Après un accord commercial entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, serions-nous proches d’un accord avec la Chine et à un tournant dans la guerre en Ukraine ?

Un peu d’espoir, sans euphorie pour autant
Après un accord commercial entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, serions-nous proches d’un accord avec la Chine et à un tournant dans la guerre en Ukraine ?
Accord ?
Accord peut-être pas, mais au moins des progrès auraient été enregistrés dans les négociations entre la Chine et les Etats-Unis.
Selon le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, il est question de « progrès substantiels » dans les discussions commerciales, tandis que les autorités chinoises ont déclaré que les deux parties étaient parvenues à un « consensus important ».
Cependant à ce stade, il n’y a pas encore d’accord, mais au moins les deux parties sont décidées à poursuivre les discussions, ce qui en soit est déjà une bonne nouvelle.
Pas d’euphorie pour autant, et l’accord avec la Grande-Bretagne l’a bien montré, les droits de douane ne vont pas disparaître pour autant. Certains en arriveraient presque à se réjouir que les droits de douane pour la Chine soient ramenés à 60% !
En tout cas, la poursuite du dialogue, le cessez le feu entre l’Inde et le Pakistan, et peut-être un tournant dans la guerre en Ukraine ont légèrement renforcé le dollar, mais surtout les futures des bourses européennes et américaines affichent des hausses de plus de 1%.
Important pour la Chine
Un accord équilibré est important pour la Chine, car la situation économique demeure très fragile avec un risque de déflation qui n’a pas disparu, bien au contraire.
Le taux d’inflation est resté en territoire négatif pour le troisième mois consécutif en avril, et la déflation des prix à la production s’est aggravée.
L’inflation est restée à -0,1% en taux annuel en avril, avec une hausse mensuelle de 0,1% après une baisse de 0,4% en mars.

Par contre, et alors que l’impact de la hausse des tarifs douaniers ne s’était pas encore fait sentir réellement, les prix à la production ont chuté de 2,7% en avril, en taux annuel, contre un recul de 2,5% en mars.
La poursuite des discussions serait une bonne nouvelle, mais pour autant, elles ne pourront pas masquer les fragilités de l’économie chinoise qui demeure confrontée à un excédent de production qui tire les prix à la baisse et réduit les marges des entreprises.
Une FED attentiste
La semaine passée, la FED a laissé ses taux inchangés et semble bien décidée à garder cette attitude pour un bon moment.
Elle s’est démarquée de la BCE et la BoE, qui ont réduit leurs taux, car l’impact de la hausse des tarifs douaniers pourrait avoir un impact négatif sur le marché de l’emploi et haussier sur l’inflation, de façon concomitante.
Mais à ce stade, la situation demeure floue et incertaine et ne permet pas d’y voir clair.
Cette semaine seront publiés les chiffres des ventes de détail et ceux de l’inflation, mais il sera encore sans doute trop tôt pour en tirer des conclusions, car ces indices ne reflèteront sans doute pas la réalité de la situation.
Ce qui explique l’attentisme de la FED, comme l’a souligné, vendredi, la présidente de la FED de Cleveland, Beth Hammack, « je suis prête à agir dès que nous aurons des preuves claires et convaincantes, mais (…) étant donné l’ampleur générale des politiques qui ont été discutées et mises en place, je pense qu’il y a une réelle interrogation sur la nature de ces impacts, et cela pourrait donc prendre plus de temps ».
Et de préciser encore « il n’y a pas beaucoup de données d’ici juin, date de la prochaine réunion de la Fed pour fixer les taux d’intérêt ».
Si jusqu’à présent le marché de l’emploi demeure solide avec un taux de chômage inchangé à 4,2%, pour Hammack, « il est important pour nous de prendre du recul et de nous assurer que nous réfléchissons à toutes les différentes politiques, car elles agissent dans des directions différentes, n’est-ce pas ? Les politiques de dépenses, la déréglementation, tous ces droits de douane pourraient avoir des conséquences différentes. Il est donc important que nous examinions la situation dans son ensemble ».
Prudence
Alors qu’il est question d’un accord possible avec la Chine, on sait que non seulement le diable se cache dans les détails, mais aussi que Trump peut faire rapidement volte-face et remettre en cause un accord dont l’encre n’a même pas eu le temps de sécher.
Justement sur ce point, je voulais partager une petite citation tirée du dernier livre de Giuliano da Empoli, « l’heure des prédateurs », qui a fait partie de mes lectures ces derniers jours.
Une citation parmi d’autres, car il y a clairement matière à réfléchir dans ce livre, même si je n’y ai pas retrouvé la force de son livre précédent, « le mage du Kremlin ».
« Aujourd’hui, nos démocraties paraissent encore solides. Mais nul ne peut douter que le plus dur est à venir. Le nouveau président américain a pris la tête d’un cortège bariolé d’autocrates décomplexés, de conquistadors de la tech, de réactionnaires et de complotistes impatients d’en découdre. Une ère de violence sans limites s’ouvre en face de nous et, comme au temps de Léonard, les défenseurs de la liberté paraissent singulièrement mal préparés à la tâche qui les attend ».

Le petit livre cité ne serait-il pas l’heure des prédateurs?
Bonjour Monsieur De Greef
Mais oui évidemment … je voulais écrire le titre et rajouter ou les ingénieurs du chaos mais j’ai été un peu vite.
Un tout grand merci pour votre réaction attentive.
Belle journée.
Bernard Keppenne