé un peu tout le monde sur sa faim en confirmant que la FED agirait en fonction des indicateurs économiques à chaque réunion.
Toujours une hausse possible
Mais il n’a pas exclu une nouvelle hausse de taux en rappelant que « bien que l’inflation ait baissé par rapport à son pic – un développement bienvenu – elle reste trop élevée. Nous sommes prêts à augmenter encore les taux si nécessaire, et nous avons l’intention de maintenir notre politique à un niveau restrictif jusqu’à ce que nous soyons convaincus que l’inflation se rapproche durablement de notre objectif ».
Même s’il a repris son mantra « plus haut pour plus longtemps », le discours de Powell a été plus mesuré que l’année passée, ce qui laisse penser que la FED sera très prudente avant de procéder à une nouvelle hausse de taux.
La réaction a d’ailleurs été en phase avec les propos, à savoir des marchés des actions un peu soulagés, un dollar neutre et le rendement du Treasury 2 ans qui est resté ferme.
Cependant, Powell entretient le flou en s’exprimant de la sorte et laisse aussi la porte ouverte à d’autres membres de la FED d’exprimer des points de vue différents. Ce que s’est d’ailleurs empressée de faire Loretta Mester, présidente de la FED de Cleveland, en déclarant samedi « plus nous laissons l’inflation se maintenir au-dessus de 2 %, plus nous augmentons le niveau des prix, ce qui nuit aux ménages américains. Et je pense que c’est la raison pour laquelle il est important pour moi d’agir au bon moment ».
Non seulement elle n’exclut pas encore une hausse de taux, mais alors qu’en juin elle tablait sur une baisse des taux au second semestre 2024, elle a laissé entendre qu’elle pourrait changer d’avis et ne pas voir de baisse de taux avant 2025. Parce que « je vais devoir réévaluer cela parce que, encore une fois, il s’agira de savoir à quelle vitesse vous pensez que l’inflation diminue ».
Pour la BCE aussi
Toujours une hausse de taux possible, mais par contre l’incertitude est totale concernant la décision lors de la prochaine réunion. Alors que pour la FED, la probabilité d’une pause est de 80%, pour la BCE elle est de 50%.
Christine Lagarde s’est montrée préoccupée par l’évolution de l’inflation à l’avenir, forme peut-être de mea culpa de ne pas avoir bien anticipé la hausse de l’inflation.
Elle a souligné dans son discours que « le nouvel environnement ouvre la voie à des chocs de prix relatifs plus importants qu’avant la pandémie. On ne sait pas encore si ces différents changements seront permanents. Mais il est déjà évident que, dans de nombreux cas, leurs effets ont été plus persistants que ce que nous avions initialement prévu ».
Elle a pointé dans ces changements, des besoins d’investissement plus importants et de plus grandes contraintes en matière d’approvisionnement. Mais également le fait que les travailleurs jouissent désormais d’un plus grand pouvoir de négociation en raison de la tension rencontrée sur le marché de l’emploi.
Ce qui fait que « cela pourrait rendre l’inflation plus persistante si les hausses de salaires sont ensuite intégrées dans les prix fixés par les entreprises, donnant lieu à ce que j’ai appelé l’inflation ‘du tac au tac’ ».
On le voit, de part et d’autre de l’Atlantique, les Banques centrales ne sont pas prêtes à relâcher rapidement les taux de peur de voir l’inflation revenir au grand galop.
Et ce n’est d’ailleurs pas uniquement le cas pour ces deux Banques centrales, rappelez-vous le message de la Banque centrale de Nouvelle-Zélande qui indiquait qu’elle repoussait la baisse des taux à 2025. Et le vice-gouverneur de la BOE, s’exprimant aussi à Jackson Hole, a également estimé que les taux pourraient devoir rester élevés « pendant un certain temps encore ».
Et tout comme Christine Lagarde, il estime que les effets de la hausse des prix, dont les pressions exercées sur les employeurs pour qu’ils augmentent les salaires, ne disparaîtront probablement pas aussi rapidement qu’ils sont apparus.
Mais par contre, une nouvelle hausse de taux lors de la réunion du 21 septembre est considérée comme très probable, à contrario des deux autres Banques centrales.
Mauvaise nouvelle pour la Chine
Des taux plus élevés plus longtemps, voilà qui n’est pas une bonne nouvelle pour la Chine qui essaye d’attirer des capitaux alors que l’économie montre de sérieux signes de ralentissement.
Pour essayer de stimuler une bourse moribonde, les autorités ont annoncé une réduction de moitié des droits sur les transactions boursières « afin de revigorer le marché des capitaux et de renforcer la confiance des investisseurs ».
Mais cette mesure semble totalement dérisoire quand on mesure l’ampleur du ralentissement de l’activité, ralentissement encore souligné par les résultats des entreprises. En effet, les bénéfices des entreprises industrielles chinoises ont chuté de 6.7 % en juillet par rapport à l’année précédente, prolongeant la chute de cette année à un septième mois.
Selon les données publiées, sur les sept premiers mois, les entreprises d’État ont vu leurs bénéfices chuter de 20.3 %, les entreprises étrangères de 12.4 % et les entreprises du secteur privé de 10.7 %.